[à lire seulement ] Elle était garde et serait à ses côtés
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[à lire seulement ] Elle était garde et serait à ses côtés
Le chant des poulies qui grinçaient, détrempées, au bas des haubans, berçait Aldanne autant que la houle. Ses cheveux libres la fouettaient et l'aveuglaient, collaient à ses lèvres. Elle les chassa pour offrir son visage au vent chargé d'embruns. Les yeux clos, elle savourait chaque instant. L'aube se levait, voilée d'une épaisse couche de nuages qui prolongeaient la nuit. Ce voyage était le dernier d'une longue série : la Semillanque allait entrer en cale sèche aussitôt déchargée. Ses cales étaient lourdes et la prise belle. Mais à quel prix... Elle sourit. Elle se sentait fière de ses hommes mais la note de la faucheuse avait été salée comme un bouillon d'eau de mer. Trop de morts, de nombreux blessés.
Une fois la cargaison transbordée, le chasseur était devenu gibier. Aldanne avait passé d'interminables heures sur la table des cartes, pointant et repointant son compas et vérifiant ses calculs. Trois fois par jour elle avait fait mesurer la vitesse de son bateau, comptant fébrilement les noeuds qui défilaient à la poupe. La route avait été longue pour rejoindre leur port d'attache et il était irréaliste de faire face à une nouvelle menace sans être envoyé par le fond à coup sûr. Elle avait joué de la nuit, de la brume et des courants pour les conduire à bon port, là où elle le souhaitait, au delà des bancs piégeurs et des hauts-fonds impitoyables, en route vers la liberté. Depuis bientôt une clepsydre entière, la vigie avait signalé la terre droit devant, noire au milieu des nuées. Dans quelques heures ils auraient rejoint les eaux calmes de Djelinn, aux portes de l'Alhambra.
Tandis que le vent mugissait dans les ris des voiles, la capitaine restait le nez au vent, comme si elle cherchait à pressentir une menace ou qu'elle parlait à son bateau blessé. Ils avaient évité le gros de la dépression. Tant mieux car la ligne de flottaison était bien dépassée et les plus grosses vagues balayaient trop souvent le pont à son goût quand bien même deux hommes se relayaient aux pompes sans relâche. Un peu en arrière un éclair illumina le ciel obscur dans lequel couraient d'énormes nuages gonflés de pluie. Bientôt ils passeraient le cap, trouveraient des eaux plus calmes, puis le soleil, la chaleur...
Elle passa une main sur son ventre, sur sa chemise humide, en symbiose avec sa frégate amoindrie. La ligne de la Sémillanque était pure et elle eut l'image d'une femme qui se hâte de rejoindre sa couche pour enfanter. Vivement l'abri de la calanque. Elle déchargerait, libèrerait ses hommes et se confierait aux mains des charpentiers. Enfin... pas elle évidemment. L'artimon avait pu être réparé. Ils avaient colmaté au mieux les voies d'eau, mais la misaine était à l'agonie et même déventée elle avait hâte de prendre du repos. Ils en avaient tous besoin. Sainte Lumière, elle était épuisée et n'en prenait vraiment la mesure qu'à l'approche du but.
L'émotion lui mit encore les larmes aux yeux quand elle repensa à ces heures sinistres, aux paroles de l'aumônier quand ils avaient préparé leurs amis pour l'ultime voyage. Ils n'avaient pas le choix que d'accepter leur mort et elle s'obligeait à penser que c'était l'ennemi qui les avait tué, pas elle. L'équipage avait été durement touché, elle l'avait senti dans son âme mais elle aurait mené ce navire au bout du monde au mépris de sa propre vie si la Lumière l'avait exigé. Elle frémit. On avait egrené leurs noms comme une litanie de souffrance, la voix plus assurée qu'elle ne l'aurait cru possible, même pour le plus jeune mousse d'à peine quatorze ans. Seul son regard s'était embrumé quand les flots gris avaient englouti les corps. Oui, ce voyage serait le dernier avant longtemps.
Pour avenir proche, elle avait décidé d'accompagner son frère. Elle le suivrait comme ils en avaient convenus, façon pour elle de faire une coupure dans une vie trop remplie. Non qu'elle ait besoin de calme, bien au contraire, mais bien de changer d'air et d'oublier un peu tout ça. Ils étaient si différents. Comme lui elle rejoindrait la Garde. L'Ordre de la Lumière Aveugle leur en offrait l'opportunité. Elle tâcherait de s'y trouver une place et de s'adapter à cette nouvelle vie comme elle s'était faite à ses responsabilités d'officier en mer. Sur le pont, les hommes, sentant la terre proche, s'étaient massés et scrutaient la rade en quête de visages connus. Ils s'agitaient. Ils semblaient heureux. Elle recevrait les familles endeuillées ; c'était son devoir. Elle leur verserait une avance sur la part de butin et confierait le reste à Jehanne, l'intendante de l'Ordre. Puis elle partirait loin d'ici rejoindre la capitale des Royaumes.
D'une voix haute, elle ordonna d'affaler les voiles en vérifiant ses amerres. Ils continuèrent sur leur erre puis pivotèrent majestueusement. Malgré le surpoids et le vent, la manoeuvre était parfaite. Une poignée d'hommes resteraient à bord pour entretenir le mouvement des pompes pendant qu'on procèderait au déchargement. Le quai s'approcha en douceur et écrasa enfin les pare-battages tandis qu'on ajustait les amarres. Un instant plus tard la Sémillanque était à quai. L'équipage lança la passerelle.
Une fois la cargaison transbordée, le chasseur était devenu gibier. Aldanne avait passé d'interminables heures sur la table des cartes, pointant et repointant son compas et vérifiant ses calculs. Trois fois par jour elle avait fait mesurer la vitesse de son bateau, comptant fébrilement les noeuds qui défilaient à la poupe. La route avait été longue pour rejoindre leur port d'attache et il était irréaliste de faire face à une nouvelle menace sans être envoyé par le fond à coup sûr. Elle avait joué de la nuit, de la brume et des courants pour les conduire à bon port, là où elle le souhaitait, au delà des bancs piégeurs et des hauts-fonds impitoyables, en route vers la liberté. Depuis bientôt une clepsydre entière, la vigie avait signalé la terre droit devant, noire au milieu des nuées. Dans quelques heures ils auraient rejoint les eaux calmes de Djelinn, aux portes de l'Alhambra.
Tandis que le vent mugissait dans les ris des voiles, la capitaine restait le nez au vent, comme si elle cherchait à pressentir une menace ou qu'elle parlait à son bateau blessé. Ils avaient évité le gros de la dépression. Tant mieux car la ligne de flottaison était bien dépassée et les plus grosses vagues balayaient trop souvent le pont à son goût quand bien même deux hommes se relayaient aux pompes sans relâche. Un peu en arrière un éclair illumina le ciel obscur dans lequel couraient d'énormes nuages gonflés de pluie. Bientôt ils passeraient le cap, trouveraient des eaux plus calmes, puis le soleil, la chaleur...
Elle passa une main sur son ventre, sur sa chemise humide, en symbiose avec sa frégate amoindrie. La ligne de la Sémillanque était pure et elle eut l'image d'une femme qui se hâte de rejoindre sa couche pour enfanter. Vivement l'abri de la calanque. Elle déchargerait, libèrerait ses hommes et se confierait aux mains des charpentiers. Enfin... pas elle évidemment. L'artimon avait pu être réparé. Ils avaient colmaté au mieux les voies d'eau, mais la misaine était à l'agonie et même déventée elle avait hâte de prendre du repos. Ils en avaient tous besoin. Sainte Lumière, elle était épuisée et n'en prenait vraiment la mesure qu'à l'approche du but.
L'émotion lui mit encore les larmes aux yeux quand elle repensa à ces heures sinistres, aux paroles de l'aumônier quand ils avaient préparé leurs amis pour l'ultime voyage. Ils n'avaient pas le choix que d'accepter leur mort et elle s'obligeait à penser que c'était l'ennemi qui les avait tué, pas elle. L'équipage avait été durement touché, elle l'avait senti dans son âme mais elle aurait mené ce navire au bout du monde au mépris de sa propre vie si la Lumière l'avait exigé. Elle frémit. On avait egrené leurs noms comme une litanie de souffrance, la voix plus assurée qu'elle ne l'aurait cru possible, même pour le plus jeune mousse d'à peine quatorze ans. Seul son regard s'était embrumé quand les flots gris avaient englouti les corps. Oui, ce voyage serait le dernier avant longtemps.
Pour avenir proche, elle avait décidé d'accompagner son frère. Elle le suivrait comme ils en avaient convenus, façon pour elle de faire une coupure dans une vie trop remplie. Non qu'elle ait besoin de calme, bien au contraire, mais bien de changer d'air et d'oublier un peu tout ça. Ils étaient si différents. Comme lui elle rejoindrait la Garde. L'Ordre de la Lumière Aveugle leur en offrait l'opportunité. Elle tâcherait de s'y trouver une place et de s'adapter à cette nouvelle vie comme elle s'était faite à ses responsabilités d'officier en mer. Sur le pont, les hommes, sentant la terre proche, s'étaient massés et scrutaient la rade en quête de visages connus. Ils s'agitaient. Ils semblaient heureux. Elle recevrait les familles endeuillées ; c'était son devoir. Elle leur verserait une avance sur la part de butin et confierait le reste à Jehanne, l'intendante de l'Ordre. Puis elle partirait loin d'ici rejoindre la capitale des Royaumes.
D'une voix haute, elle ordonna d'affaler les voiles en vérifiant ses amerres. Ils continuèrent sur leur erre puis pivotèrent majestueusement. Malgré le surpoids et le vent, la manoeuvre était parfaite. Une poignée d'hommes resteraient à bord pour entretenir le mouvement des pompes pendant qu'on procèderait au déchargement. Le quai s'approcha en douceur et écrasa enfin les pare-battages tandis qu'on ajustait les amarres. Un instant plus tard la Sémillanque était à quai. L'équipage lança la passerelle.
Dernière édition par Aldanne le Mer 26 Aoû 2009 - 10:24, édité 1 fois
Aldanne- Citoyen
- Nombre de messages : 540
Age : 60
Lieu de naissance : Hurlevent
Age : 24 ans
Date d'inscription : 18/03/2008
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Re: [à lire seulement ] Elle était garde et serait à ses côtés
Le service terminé, les registres compulsés, elle referma la porte de la caserne. Ses pas la menèrent au port, dans un coin discret de la rade.
Dans sa cabine, Aldanne fouilla son coffre pour trouver les vêtements qu’elle avait rangé. S’habiller de ses fripes lui donnaient une joie immense. Elle enfila la culotte courte tailladée au genou et la chemise ample qu’elle noua sur son ventre. Le satin de sa peau brune luisait dans la pâle lueur de la lampe. Elle éclata de rire aux souvenirs du choc de ses ennemis quand ils découvraient qui gourvernait la frégâte mais son sourire s’assombrit et un éclair de rage, de vengeance y prit place.
Elle sourit en repliant correctement l’uniforme, préparant une chemise fraîche. Il lui tardait d’avoir autant d’expérience sur le planché de vaches qu’en mer. Mais ca venait de jour en jour, pas à pas.
Jour après jour, chaque soir, dans le calme des flots, elle déroulait avec soins les cartes maritimes et les analysaient en détail, se mémorrant chaque bans de sable, chaque haut fond, chaque piège. Elle calculait et recalculait sa route. Pour la première fois depuis des semaines, elle se sentait un peu en paix. Elle sourit de nouveau, ainsi le fantôme, comme ses hommes se plaisaient à appeler ce trois mats aux voiles noires, était lui aussi en cale et ne reprendrai la mer que dans plusieurs mois. Son espion avait fait bon ouvrage. Leur dernière bordée l’avait bien secoué, elle n’avait pas rêvé. Le souvenir lui martelait encore les tempes.. elle l’avait vu se dégager et filer dans la brûme. Invariablement, le cauchemar s’insinuait dans ses rêves et elle se réveillait au hurlement « Par tribord avant, voile en vue ! »
L’aube pointait son nez, elle enfila son uniforme impeccable, vérifia le coupant de sa lame. Un sourire satisfait lui effleura les lèvres. Bientôt elle sillonnerait les rues de la cité endormie, glissant ça et là une piècette aux enfants, partageant une miche de pain frais. Et aux abords de la caserne, enfilerai son tabard de garde. Elle esquissa un sourire en reconnaissant le langage chatié de son incorrigible frangin. Doucement, elle trouvait ses marques.
Elle était garde et serait à ses côtes, même en enfer
( voila texte rapatrié )
Dans sa cabine, Aldanne fouilla son coffre pour trouver les vêtements qu’elle avait rangé. S’habiller de ses fripes lui donnaient une joie immense. Elle enfila la culotte courte tailladée au genou et la chemise ample qu’elle noua sur son ventre. Le satin de sa peau brune luisait dans la pâle lueur de la lampe. Elle éclata de rire aux souvenirs du choc de ses ennemis quand ils découvraient qui gourvernait la frégâte mais son sourire s’assombrit et un éclair de rage, de vengeance y prit place.
Elle sourit en repliant correctement l’uniforme, préparant une chemise fraîche. Il lui tardait d’avoir autant d’expérience sur le planché de vaches qu’en mer. Mais ca venait de jour en jour, pas à pas.
Jour après jour, chaque soir, dans le calme des flots, elle déroulait avec soins les cartes maritimes et les analysaient en détail, se mémorrant chaque bans de sable, chaque haut fond, chaque piège. Elle calculait et recalculait sa route. Pour la première fois depuis des semaines, elle se sentait un peu en paix. Elle sourit de nouveau, ainsi le fantôme, comme ses hommes se plaisaient à appeler ce trois mats aux voiles noires, était lui aussi en cale et ne reprendrai la mer que dans plusieurs mois. Son espion avait fait bon ouvrage. Leur dernière bordée l’avait bien secoué, elle n’avait pas rêvé. Le souvenir lui martelait encore les tempes.. elle l’avait vu se dégager et filer dans la brûme. Invariablement, le cauchemar s’insinuait dans ses rêves et elle se réveillait au hurlement « Par tribord avant, voile en vue ! »
L’aube pointait son nez, elle enfila son uniforme impeccable, vérifia le coupant de sa lame. Un sourire satisfait lui effleura les lèvres. Bientôt elle sillonnerait les rues de la cité endormie, glissant ça et là une piècette aux enfants, partageant une miche de pain frais. Et aux abords de la caserne, enfilerai son tabard de garde. Elle esquissa un sourire en reconnaissant le langage chatié de son incorrigible frangin. Doucement, elle trouvait ses marques.
Elle était garde et serait à ses côtes, même en enfer
( voila texte rapatrié )
Aldanne- Citoyen
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Re: [à lire seulement ] Elle était garde et serait à ses côtés
"Garde" ! Aldanne sourit à l'idée de cette promotion. Cela ne la gênait pas de devoir refaire ses preuves. Ca lui laissait le temps de s'adapter car elle avait conscience de ses insuffisances sur le plancher des vaches. La mer était enivrante, mouvante. Elle aimait le roulis des vagues sous ses pieds. Mais un équipage était aussi un tout petit univers clos, contrôlé, indépendant. A terre.. rien de tout cela. Elle avait beaucoup à apprendre.
La dernière expédition avait bien failli leur coûter la vie. Elle avait accepté son frère à bord avec son épouse à l'occasion de leurs permissions communes. Ca lui avait fait prendre conscience qu'elle lui était attachée plus qu'elle ne l'aurait cru. Ils étaient jumeaux mais se connaissaient à peine. La vie les avait séparés pendant de longues années. Lui avait achevé de grandir au côté de leur père. Elle, au côté de sa mère. Lui était un citadin. Elle venait de la mer. Elle avait fui les terres de Tanaris dans un grand tumulte, fille de rien, moins qu'un mousse dans un équipage gobelin qui la traitait à peine mieux qu'un animal avant qu'elle ne soit revendue puis presque immédiatement affranchie en bénéficiant d'un programme de lutte contre la traite des races intelligentes menée par la Pax Legatum et les Tisseurs de Paix. Errant dans l'immense port de Theramore, elle ne dut qu'à une chance insolente de se retrouver propriétaire, puis bientôt capitaine d'une barcasse pas trop laide et qui tenait bien la mer. Faute d'argent pour payer l'anneau, il avait bien fallu mettre les voiles et trouver des ressources. Par la force des choses elle avait fait ses preuves et, de navire en navire, s’était retrouvée aux commandes d’un frégate de guerre dont elle était particulièrement fière : la Sémillanque. Mais la belle était blessée et nécessitait de longues et couteuses réparations. Aldanne avait servi pour la Lumière Aveugle qui payait bien et sans histoires. Et puis elle avait failli tout perdre en l’espace d’une seule nuit. Ca l'avait fait refléchir.
Elle restait pensive. Au fond... la vie de son frère était son bien le plus précieux, bien plus que toutes les richesses accumulées à fond de cale ou dans le secret de leur cache dont elle seule avait la carte. Evidemment son langage coloré l’agaçait parfois prodigieusement. Mais elle parvenait encore à en sourire. Au fond le bougre reniait ses origines de petite noblesse ruinée, mais elles étaient bien ancrées et parfois son éducation de qualité ressortait malgré ses airs bravaches. La preuve : la veille au mariage du sergent Mahelle. Elle était fière de lui dans un sens. Mais le lui avouer... c'était une autre histoire ! Et puis ça ne l'obligeait absolument pas à le suivre. Non si elle était là c'était d'abord pour faire une transition. Trois ou quatre ans sans doute, ce qui, elle en convenait à demi, représentait plus que le temps nécessaire à réparer sa fière frégate. Elle l'armerait quoi qu'il en soit et puis... on verrait bien.
Un mari ? Des enfants ? Son frère en avait déjà deux. Ca aussi ça la faisait réflechir. A quoi ça rimait d'avoir une famille ou même simplement un amour si c'était pour le déchirer quelques mois plus tard ? Elle avait beaucoup donné à la mer, et avait encore à donner, mais peut-être que cette amante exigeante lui avait fait plus peur qu'elle ne voulait bien l'admettre ? Peut-être que ces sombres prophéties concernant le réveil du Maelstrom réveillait quelque peur enfouie ? L'avenir le dirait. L'idée d'un foyer faisait doucement son chemin.
Elle conservait soigneusement au fond de son coffre son dernier ordre de mission de la Lumière Aveugle. "Se mettre au service de la Garde". Mais elle n'avait pas oublié le précédent qu'elle n'avait pas encore exécuté. En fait d'exécution, elle avait bien failli être du mauvais côté. Mais ils s'en étaient sortis de peu et, foi de capitaine, elle n'en resterait pas là. Le moment viendrait où le "Fantôme" reprendrait la mer, semant la mort sur sa route... jusqu'à ce qu'elle lui régle son compte. Pour la Lumière Aveugle... ou peut-être bien pour la Garde et le Roi car elle prenait goût à cette institution dans laquelle, d'une autre façon, elle retrouvait ce qui lui manquait. Elle savait écrire, avait le goût de commander et d'organiser. Elle était une femme de tête. Peut-être qu'un poste d'intendance comme celui qui était proposé lui conviendrait. En tous cas elle avait envie de montrer qu'elle savait faire mieux que de patrouiller. Et puis elle se prenait à rêver d'une capitainerie de Hurlevent, extension de la Garde en charge du port et de la sécurité en mer. Le temps ferait son oeuvre.
Aux abords de la caserne, elle sourit aux enfants qui tournaient autour d’elle. Ils avaient vite pris l’habitude de la miche de pain encore chaude et de la piécette quotidienne. Elle souriait encore en prenant son service.
La dernière expédition avait bien failli leur coûter la vie. Elle avait accepté son frère à bord avec son épouse à l'occasion de leurs permissions communes. Ca lui avait fait prendre conscience qu'elle lui était attachée plus qu'elle ne l'aurait cru. Ils étaient jumeaux mais se connaissaient à peine. La vie les avait séparés pendant de longues années. Lui avait achevé de grandir au côté de leur père. Elle, au côté de sa mère. Lui était un citadin. Elle venait de la mer. Elle avait fui les terres de Tanaris dans un grand tumulte, fille de rien, moins qu'un mousse dans un équipage gobelin qui la traitait à peine mieux qu'un animal avant qu'elle ne soit revendue puis presque immédiatement affranchie en bénéficiant d'un programme de lutte contre la traite des races intelligentes menée par la Pax Legatum et les Tisseurs de Paix. Errant dans l'immense port de Theramore, elle ne dut qu'à une chance insolente de se retrouver propriétaire, puis bientôt capitaine d'une barcasse pas trop laide et qui tenait bien la mer. Faute d'argent pour payer l'anneau, il avait bien fallu mettre les voiles et trouver des ressources. Par la force des choses elle avait fait ses preuves et, de navire en navire, s’était retrouvée aux commandes d’un frégate de guerre dont elle était particulièrement fière : la Sémillanque. Mais la belle était blessée et nécessitait de longues et couteuses réparations. Aldanne avait servi pour la Lumière Aveugle qui payait bien et sans histoires. Et puis elle avait failli tout perdre en l’espace d’une seule nuit. Ca l'avait fait refléchir.
Elle restait pensive. Au fond... la vie de son frère était son bien le plus précieux, bien plus que toutes les richesses accumulées à fond de cale ou dans le secret de leur cache dont elle seule avait la carte. Evidemment son langage coloré l’agaçait parfois prodigieusement. Mais elle parvenait encore à en sourire. Au fond le bougre reniait ses origines de petite noblesse ruinée, mais elles étaient bien ancrées et parfois son éducation de qualité ressortait malgré ses airs bravaches. La preuve : la veille au mariage du sergent Mahelle. Elle était fière de lui dans un sens. Mais le lui avouer... c'était une autre histoire ! Et puis ça ne l'obligeait absolument pas à le suivre. Non si elle était là c'était d'abord pour faire une transition. Trois ou quatre ans sans doute, ce qui, elle en convenait à demi, représentait plus que le temps nécessaire à réparer sa fière frégate. Elle l'armerait quoi qu'il en soit et puis... on verrait bien.
Un mari ? Des enfants ? Son frère en avait déjà deux. Ca aussi ça la faisait réflechir. A quoi ça rimait d'avoir une famille ou même simplement un amour si c'était pour le déchirer quelques mois plus tard ? Elle avait beaucoup donné à la mer, et avait encore à donner, mais peut-être que cette amante exigeante lui avait fait plus peur qu'elle ne voulait bien l'admettre ? Peut-être que ces sombres prophéties concernant le réveil du Maelstrom réveillait quelque peur enfouie ? L'avenir le dirait. L'idée d'un foyer faisait doucement son chemin.
Elle conservait soigneusement au fond de son coffre son dernier ordre de mission de la Lumière Aveugle. "Se mettre au service de la Garde". Mais elle n'avait pas oublié le précédent qu'elle n'avait pas encore exécuté. En fait d'exécution, elle avait bien failli être du mauvais côté. Mais ils s'en étaient sortis de peu et, foi de capitaine, elle n'en resterait pas là. Le moment viendrait où le "Fantôme" reprendrait la mer, semant la mort sur sa route... jusqu'à ce qu'elle lui régle son compte. Pour la Lumière Aveugle... ou peut-être bien pour la Garde et le Roi car elle prenait goût à cette institution dans laquelle, d'une autre façon, elle retrouvait ce qui lui manquait. Elle savait écrire, avait le goût de commander et d'organiser. Elle était une femme de tête. Peut-être qu'un poste d'intendance comme celui qui était proposé lui conviendrait. En tous cas elle avait envie de montrer qu'elle savait faire mieux que de patrouiller. Et puis elle se prenait à rêver d'une capitainerie de Hurlevent, extension de la Garde en charge du port et de la sécurité en mer. Le temps ferait son oeuvre.
Aux abords de la caserne, elle sourit aux enfants qui tournaient autour d’elle. Ils avaient vite pris l’habitude de la miche de pain encore chaude et de la piécette quotidienne. Elle souriait encore en prenant son service.
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