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Il était Garde... et c'était cool - Insurrection !

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Message par Endherion Lun 7 Sep 2009 - 11:40

La rumeur enflait. L'écho des hauts murs la redisait encore. Nul doute n'était plus permis : une foule nombreuse avançait dans les rues de la vieille ville et prenait le chemin de la caserne. Aux portes de la barbacane le malaise était sensible. Par trois fois déjà - deux fois des gamins, une fois une femme - étaient venus prévenir qu'un mouvement populaire d'ampleur faisait route vers la garnison dans un esprit qui n'avait rien d'une visite de courtoisie. On entendait au loin les cris de cette foule qui avançait dans les rues. Fourches, bâtons et autres fléaux s'agitaient de façon menaçante. La vindicte populaire était en marche.

Les deux plantons foncèrent à l'intérieur pour donner l'alerte. Le tocsin résonna dans la cour.


- "Rassemblement immédiat ! Rassemblement immédiat ! Tenue anti-émeute ! Rassemblement immédiat !"
- "Du pain !"
- "En rang ! Bouclier au poing !"
- "Du pain ! On a faim ! Moins d'impôts ! Voleurs ! On a faim !"
- "Tenez le rang !"

En débouchant de la barbacane, la foule marqua un temps d'arrêt. Face à eux dans la cour, encadrée par les murailles épaisses de l'enceinte militaire, la lourde porte de la garnison était close. Ses runes de protection luisaient sous le soleil derrière une ligne de soldats volontaires, au rang desquels les sergents Endherion, Aldanne et Hanrius. Dans la cour, seuls quelques civils qui attendaient d'être reçus ou quelques mercenaires qui profitaient, comme de coutume, des installations militaires, s'intercalaient de façon un peu dérisoire. Parmi eux, le chevalier Belizaire de l'ordre de la Chapelle. La foule l'absorba, sembla le digérer un instant avant qu'il ne reparaisse comme chassé par la vague qui refusait de l'assimiler. De sa voix calme et puissante il tentait d'entamer un dialogue avec les émeutiers, dialogue dont seuls quelques échos parvenaient aux oreilles des Gardes retranchés. Les fenêtres vibrèrent, des carreaux éclatèrent sous les jets de pierre, des boucliers résonnèrent des impacts de petits objets projetés.

- "Le chevalier Belizaire est en danger. On va l'dégager. Aldanne à gauche, Hanrius à droite, avec moi sur l'front. On l'isole, on l'extrait, on l'ramène ! Désignez deux hommes pour vous accompagner chacun. Garde, tenez-vous prêt à ouvrir la porte quand on r'vient."

Le garde fit jouer sa clé dans l'impressionnante serrure. La porte s'ouvrit. Les soldats équipés de pied en cape se ruèrent vers la masse derrière leurs sergents en direction des couleurs du chevalier. Rapidement ils l'encadrèrent. La foule, hostile, le pressait de toutes parts, exigeant la satisfaction immédiate de ses revendications, chose qu'il était bien incapable de fournir mais qui ne le désarmait pas. Inlassablement il invitait à l'ordre, à l'expression claire des besoins légitimes de ces pauvres gens motivés par la nécessité. Mais la Garde, elle, avait d'autres priorités. Lentement, sous les jets d'oeufs et de légumes pourris, ils refluèrent vers la porte de la garnison puis stoppèrent quand la foule parut vouloir se calmer. Le sergent Hanrius proposa à haute voix de piocher un peu de grain dans les réserves destinées aux prisonniers et se hâta d'aller faire quérir trois sacs pendant que la caporale Ceralynde tentait d'obtenir un peu d'ordre et de mettre chacun en rang pour effectuer une distribution équitable.

Hélas... c'était sans compter sur une poignée d'agitateurs motivés par le trouble plus que par la misère, ou dont les sangs étaient déjà trop chauffés pour accepter cette main tendue. La distribution à peine commencée, ces derniers tirèrent à hue et à dia, perturbant la fragile organisation qui se mettait en place. Une Naine intrépide s'engouffra à revers des lignes et jaillit dans l'enceinte de la caserne pour y semer la zizanie. Elle fut repoussée mais usa alors d'une arme à feu dont les échos résonnèrent sur les hauts murs.

C'en était fini de la tentative de conciliation. La garde recula, amenant le chevalier derrière ses lignes, le bouclier levé. Des coups de feu résonnèrent encore qui s'écrasèrent sur le haut du bouclier du sergent Endherion, lequel fut blessé à la tempe d'une profonde estafilade. Son protège-front l'avait probablement sauvé d'un traumatisme bien plus grave. La Naine, ivre de rage, fut alors la proie de la brigade féline qui se rua sur elle à travers la foule. Enfin maîtrisée et isolée des insurgés enragés, l'émeutière fut ramenée en arrière et jetée en cellule, son arme confisquée. Aldanne rattrapa la recrue Lynh au collet quand elle fit mine de rompre les rangs. La porte fut refermée et à nouveau verrouillée le temps que chacun reprenne ses esprits.

La tension était extrême. Maîtrisant ses nerfs d'une respiration qu'il forçait au calme, Endherion se fit offrir un mouchoir par le chevalier Belizaire. Les premiers soins du sergent Hanrius permirent d'éponger la plaie qui dégoulinait. Par le Roi... où étaient les officiers au moment où on avait cruellement besoin d'eux ? Son expérience du feu le mettait en première ligne, efficacement secondé par les sergents Aldanne et Hanrius et la caporale Ceralyndé, mais lui restait un simple sergent et cette perspective l'inquiétait quant aux conséquences, même s'il savait pouvoir compter sur le soutien de ses hommes pour défendre ses décisions auprès de l'Etat-Major si quelque chose tournait mal. Car nécessairement quelque chose allait tourner mal. Au dehors la foule continuait de gronder et il ne restait plus beaucoup de vitres intactes. Les émeutiers n'avaient livré aucun assaut réel, un instant apaisés par la mise à sac des provisions déstockées. Mais il s'en faudrait de peu de temps avant qu'ils ne se battent entre eux ou qu'ils ne reprennent leur marche contre l'autorité.


- "Grenades à gaz. Trois chacun. On va sortir à nouveau. Aldanne, Hanrius, préparez vos hommes."

Quelques instants plus tard ils formaient trois colonnes prêtes à investir la cour, alignées sous la houlette de la caporale Ceralynde qui veillait à ce que chacun soit correctement apprêté et l'esprit à sa tâche.

"On reprend comme tout à l'heure : Aldanne à droite, Hanrius à gauche. On forme une ligne complète sur toute la largeur de la cour. Au signal vous armez, au second signal vous lancez. Tout le monde a compris ?"

Ils avaient compris. Le Garde préposé fit basculer le battant de la lourde porte qui cracha sa nuée de soldats de l'édifice. La foule, surprise, refula en masse compacte.

- "Compagnie... Armez..."

Désormais le sergent Endherion se tenait debout au centre d'une rangée de gardes soigneusement alignés, protégés derrière leurs boucliers aux armes de la ville. Seuls leurs regards déterminés dépassaient au dessus du mur de métal qui interdisait à la foule de progresser à nouveau. Les invectives fusèrent, de même que les légumes qui s'écrasèrent ici ou là. La foule hurlait, provocante et bravache, criant des insultes que motivait la faim, du moins en apparence.

- "Lancez !"

Les grenades s'élevèrent pour s'écraser sur les premiers rangs en sifflant, libérant un gaz puissamment irritant. Un lourd silence tomba sur la foule avant que de larges cercles la disloquent autour des points d'impact.

- "Armez... lancez !"

Les insurgés, affolés, refluèrent en désordre, abandonnant les restes des trois sacs eventrés, vidés de l'essentiel de leur contenu. Ils se précipitèrent dans la barbacane pour trouver l'air libre de la rue. Dans la cour le nuage enfla, enserré entre les murailles.

- "Repli ! On rentre. Section Aldanne en premier, Hanrius en second, nous en dernier."

La porte se referma avec un claquement lourd sur les toux irrités des derniers gardes qui pleuraient abondamment. A l'extérieur la cour s'effaçait dans un brouillard épais que le vent allait bientôt disperser. Quelques minutes plus tard le chevalier Belizaire sortait malgré les mises en garde. Les rappors annonçaient que la foule s'était dispersée dans les rues mais qu'un noyau d'émeutiers se dirigeaient vers la maison Bayle. L'effectif réduit ne permettait pas d'intervenir à nouveau sans prendre de risques démesurés. Deux gardes furent affectés à la surveillance distante des événements, hélas impuissants. Peut-être pourraient-ils éventuellement repérer quelques visages mais il y avait fort à parier qu'on n'en ferait rien. Vers la midi, un message fut placardé au milieu des runes de défense de la porte blindée : "On s'eskuze." La signature ne correspondait à aucun individu enregistré mais fit chaud au cœur des soldats qui n'étaient pas vraiment fiers d'avoir vaincu ce genre d'adversaire, ce peuple dont ils étaient issus et qu'ils avaient juré de défendre au prix de leur vie. Mais ils n'en ignoraient pas moins à qui allait d'abord leur fidélité. Ce message prouvait qu'au sein de cette foule rendue enragée par les circonstances, des cœurs humains continuaient de battre.

On rangeait enfin le matériel. Certains auraient besoin d'entretien. La cour serait nettoyée de fond en comble et d'ici quelques jours au plus il ne resterait pas trace des événements sinon dans les âmes chamboulées de ceux qui représentaient l'autorité publique. Ils apaiseraient leurs tourments et trouveraient la paix dans cette camaraderie et cet esprit de corps qui les unissait. Il y puiserait son propre réconfort.

Il était Garde... et c'était cool.
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