Re: Rumeurs de la ville et ses alentours.

par **Matilda Koen** Sam 30 Avr 2022 - 13:55

Il était parfois difficile de savoir, ce qui, de la passion ou de la raison, devait l’emporter, une fois endossée l’armure de plaques réglementaire. Voilà ce à quoi songeait le Lieutenant Koen sur les hauteurs du port, en attendant le factionnaire du port qui lui servait d’informateur, le jeune Ropart .

Les renseignements qu’il apportait n’étaient pas négligeables, loin s’en faut. Et savoir ce que Mallard trafiquait à la Capitainerie du Port valait sans doute bien quelques frictions polissées au coin du feu. Matilda n’aurait jamais tenté d’attiser la jalousie de son compagnon, mais elle ne pouvait l’empêcher de grincer des dents chaque fois qu’elle revenait d’un de ces « rendez-vous » un peu particuliers.

Elle soupira en voyant Ropart arriver. Fallait-il cesser de rencontrer un informateur pour satisfaire son compagnon, ou laisser le factionnaire raconter ce qui se passait en bas, pour satisfaire son Commandant ? Dilemme difficile, qu’elle règlerait plus tard car il avait soi disant des informations croustillantes. Il en sautillait presque sur place. Matilda l’attira donc un plus à l’écart, malgré sa crainte de laisser croire à une rencontre plus personnelle.

Rumeurs de la ville et ses alentours. - Page 40 316710

Le factionnaire parlait sans répit. Elle le laissa pérorer pendant près d’une heure, accompagnant ses paroles d’un sourire aimable pour l’inviter à poursuivre. Ce qu’il racontait était-il vraisemblable ? Oui. Était-ce possible ? Aussi. Se pouvait-il que Mallard soit assez stupide pour croire que l’Etat-major n’en saurait rien ? Tout aussi plausible. Fallait-il prévenir le Commandant et blesser un peu l'homme aimé, un homme amoureux qui ne savait pas toujours cacher la rage qui l’animait parfois, lorsqu’il la savait en compagnie d’un autre ? Bien évidemment. 

Le retour par la place Faol ne lui procura pas la paix intérieure qu’elle espérait. Il allait falloir l’affronter. Sans doute serait-il préférable d’attendre qu’il prenne son service. Engoncés tous les deux dans leurs armures, la raison l’emporterait. Et puis, il y aurait peut-être une nouvelle recrue à lui présenter, voilà qui ferait diversion et le ramènerait à ses fonctions. Il serait bien temps, alors, d’envisager ce qui se passerait au coin du feu.

par **Thilius** Dim 1 Mai 2022 - 14:54

Logée au 5 bis, Quai des Condamnés, la demeure, avec ses fenêtres à barreaux fins, ses deux chiens-assis sur le toit, ses rideaux brodés toujours tirés au second étage et sa porte de chêne...

Une masure à l'abandon, depuis des années déjà. Une porte défoncée, des fenêtres brisées, et des parois dévorées par toutes les vignes sauvages rampant depuis les buissons du Quartier des Mages. Par le toit ça et là percé ont coulé cent pluies.

Cadavre de manoir, maison morte. Et pourtant : voilà que des mains zélées ont arraché les plants parasites, et que des semelles curieuses ont éparpillé les gravats. A l'étage, le soir, brûle la flamme d'une lampe à huile, sur laquelle se penchent, en ombres chinoises, des silhouettes affairées. Il faut nettoyer. Réparer. Retaper.

Au badaud qui se présenterait près de cet étrange chantier s'opposera une femme patibulaire, aux allures de soldate ou de cerberesse. Elle brandira, pour toute excuse, un vieux certificat de propriété signé du cadastre, confirmant l'attribution de cette ruine à un dénommé Linessa.

par **Jonathan Walter** Dim 1 Mai 2022 - 22:44

Avis à la Population : Proclamation des modalités de l'élection du Chancelier des Affaires Urbaines

Sujets de Sa Majesté,

Par le présent décret, les services de la Chancellerie annoncent que les dépôts de candidature pour la fonction de Grand électeur sont closes. A partir de la date de publication du présent décret et jusqu'au 22/05 inclus, la Chancellerie procèdera à l'étude des candidatures au mandat de Chancelier des affaires Urbaines. Les Grands électeurs validés par nos services peuvent déposer une candidature selon les modalités qui vous seront rappelé tout au long du présent document.

Rappel des modalités pour le dépôt de candidature :

Du titre de Chancelier aux Affaires Urbaines.

1) Candidats au mandat de Chancelier.

Ce n'est que lorsque la désignation des Grands Electeur sera clôturée que certains d'entre eux pourront s'élever en tant que Candidat au mandat de Chancelier des Affaires Urbaines.

Éligibilité :

Concernant tous les candidats qui se devront de remplir les critères qui suivent :

• Les candidats doivent être exempts de tous crime ces cinq dernières années. Vérification sera faite par la Garde de Hurlevent.
• Les candidats doivent être originaires des Royaumes humains de part leur naissance (Gilnéas et Kul Tiras inclus)
• Ils devront résider à Hurlevent depuis au moins un an pour prétendre en représenter une partie de l'autorité.
• Être âgés d'au moins vingt (20) ans.
• Être en amont officiellement Grand Électeur est une condition sinequanone pour déposer sa candidature finale à la Chancellerie.
• Renoncer à son droit de vote et son rôle de Grand Électeur

Désignation des Candidats :

Tout individu déjà inscrit sur les listes de Grand Electeur pourra par la suite, lorsque les candidatures seront ouvertes, déposer son dossier pour postuler en tant que candidat au mandat de Chancelier.
Le dossier devra comprendre ses motivations à vouloir briguer ces hautes fonctions, une description brève de son orientation politique, un engagement à fournir un programme politique détaillé à l'issue de la clôture des candidatures, un renoncement à son droit de vote pour l'élection de désignation du prochain Chancelier des Affaires Urbaines.

Des entretiens avec la Chancellerie :

Un second entretien de moralité sera effectué par les services de la Chancellerie pour étudier le projet du candidat à court, moyen et long terme pour la cité. Et s'assurer qu'il est en accord avec la politique du Roi et de l'Alliance. Un droit de véto pourra être usé si le fonctionnaire juge sa moralité et sa légitimité insuffisante, ainsi que son sérieux et ce, même si il remplit les autres conditions. Il est précisé que cette mesure est destinée à des cas de force majeure et sera utilisée avec la sagesse et la retenue qu'il convient, et ne le sera idéalement pas du tout. Une candidature au mandat de Chancelier refusée, verra l'individu recalé au rang de Grand Electeur comme il avait postulé et été reçu précédemment. La Chancellerie se réservera le droit d'invalider des candidatures en cas de déséquilibre numérique entre électeurs et candidats.

2) Déroulement de l'élection

Dépôt des programmes :

En accord avec la fin de la collecte des candidatures,le 29/05 de cette année, date définie pour le dépôt des programmes de chaque candidat. La campagne électorale commencera véritablement avec la publication définitive et officielle de la liste des Grands Electeurs, des Candidats au poste de Chancelier avec leur programme faisant office de profession de foi. Sans dépôt de programme aux services de la Chancellerie avant la date butoir, le candidat ne peut espérer pouvoir briguer la fonction de Chancelier des affaires Urbaine.

Une fois toutes ces conditions en cette périodes, remplies, que la campagne commencera, soit dès le 29/05 à midi.

Période de campagne électorale :

Jusqu'au 28/08, soit quelques jours en amont du vote finale, les candidats pourront mettre en œuvre les moyens nécessaires et légaux pour mettre en valeur leur candidature. L'affichage publique sera ponctuellement autorisé, dans les limites du cadre légale existant, un rappel à loi pourra être fait notamment concernant :
- Art. DE-3 Trouble à l'ordre public
- Art. DE-4.1 Calomnie & propagation de calomnie
Ce genre de pratique pouvant entacher la moralité d'un futur représentant du Roi, la Chancellerie se réservera le droit de rendre nulle toute candidature qu'elle juge trop agressive. Allant jusqu'à retirer le droit de vote du Grand Electeur, invalider la candidature d'un candidat et peut engager des poursuites judiciaire. Il est de la volonté de la cité de briller par sa civilisation exemple pour les autres royaumes, il ne s'agit pas d'un sauvage Mak'gora. Comme vu en entretien, une certaine retenue est imposé notamment aux Grands électeurs.

Un unique débat officiel sera organisé et arbitré par la Chancellerie avec pour spectateur l'ensemble du collège de Grand Electeur. Toutefois les autres initiatives privées de tels ordres ne seront pas interdites pour autant tant qu'elles respectent l'équité de l'élection. Nul article ne pourra être publié sur un candidat sans un droit de réponse ou mention des autres participants, nul débat ne pourra être organisé sans la promesse d'y voir l'ensemble des candidats à terme d'une manière ou d'une autre. En cas de non respect de l'équité, les organisateurs de telles initiatives devront justifier avoir mis tous les moyens en œuvre pour respecter cette équité.

Le débat aura lieu en milieu de campagne, entre fin juin et fin juillet. La date officielle du débat sera publié par décret ultérieurement ainsi que ces modalités en détail.

Une fois la date de clôture de la campagne atteinte, plus aucune action politique ne sera autorisée sur la place publique et ce pour laisser le temps de la réflexion sereine aux Grands Electeurs. Soit dès le 28/08 à midi.

Vote final :

Il se fera de manière anonyme par les Grands Electeurs, la Chancellerie et sa magistrature faisant office d'assesseur. Sous le contrôle de sécurité et des entrées de la Garde de Hurlevent. Seuls ces membres officiels de l'appareil d'état, les Grands électeurs et les Candidats au mandat de Chancelier des Affaires Urbaines seront autorisés à entrer au donjon et assister au vote ce soir là.
En cas d'égalité, ou de moins de deux votes d'avances du premier candidat sur le second, un second tour pourra être organisé uniquement entre les deux candidats en tête.
Le Candidat ayant rassemblé le plus de bulletin à l'issu du vote final et son potentiel deuxième tour sera désigné comme prochain Chancelier des Affaires Urbaines. Le second sera officiellement désigné comme suppléant, et s'engage à répondre à l'appel du devoir en cas de défaillance ou abandon de poste du vainqueur.

En cas d'indisponibilité du Grand électeur à la date du vote, des procurations pourront être émise. Elle devront être reçu impérativement 48h avant le vote finale et devront impérativement être nominative avec le nom complet de leur remplaçant.

La date officielle du vote finale sera publié par décret ultérieurement.

3) Prise de fonction

La passation de pouvoir se fera de manière officielle quelques semaines après l'annonce des résultats. Une période d'essaie et un tutorat d'un mois sera mis en place par le Chancelier actuel envers son successeur afin de ne pas troubler les institutions et l'ordre établie. Ainsi la prise de fonction se fera en douceur et toute sérénité. Le nouveau Chancelier se devra d'être à l'écoute de ses conseillers et fonctionnaires de la Chancellerie, il est à la fois leur responsable mais aussi leur débiteur. La Haute Cour de Justice Royale demeure la plus haute institution au sein de la Chancellerie et peut révoquer à tout moment la direction des Affaires Urbaines.

Honneur au Roi,

Pour l'Alliance.

par **Camille Chat** Lun 2 Mai 2022 - 20:33

Vous êtes épuisés et votre dos vous fait souffrir le martyr. La journée a été dure, au Chantier Royal. Les cadences imposées par la nouvelle Directrice-Générale, Mme. Derbourg, semblent impossibles à tenir. Certes, la remplaçante de M. Van Mootz a légèrement augmenté les salaires des équipes d’ouvriers et la vie semble un peu meilleure depuis quelques semaines. Mais à quoi bon avoir plus d’argent lorsqu’on ne peut pas en profiter ? Vos doigts sont pleins d’échardes que la fatigue vous a empêché de manquer, d’énormes cernes pendent sous vos yeux et vous vous demandez comment vous trouver l’énergie de vous traîner encore.

D’ordinaire, vous seriez allé vous jeter un godet à la Rascasse qui Tousse. Si c’est vendredi, peut-être même seriez-vous allé chercher un peu de chaleur humaine à la Castafiore. Mais ce soir non, ce soir vous êtes trop exténués. Alors vous faites un crochet rapide par votre poissonnier habituel, à l’entrée ce que l’on appelle l’Impasse des Indigents, et vous allez sagement rentrer dans votre bâtisse surpeuplée de la ville-haute. Alors que vous approchez, cet illuminé et ses deux complices de la Secte des Vers vous cassent les oreilles en agitant leurs cloches et en beuglant leurs prêches, vêtus de haillons sales sous les pancartes qu’ils portent comme des cuirasses.

- “La fin est proooche ! Je les ai vu en rêve ! Ils z’arrivent ... LES DRAGONS ! Pour plonger Hurlevent dans le feu et la cendre, pour nous punir d’avoir tué la Mort ! Priez-les, demandez leur pardon et ils vous prendront avec eux, feront de vos corps écailles, de vos bras ailes ! Ils z’arrivent, les dragons ! Pour plong- ... » Etc, etc.

Vous préférez ignorer ces dingues. Des prophètes de la fin des temps, vous en avez vu un paquet depuis que vous travaillez sur le Port. Vous arrivez enfin en vue de la petite échoppe. Victor est là, en train de vider une bonite. Vu l’heure, vous êtes certainement son dernier client de la soirée.

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- "Quatre soles bien épaisses, comme d’habitude, aye ?” vous-dit-il, ce à quoi vous hochez la tête, trop fatigué pour répondre. “Teh, t’as pas entendu la dernière ? Le phare de la Marche, ouais le vieux phare que l’Amicale promet d’faire réparer depuis des mois et qu’c’est toujours pas fait. Bah il explosé, qu’on dit. Boum, complètement écroulé dans la mer. Ouais, j’sais pas bien qui, on dit que c’est des gars de l’Amicale eux-même pour pas qu’il y ait trop de poisson sur le Port et qu’ils puissent contrôler les prix d’vente. On dit aussi qu’c’est le Gang des Maçons, à c’qu’il parait les gars là-bas avaient des masques rouges. En tous cas, ça va faire le beurre d’la Coopérative des Poissonniers, ça … D’ailleurs ce zinzin de Henry Gallant, l’est v’nu me voir pour que je signe sa charte. J’me demande bien si c’est pas lui qu’à payé des gus pour faire sauter le phare, ça lui fait du bien à lui aussi, tiens. Et puis d’ailleurs …”

Ca fait longtemps que vous ne l’écoutez plus. Il parle trop, Victor. Vous attrapez vos quatre soles emballées dans une Gazette de Hurlevent du mois dernier et vous remontez chez vous pour faire bouffer vos marmots et vous écrouler sur votre matelas troué. C’est pas tout, mais demain y’en a qui bossent.

Spoiler:

par **Siobhan Mornebrise** Lun 2 Mai 2022 - 22:53

Logée au 5 bis Quai des Condamnés, la demeure avec ses fenêtres à barreaux fins, ses deux chiens-assis sur le toit, ses rideaux brodés toujours tirés au second étage et sa porte de chêne… n'en finit pas d'intriguer celle dont l'esprit se gâte d'ennui. Le museau plein de poussière et les yeux asséchés, Arsène prend l'air de plus en plus chaque jour en invoquant à son comparse l'importance de la vitamine D chez le gnome afin d'éviter le redouté mal de l'os-poreux. Il n'y croit pas plus qu'elle mais comprend bien le tracassin de son amie, alors l'un bouquine et l'autre enchaîne les pauses clopes à s'en goudronner la luette.

Avachie contre son muret, la naturaliste contemple et parcours de son regard éteint les vignes folles qui dans leur étreinte douce broient les moellons des murs qui n’en peuvent plus de porter la charpente du toit. Elle se perd alors dans une jungle épaisse de Kalimdor, riche d’autant de dangers que de savoirs. La cendre brûlante de sa cigarette la raidie alors qu’elle tombe dans le col de sa chemise et lui rappelle que l’aventure n’est plus son quotidien. Ce n’est que lorsque le soleil décline et que les lampes à huile de l’étage s’enflamment que son regard s’illumine à nouveau… Quels secrets renferment donc les murs délabrés de ce manoir ?

par **Thilius** Mer 4 Mai 2022 - 10:03

Logée au 5 bis, Quai des Condamnés, la demeure, avec ses fenêtres à barreaux fins, ses deux chiens-assis sur le toit, ses rideaux brodés toujours tirés au second étage et sa porte de chêne...

L'activité s'est intensifiée. Il y a maintenant, environ, une dizaine d'ouvriers attelés à la tâche, qui s'épaulent, se hèlent et se relaient. Leur voix est forte mais leurs yeux filent de biais. Sur les habits des uns tremblent de petits grelots typiques des costumes circassiens ; dans le rire des autres brillent des dents aux reflets dorés.

Brouettes et chariots, planches et clous, truelles et mortiers. Tout le jour, le chant des marteaux et des objets qui tombent. De grosses mains arrachent le lierre, des bottes piétinent les buissons. Il faut faire place nette.

Au bord de la voie s'entassent des débris qui ne tarderont pas à être évacués : un vase cassé, une liasse de parchemins, un fauteuil éventré que constellent d'énormes moisissures, une petite commode en acajou colonisée puis désertée par trois générations de termites. Des ardoises, nettoyées une à une. Et de grands morceaux de poutre qui paraissent avoir brûlé : toute la charpente est à refaire, le travail sera long.

L'averse tombe sur le bois calciné. Elle emporte avec elle de minuscules miettes de charbon, et enfante de petits ruisseaux noirs comme des filets d'encre qui coulent le long des pavés, jusqu'aux rigoles des canaux.

Le soir, une lampe s'allume au deuxième étage, puis s'éteint immédiatement.

par **Mei-Lin** Mer 4 Mai 2022 - 11:27

Quelques affiches apparaissent en ville, collées bien évidemment aux endroits autorisés...

Rumeurs de la ville et ses alentours. - Page 40 Flotte14

par Shilandra Mer 4 Mai 2022 - 21:55

Du haut de son perchoir, la silhouette sinistre veillait sur tout son petit monde de l'impasse. Un univers en modèle réduit composé de cancrelats qui s'agitaient dans la fange, à l'abri de son ombre, tout en bas de l'échèle de la dignité. Elle entendait leurs râles maladifs, leurs couinements salaces, leurs désirs secrets alimentés par le feu de la jalousie et de la revanche.
Ils avaient encore figure humaine, mais tout comme elle, leur nature profonde s'évanouissait petit à petit, inéluctablement ; à l'instar des grains de sables qui filent dans un sablier. La corruption, quoique lente, faisait son chemin de façon imprévisible. La gangrène infiltrait doucement leurs esprits, leurs veines, le battement de leurs cœurs, leur respiration.

Elle aurait pu les faire profiter des sa fortune fraichement mal acquise. Améliorer leur quotidien, par exemple. Pourvoir à leurs besoins vitaux. Mais non, le scintillement de l'or n'a jamais été qu'une illusion. Ceux-là, eux, ne réclamaient pas, ou plus, ce confort là.

Une clameur, un bruit, des voix la sortirent de sa rêverie délicieuse et coupable.

Rumeurs de la ville et ses alentours. - Page 40 Percho10

"La fin est proooche ! Je les ai vu en rêve ! Ils z’arrivent ... "

A l'entrée de l'impasse, un prophète fou et ses acolytes braillaient les versets d'une nouvelle fin du monde ; encore une !
C'est prise d'une curiosité malsaine, qu'elle écoutait avec attention les promesses apocalyptiques vociférées par le trio.

Qu'allait-elle faire d'eux ?

par **Siobhan Mornebrise** Jeu 5 Mai 2022 - 0:27

Logée au 5 bis Quai des Condamnés, la demeure avec ses fenêtres à barreaux fins, ses deux chiens-assis sur le toit, ses rideaux brodés toujours tirés au second étage et sa porte de chêne… corrompt insidieusement l’un des esprits les plus pragmatiques du royaume. La curiosité est un terreau fertile pour l'imagination lorsque la science ne suffit plus à étancher la soif de découvertes.

A sa fenêtre, le souriceau guette entre les gouttes la pâle lueur déportée de cette lampe à huile aussi intrigante qu’éphémère. Il est arrivé. Elle tire le rideau et jette un regard interdit à son mentor qui, la joue collée à son vélin et la moustache pleine d’encre, songe probablement lui aussi à de merveilleuses expéditions qu’il ne mènera jamais. Alors, avec la discrétion d’un muriné, elle se faufile dans les archives du cabinet et tire d’une caisse l’un des miroirs d'Ulmaire, Bien-Né aussi inventif que paranoïaque qui pensait - à tort- se protéger des envieux en ayant toujours à l’œil son propre dos. Bien sûr la raison est puissante, elle se dit que ce n’est pas bien sérieux, ni bien utile, et que ça ne lui apporterait rien de bien. Elle hésite, mais d’un autre côté l’artéfact a déjà été étudié, copié et archivé, puis son dernier propriétaire est mort d’une glissade rue des Abattoirs, il n’en aura plus besoin.

Entre les mêmes gouttes elle se glisse comme un rat famélique dans les cuisines d’un rade, et camoufle dans les feuillages épineux d’un buisson ce troisième œil pouvant lui offrir de nouveaux frissons. Le regard sur la porte et au dos quelques lettres énigmatiques inscrites dans la précipitation, l'objet demeure la nuit entière ainsi, jusqu'aux premières lueurs du jour.

Dans son fauteuil en cuir, le docteur Sourisseau épie dans le miroir jumeau sans avoir l'œil qui faiblit.

— Sortez, maintenant.

par **Salem d'Iregrise** Sam 7 Mai 2022 - 10:34

Délaissée pendant de longs mois, la demeure de la Maison d’Iregrise, dans le quartier de la vieille ville, semble retrouver de l’activité depuis quelques jours. Alors qu’un jasmin pousse au-delà du mur empêchant le quidam d’épier le jardin et retombe de l’autre côté pour le grand plaisir des dames souhaitant en infuser les fleurs, un garde aux allures patibulaires se tient devant le portillon la séparant de la rue voisine, main sur la garde de sa lame, le regard fixe, la poitrine portant fièrement le blason de la noble qui l’engage : de sable, un cerbère d’argent rugissant.

De temps à autre, l’antre lugubre de la comtesse d’Iregrise laissera s’échapper un messager au visage couvert, lui-même se hâtant de chevaucher sa monture vers la destination demandée par sa maîtresse. Part-il pour le Nord et les réminiscences du Royaume de Lordaeron ? Ou bien vers le Sud, vers le comté d’Iregrise dans le triste Bois de la Pénombre ? Nul ne le sait vraiment et nombre de badauds pensent qu’il ne s’agit que de politique ou de niaiseries entre nobles.

Il se murmure pourtant quelques intrigues à venir. De connaissances travaillant pour la demeure, aux cuisines ou à la toilette de Madame, qui ont eu vents de futurs événements sur la cité et de rencontres fort peu anodines jusqu’aux poivrots qui, habitués à vagabonder dans les environs, auront perçu ce regain d’activité à proximité de leur taverne préférée. Les plus mauvaises langues affirment que le retour de la comtesse est de mauvais augure, qu’elle chercherait à s’emparer de responsabilités ou de pouvoir par la force qu’importe les élections et qu’importe l’avis du peuple, d'autres, plus réservés, pensent qu'elle cherche à redorer le blason de sa maison.

« Lorsque l’on entend le Cerbère, l’Enfer n’est guère loin. »

par Julith Sam 7 Mai 2022 - 15:17

S’avançant sur les pavés en faisant claquer ses bottines, Julith leva doucement les yeux pour imprimer la vue des grands bâtiments qui parsemaient les rues de la cité blanche. Elle n’observa que peu de temps les tours d’albâtre avant de s’enfoncer davantage vers le centre-ville. Les clameurs des marchands, la vie s’échappant des tavernes qui ouvraient dans la douce brise du soir, la Place Faol bondée de personnages tous hauts en couleur... Ça lui avait manqué.
Resserrant sa cape et laissant sa faux doucement flotter à ses côtés, l’ensorceleuse prit place sur un de ces rebords en bois qui encadraient les racines des arbres, puis elle se mit à poser à côté d’elle et sur ses genoux les différents produits qu’elle vendait, potion de transfert, philtre d’adoration, élixir de réveil, caché-oreilles ensorcelés... Et toute une ribambelle de flacons et d’objets magiques de renom produits par Julith elle-même. Puis ses premiers clients commencèrent à observer les quelques objets enchantés avec envie, elle leur offrit subrepticement un sourire en leur faisant signe d’approcher.
La fameuse « sorcière » était rentrée...

par Tristan. Sam 7 Mai 2022 - 16:27

Il est arrivé à Hurlevent au seuil du matin, deux semaines plus tôt. Une silhouette titubante, épaissie par l’armure qui grince sous un long manteau. Les rues dormaient encore et ceux qui les arpentent sous le ciel pâlissant ne prêtent pas attention aux silhouettes titubantes. Il s’est engouffré dans la Cathédrale, courbé par son havresac et son épée, et n’en est pas ressorti avant plusieurs jours.

Depuis il aura pu être aperçu en ville, ci et là : entretenant des tombes du cimetière, séparant une rixe de marins ivres sur le port, arpentant deux fois la même allée comme s’il y cherchait un objet perdu…
Passant devant la demeure du 5 bis, Quai des Condamnés, il aura contemplé longuement le tas de débris sur la voie, avant de faire volte-face comme s'il se ravisait.

Dans les faubourgs d’Elwynn, on murmure qu’un paladin au manteau élimé rend service en échange de peu. Il chasserait des brigands contre de l’eau du puit ; soignerait une pneumonie pour une paire de dés en chêne.
On raconte aussi qu’il s’enquiert d’une créature meurtrière, déguisée en animal ou en homme, qui prend possession des corps.
On raconte bien des choses dans les faubourgs d’Elwynn.

par **Camille Chat** Sam 7 Mai 2022 - 17:21

Au petit matin, une troupe d'enfants des rues et de gavroches à béret troué aura fait le tour de la ville pour se faire la courte échelle et coller des affiches un peu partout.

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Envie de tirer des marrons ? De faire sauter des mandales ? De voler dans les plumes ? N’attendez plus et inscrivez-vous comme concurrent à la Foire à la Châtaigne ! Madame Fanny vous propose de se retrouver au Port le lundi 6 juin à la vingt-et-unième heure pour échanger quelques politesses sauce salade de phalange. Rendez-vous Chez Fanny auprès d’Evan Warthson pour vous inscrire. Au programme : savate elwynienne, bières et grillades et, pour le grand vainqueur, le premier prix : la Grande Ceinture du Savateur, un séjour tout-compris d’une semaine à la station balnéaire de Kezan-sur-Mer et une consommation à l’oeil Chez Fanny jusqu’à la Fête du Feu ! Venez nombreux à la Foire ! Comme le Bar-Tabasse, mais en mieux !

Spoiler:

par **Thilius** Dim 8 Mai 2022 - 10:03

Logée au 5 bis, Quai des Condamnés, la demeure, avec ses fenêtres à barrea x fins, ses deux chiens-assis sur le toit, ses rideaux brodés toujours tirés au second étage et sa porte de chêne...

Les herbes ont pourri pendant la nuit.

L'odeur de putréfaction est insupportable. Elle monte en remugles marécageux, bruns et gras, sourd depuis l'arrière de la demeure, là où sont entassés les reliquats des vignes vierges et autres buissons sauvages arrachés par les ouvriers. Ces tas de plantes mortes, jaunies et sèches, ont viré à un noir de lisier. Et empestent autant qu'un cadavre remonté des eaux.

Parmi les travailleurs, on s'affole, on ne comprend pas. La puanteur écoeure, contracte les gorges, pique les yeux. C'est finalement un gaillard solide qui, un morceau de tissu collé sur la bouche et le nez, de grosses larmes d'irritation coulant sur ses joues, se décide à mettre fin au scandale. Il fait charger les immondices dans de grandes brouettes, hâtivement bâchées, et admoneste ses compagnons : ils conduiront cette cargaison au-delà des murs de la ville, et s'en débarrasseront loin de la civilisation, quelque part dans les ténèbres de la forêt d'Elwynn.

A la mi-journée, alors que les herbes décomposées ont été évacuées, l'odeur persiste encore un peu. Elle plane, désagréable réminiscence, sur la rue en face, et on peut presque la percevoir de l'autre côté du quartier -- où elle prend les effluves âcres d'une fumée fine. Parfois, quand le vent tourne, elle semble monter des eaux du canal proche, et l'oeil se surprend alors à guetter, avec appréhension, le jaillissement de quelque forme morte à la surface, les flancs bleus et gonflés. Mais cela, fort heureusement, n'arrivera pas.

par **Matilda Koen** Dim 8 Mai 2022 - 17:38

Depuis quelques jours la cité se prélassait dans une apathie déroutante.

Régulières, les patrouilles se déroulaient parfois sans voir âme qui vive, y compris sur les pavés de Faol que seuls les enfants de l’orphelinat parcouraient en criant, l’animant le temps d’une récréation.

Il y avait bien quelques traces de vie ici et là, silhouettes encapuchonnées qui se promenaient solitaires, estafettes d’une domesticité servile qui filaient donner messages en réponse ou invitations galantes, odeurs putrescentes qui s’évaporaient dans un recoin, couinements de rats et miaulements de chats, mais point de rires et de conversations animées sur les pelouses du kiosque ou les bancs des canaux, ni de cris ou de rixes aux abords des tavernes qui pourtant accueillaient quelques clients.

A croire que la ville toute entière se reposait de festivités qui pourtant n’avaient pas eu lieu.

« Se prépare-t-il quelque chose ? Cela augure-t-il d’une tempête à venir ? » demandaient les Recrues qui s’étonnaient de ne pas devoir affronter une foule de citoyens, vitupérant derrière le fenestron parfaitement huilé de la lourde porte de la caserne.

« Ainsi va la vie de la Cité ! » rassurait d’un rire franc le Lieutenant, tandis qu’elle assistait aux différents exercices proposés par les instructeurs. « Profitez donc du calme car il ne dure jamais bien longtemps. Entraînez- vous et restez aux aguets, briquez vos armures, révisez les procédures et toutes les lois du Codex. Dans quelques jours ou quelques semaines, si vous continuez ainsi, vous serez Garde assermenté, et là, croyez moi, il vous faudra toute l’assurance d’une formation bien intégrée pour assurer votre mission au mieux ».

Puis elle remontait dans son bureau sous les combles, vérifiait quelque commande, en préparait une autre, redescendait finaliser la formation des futurs infirmiers, filait aux cuisines grignoter un cougnoux, ressortait en coup de vent, décidait d’une patrouille, la menait tambour battant tout en répondant aux questions des uns et des autres, repartait écrire quelques courriers administratifs, passait voir les prisonniers dans les geôles, s’enquérait des uns, puis des autres, attentive au bien être de tous, malgré son apparente froideur.

Lui aurait-on prédit qu’elle s’épanouirait autant comme Officier de la Garde qu’elle en aurait ri de bon coeur. La fréquentation des « autres » ne lui avait jamais été aussi agréable que la douceur enveloppante d’une solitude choisie. Il fallait croire que certaines rencontres pouvaient vous faire changer, en profondeur, et elle n’allait pas s’en plaindre. Certes, la ville semblait s’être endormie, mais cela ne durerait pas, elle le savait. Cette accalmie lui avait permis de remettre de l’ordre dans ses priorités. Un homme d’abord, une institution ensuite, les deux étant étroitement mêlés. Son rôle prenait dorénavant une nouvelle ampleur et comme toujours, il s’agissait de faire au mieux.

par Tristan. Dim 8 Mai 2022 - 20:20

Il rêve d’une forêt, et d’un tapis de ronces, sur lequel il doit marcher pieds-nus pour échapper aux flammes. L’épreuve le mène à une clairière, révélant un charnier en putréfaction — femmes, enfants et animaux ; dépecés, mélangés, entassés — qui crépite lorsqu’il s’en approche, fume et s’embrase à son tour.

Il se réveille avec la sensation des crocs venimeux dans sa chair tendre, et l’odeur écrasante du feu qui l’alarme un instant puis se dissipe. Il observe le plafond de sa cellule sombre et étroite. Il fait encore nuit.
Il pressent de façon inexorable qu’il est attendu ailleurs.
Il étanche sa soif avec l’eau tiède de la carafe d’argile et entreprend de sangler son armure.

Ses pas le mènent sur les quais, jusqu’à un relent de mort brun et sirupeux qu’il hume sans retenue, comme s’il l’étudiait. Puis il plaque un pan de manteau sur son nez et sa bouche et s’avance, suivant la puanteur.
Il se trouve bientôt devant le 5 bis, Quai des Condamnés.
Il fixe les deux chiens perchés sur le toit et les rideaux tirés, l’air de jauger un adversaire potentiel.

En fin de matinée, il repassera devant la masure, proposant aux ouvriers incommodés de l’eau et du clou de girofle odorant. Il saisira dans une brouette un échantillon de pourriture, avec un tel naturel que nul ne le remarquera.

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