[A faire vivre] Rétribution
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Leizen
Nihel Narendir
Aréllys De Bristollan
Nelthan Ferrith
Aloyse Pérod
Saig Segondell
Gaelen Ferrith
Gohrnor Mangeroc
Hedwe
Ilyas Aubren
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[A faire vivre] Rétribution
Est-ce les couleurs sombres de cette prison, ou bien, savoir que l'on aurait pu éviter tout cela... Ou alors, est-ce les clapotis des chaînes à chaque mouvement, ou, simplement, les râles de mes compagnons de geôles qui me rendent fou ? Je me force à croire que tout ceci n'est qu'une passade. Ce n'est qu'une passade. Mais, ici, nous le savons tous, la folie nous ronge, cette torture psychique. Après tout, je suis le chef, je me dois de porter cette figure paternel et ce sourire idiot sans fléchir le genou comme Eldya le répète : « si tu ralentis, ils s'arrêtent. si tu faiblis, ils flanchent. Si tu t'assois, ils se couchent. Si tu doutes, ils désespèrent. Si tu critiques, ils démolissent. mais... si tu marches devant et si tu leur donnes la main, ils te donneront leur vie. »
Notre seul moyen de communiquer, les regards incompréhensifs, ou alors des métaphores aussi incompréhensives que le reste. Pourtant, une phrase reste claire « Les vipères sont de mauvaise langue. », je prends note; tu auras beau soigner au mieux un serpent, à sa première fureur tu recevras ta Rétribution.
Nous étions cinq à cette réunion, les ennuis ont commencé dès le matin. Le boa s'est fait arrêter le matin. Nous nous sommes fait arrêter tous en même temps. C'était soit elle, soit le corbeau. Mais, il était bien connu que le serpent avait un amant, une raison de, comme ils le disent si bien, « se repentir » pour finalement vivre une vie normale avec celui-ci. Les fiançailles du serpent. Elle m'en avait parlé. J'aurais du me méfier. Je ne préfère pas chercher à comprendre pourquoi. Parfois, il vaut mieux, la vérité est souvent aussi frappant que le venin d'un cobra.
Rester debout, le dernier moyen de montrer un soupçon de fierté. Choisir entre la fatigue de nos jambes et s'asseoir. J'ai fait mon choix. Aucun cri, aucune râle, aucun bruit, rien.
L'hypocrisie de la Garde. Je dois également jouer le jeu. Ils ne me croient pas, ils ne croient aucun de nous. J'espère que les miens l'ont tous compris. Vérité ou mensonge, qu'importe, lorsque l'on cherche des chefs d'accusation à une personne l'on en trouve, facilement... et inversement. L'important est de faire cette mine idiote qui croit à la libération, à leur mensonge.
Nous l'avons tous compris, une vague odeur de jasmin s'évade de la cellule de Nelthan.
Notre seul moyen de communiquer, les regards incompréhensifs, ou alors des métaphores aussi incompréhensives que le reste. Pourtant, une phrase reste claire « Les vipères sont de mauvaise langue. », je prends note; tu auras beau soigner au mieux un serpent, à sa première fureur tu recevras ta Rétribution.
Nous étions cinq à cette réunion, les ennuis ont commencé dès le matin. Le boa s'est fait arrêter le matin. Nous nous sommes fait arrêter tous en même temps. C'était soit elle, soit le corbeau. Mais, il était bien connu que le serpent avait un amant, une raison de, comme ils le disent si bien, « se repentir » pour finalement vivre une vie normale avec celui-ci. Les fiançailles du serpent. Elle m'en avait parlé. J'aurais du me méfier. Je ne préfère pas chercher à comprendre pourquoi. Parfois, il vaut mieux, la vérité est souvent aussi frappant que le venin d'un cobra.
Rester debout, le dernier moyen de montrer un soupçon de fierté. Choisir entre la fatigue de nos jambes et s'asseoir. J'ai fait mon choix. Aucun cri, aucune râle, aucun bruit, rien.
L'hypocrisie de la Garde. Je dois également jouer le jeu. Ils ne me croient pas, ils ne croient aucun de nous. J'espère que les miens l'ont tous compris. Vérité ou mensonge, qu'importe, lorsque l'on cherche des chefs d'accusation à une personne l'on en trouve, facilement... et inversement. L'important est de faire cette mine idiote qui croit à la libération, à leur mensonge.
Nous l'avons tous compris, une vague odeur de jasmin s'évade de la cellule de Nelthan.
Ilyas Aubren- Citoyen
- Nombre de messages : 47
Lieu de naissance : Hautebrande
Age : .
Date d'inscription : 02/05/2008
Re: [A faire vivre] Rétribution
Elle passait pas mal de temps a les regarder par le petit trou amenagé a cet éffet , pensive , se balancant sur sa chaise
c'etait une étrange ironie elle qui avait eté dans les chaines de les voir , une partie d'elle en éprouvait une certaine compassion , mais d'une part plus petite que d'habitude , elle avait tendance a traiter relativement bien les prisonniers
pourquoi pas eux alors ? elle y réflechit longuement...peut etre l'aveuglement de cette haine qu'ils éprouvaient et qu'ils lui prétaient a tort , elle ne prenait pas plaisir a faire ca ni n'éprouvait aucun sentiment de puissance ou de domination ou je ne sais quelle déviance perverse....mais quoiqu'elle puisse faire ils ne démordrait pas du contraire , ils leur fallait etre les victimes d'opresseurs sadiques .... c'etait tellement confortable
elle sourit , c'est cela qu'elle leur reprocahit vraiment au final , cette lacheté intellectuelle ....se réfugier dans des schemas pré construits , pré machés , pré pensés , pret a penser meme ... Nelthan etait pour elle l'incarnation de ces etres faibles d'esprits sans aucune force d'ame que celle de la haine ... lui elle le méprisait , c'etait un traitre et un faible, un mouton , le chien chien fidèle du chef , a peine un humain ... une plante verte , un meuble
mais pas lui ....
elle s'attarda sur le visage de Cherrug , elle devait rendre hommage au courage de cet homme , c'etait celui du lot qui l'interessait le plus ...elle se demanda quel genre d'homme il etait , si il croyait vraiment a ses preches , elle pensait que oui , ca n'etait pas un escroc qui anonait sans conviction ses tirades pré construites
non pas lui ..un homme cultivé et agréable ... elle le voyait lutter avec une certaine admiration ...
Quelle étrange chose que la pensée humaine...une partie froide et calculatrice d'elle meme lui disait que leurs efforts devaient porter sur lui , les autres suivraient de pres
mais ca ne serait pas chose aisée ...
elle baissa les yeux parcourant un instant les lettres trouvés a leur camp , puis tourna la tete vers le registre des visites
Carah .... l'amour que Cherrug devait tant hair chez Kyma .... bien sur ....
c'etait une étrange ironie elle qui avait eté dans les chaines de les voir , une partie d'elle en éprouvait une certaine compassion , mais d'une part plus petite que d'habitude , elle avait tendance a traiter relativement bien les prisonniers
pourquoi pas eux alors ? elle y réflechit longuement...peut etre l'aveuglement de cette haine qu'ils éprouvaient et qu'ils lui prétaient a tort , elle ne prenait pas plaisir a faire ca ni n'éprouvait aucun sentiment de puissance ou de domination ou je ne sais quelle déviance perverse....mais quoiqu'elle puisse faire ils ne démordrait pas du contraire , ils leur fallait etre les victimes d'opresseurs sadiques .... c'etait tellement confortable
elle sourit , c'est cela qu'elle leur reprocahit vraiment au final , cette lacheté intellectuelle ....se réfugier dans des schemas pré construits , pré machés , pré pensés , pret a penser meme ... Nelthan etait pour elle l'incarnation de ces etres faibles d'esprits sans aucune force d'ame que celle de la haine ... lui elle le méprisait , c'etait un traitre et un faible, un mouton , le chien chien fidèle du chef , a peine un humain ... une plante verte , un meuble
mais pas lui ....
elle s'attarda sur le visage de Cherrug , elle devait rendre hommage au courage de cet homme , c'etait celui du lot qui l'interessait le plus ...elle se demanda quel genre d'homme il etait , si il croyait vraiment a ses preches , elle pensait que oui , ca n'etait pas un escroc qui anonait sans conviction ses tirades pré construites
non pas lui ..un homme cultivé et agréable ... elle le voyait lutter avec une certaine admiration ...
Quelle étrange chose que la pensée humaine...une partie froide et calculatrice d'elle meme lui disait que leurs efforts devaient porter sur lui , les autres suivraient de pres
mais ca ne serait pas chose aisée ...
elle baissa les yeux parcourant un instant les lettres trouvés a leur camp , puis tourna la tete vers le registre des visites
Carah .... l'amour que Cherrug devait tant hair chez Kyma .... bien sur ....
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Gentille mais pas inoffensive.
Hedwe- Officier supérieur de la Garde
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Date d'inscription : 22/06/2008
Feuille de personnage
Nom de famille: Marteau-Hardi
Re: [A faire vivre] Rétribution
Léa continuait de dessiner les visages de ces hommes et de ces femmes, en bas, en se basant sur les anciens croquis, depuis que l'accès aux geoles lui était refusé. Elle passait le fusain sur le parchemin, en tentant de discerner la lueur dans le regard de chaque modèle, dans son esprit.
Quelque chose n'allait pas.
Elle le savait. Cette enquête n'était pas comme les autres, une sorte de voile était posé sur chaque dossier, chaque interrogatoire. L'interdiction supplémentaire la renforçait dans son idée. La Lumière seule savait quels étaient les faits qui n'étaient pas revelés, et la cause de cette ambiance de non-dit, et de faits cachés.
Les raisons de l'état-majors, quoi qu'elle étaient, laissait Léa perplexe, mais elle savait, qu'au final, et comme tout le temps, la Lumière veillait sur les braves et les justes, et son inquiétude se calma.
Quelque chose n'allait pas.
Elle le savait. Cette enquête n'était pas comme les autres, une sorte de voile était posé sur chaque dossier, chaque interrogatoire. L'interdiction supplémentaire la renforçait dans son idée. La Lumière seule savait quels étaient les faits qui n'étaient pas revelés, et la cause de cette ambiance de non-dit, et de faits cachés.
Les raisons de l'état-majors, quoi qu'elle étaient, laissait Léa perplexe, mais elle savait, qu'au final, et comme tout le temps, la Lumière veillait sur les braves et les justes, et son inquiétude se calma.
Gohrnor Mangeroc- Citoyen
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Lieu de naissance : Zombieland
Age : quarante-douze
Date d'inscription : 10/04/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Aloyse a écrit:Aloyse s’amusait presque de la situation. Du moins, c’était sa première impression. Se faire accuser de quelque chose qu’elle doutait d’être satisfaisait et soulageait, presque, sa conscience. Elle prenait plaisir à imaginer la sauce à laquelle elle allait les faire mariner. Car elle savait qu’en l’occurrence, ils n’avaient rien pour les envoyer à la potence. Rien de comparable au dernier procès de son ordre. Or ces Gardes ne désiraient que ça ; assister à leur fin. Ce qu’ils ne comprenaient pas, c’est que plus ils s’acharnaient à les éradiquer, plus eux, ils désiraient continuer la lutte. Et il y en aura toujours. Si eux tombaient, il restait les rescapés de Purification dans le Nord...Et même en ville, il y aurait toujours un Hiltar Taelis, un homme qui les affronterait de front, au péril de sa vie.
Leurs petites intrigues étaient amusantes. Elle connaissait les faiblesses de chacun. Nelthan était un emporté, il s’énervait rapidement…Oui, il pourrait être la faille. Aréllys n’était pas une idiote. Malgré ses différences physiques, c’était quelqu’un de confiance. Thîcky était relativement plus intéressante que les apparences ne le laissaient présager. Elle ne manquait pas de hargne et ne trahirait personne. Cherrug ne pouvait pas parler sans se trahir lui-même, il était de la trempe de Taelis, en plus modéré. Il s’en sortirait.
Leur inaction des mois passés allait payer. Facétie du destin.
Aloyse peinait à rester inactive et entravée dans ces geôles lugubres. Mais elle avait connu pire. Oui, il y avait eu pire…Mais elle commençait à déchanter, à ne plus supporter la situation au point de vouloir en finir définitivement. La délivrance, le repos éternel. Elle l’avait mérité…Juste rétribution de son âme.
Les gens peuvent-ils changer à ce point ? Elle se fichait désormais royalement de sa potentielle fin. Il faut dédier sa vie à sa cause sans faillir ni douter…Respecter les préceptes de La Lumière et agir en Son nom. Or cette foi, cette foi qui anime l’être et l’élève au-dessus du simple rang de mortel, elle était en train de la perdre. Elle n’aurait jamais du quitter Lordaeron…En posant le pied sur les pavés de la cité d’Hurlevent, elle avait renié sa cause et sa souveraine. Quand on passe sa vie à combattre, quand on connaît très jeune les horreurs de la guerre, une certaine dépendance apparaît. Une dépendance à l’action, à la violence, à la douleur physique et morale…Elle avait été forgé ainsi, pour la guerre, l’adrénaline, la tension, le contact. Elle n’avait désormais plus aucun repère.
Pourquoi ne pas être remontée dans le Nord ? Périr sur le champ de bataille, c’était son destin. Peut être parce que le masque était en train de s’effriter, son assurance…Son arrogance n’étaient plus aussi vives qu’auparavant.
Le combat était perdu, perdu depuis plusieurs années maintenant. Cet acharnement avait toujours été pour eux un signe de force, de détermination. Rétrospectivement, il prenait une connotation presque grotesque. La Croisade écarlate était un joli rêve. Et comme tous les rêves, il laisse un arrière goût amer lorsqu’il s’évapore.
Ils n’étaient plus écarlates. C’était folie que de le penser, que de l’imaginer…C’était insulter tous les Croisés qui sont tombés sous la bannière cramoisie. C’était rabaisser chaque victoire acquise au Nord au prix d’innombrables sacrifices. Mais ils restaient de fervents défenseurs de La Lumière. Ca, personne ne pourrait leur retirer.
Il fallait rester de marbre. Attendre en se moquant de l’issue. Ils ne craignaient pas la mort. La seule justice est celle de la Très Sainte Lumière...Et dans les geôles minables de la prison d’Hurlevent, personne ne craignait cette justice là.
Gaelen Ferrith- Citoyen
- Nombre de messages : 54
Lieu de naissance : Tirisfal
Age : 29
Date d'inscription : 11/02/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Aréllys a écrit:Les cloches de la cathédrale sonnent minuit.
L'Animal quitte le trou qu'il a trouvé dans un recoin isolé du parc. Il commence à déambuler en ville sans se soucier des activités alentours. Il traverse le pont et arrive vers la place de la Cathédrale. Il s'arrête un instant pour renifler en direction de l'édifice puis crache avec dégout. Il reprend ensuite sa route en rasant les murs, traversant ainsi la totalité de la ville.
Aréllys a été prise par les hommes en armures bleues. Si elle lui avait ordonné, il aurait retrouvé immédiatement sa véritable forme et se serait jeté sur les gardes, quitte à être tué. Mais elle lui a ordonné de prendre la fuite, et d'attendre. Cela fait maintenant près d'une semaine.
La discrétion à toujours été une seconde nature chez lui. Il attire quand même l'attention d'un gamin qui traine près du canal. Ce dernier commence à vouloir le caresser. Ces humains sont décidément vraiment stupides. Il se tapit et bondit soudainement sur la main tendue, la griffe et la mord rageusement jusqu'au sang. Il détale ensuite dans les ruelles tortueuses de la vieille ville.
De là, le chat blanc saute sur un muret, grimpe à un poteau en bois et accède à un premier toit. Il se promène de maison en maison, jusqu'à se rapprocher d'un mur d'enceinte passant très près d'une maison. Il se tend, calcule son saut longtemps et détend d'un coup toute la puissance de ses pattes félines ; il plante ses griffes entre les pierres et tire de toutes ses forces, couvrant ainsi les deux mètres de surplomb. Il marche sur le chemin de ronde et s'arrête lorsqu'il est en vue de la cour intérieure de la caserne.
Ses yeux fixent le sol. Sa maitresse est quelque part la dessous, il sent clairement sa présence. Il sait qu'il prend des risques pour Elle, et qu'il en prendra surement encore d'avantage. Mais Elle détient son âme ; il est Plégisse, son démon, il n'est pas la pour réfléchir mais pour exécuter.
Sous la voute de pierre, Aréllys se réveille brutalement. Quelle heure est-il ? Fait-il jour ou nuit ?Elle remue les bras endoloris par les fers. Sa circulation sanguine reprend douloureusement. Elle a des cernes affreux et sa chemise blanche est couverte de crasse. Comme tout les autres, elle a été éprouvée par les jours et les nuits passés dans le cachot.
Mais elle a tenu. Par moments, il lui arrive même de bien s'amuser. Avec Pérod, elles ont magnifiquement joué les pestes pour faire enrager les gardes. La naine a l'air de l'avoir très mal pris d'ailleurs. Qu'importe.
Elle a tout le temps pour réfléchir à sa situation. Au fur et à mesure, il lui est apparu clairement qu'Astroy n'est pas celui qui les a livrés. Pérod n'avait pas d'intérêt à le faire, Nelthan fait tout comme veut Pérod, Ilyas est évidemment hors de cause ; Elle est sûre de Thicky du fait de la connexion psychique qu'elles ont ; reste donc Kyma. Oui, celle qui est en couple avec le garde et qui aurait soit disant été transférée. Ben voyons.
Aréllys sait que les gardes n'ont pas de preuves qui pourraient permettre une lourde condamnation. Mais elle doute de la pseudo justice d'un royaume corrompu. Alors, l'idée lui est venue de se mettre un as dans la manche. Quand il n'y avait plus aucun surveillants il y deux soirs, elle a gratté le salpêtre formés par l'humidité sur le mur de sa cellule. Elle a ensuite demandé à la recrue De Vellen de lui fournir de quoi dessiner : un fusain. Techniquement, le fusain est un simple bout de charbon. Il ne lui manque plus que le souffre, et elle aura sa poudre à canon.
En attendant elle doit se méfier. les gardes ont commis des maladresses qui ont dévoilé qu'ils écoutent de temps en temps ce qui se dit dans les geôles.
Heureusement elle commence a pouvoir cerner les profils psychologiques de ces derniers. La naine, la commandante, fait partie de ces gardes qui sont là par vocation, ceux qui croient qu'ils servent vraiment une cause juste. Leur aveuglement en fait des gens généralement peu subtils, aisé a rouler avec son don à jouer la comédie. Même si pour le coup, la naine n'y croit pas vraiment.
Et puis il y en a d'autres, que l'on entend moins et dont elle se méfie beaucoup plus. Elle pense tout particulièrement au caporal Segondell. L'autre jour, elle a demandé une cigarette, juste pour voir si les gardes avaient des allumettes ou des briquets. Et cette demande, a avait semblé attirer son attention. Elle le sent, il est surement le pire de tous ceux qu'elle a vu. Il n'agit pas pour la justice au fond ; peut être même qu'il a un passé tumultueux. Ce qui compte pour lui, c'est jouer au chat et à la souris.
Une partie d'elle même frisonne de peur à cette idée, mais qu'importe. Elle aime jouer elle aussi.
Et puis après tout, le Chat c'est elle.
Aréllys oublie un instant sa prison infecte. Elle ferme les yeux et sourit. Lentement, ses pièces glissent sur l'échiquier.
Ilyas Aubren- Citoyen
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Date d'inscription : 02/05/2008
Re: [A faire vivre] Rétribution
Ils l'amusent.
C'est cela, au fond. Ils l'amusent. Ils l'intriguent aussi, naturellement. Et comme tout ce qui l'intrigue, Saig s'attarde à analyser, disséquer pour mieux saisir, pour mieux comprendre. D'aucuns pourraient croire que c'est une forme de sadisme ou de cruauté, mais il doit être trop détaché - et, au fond, trop amoral - pour qu'il s'agisse de cela réellement. Il se plaît simplement à observer leurs comportements et leurs réactions, leurs mots échangés et leurs regards, tous ces petits gestes, tous ces petits codes qui constituent le paradigme complexe du langage social. Il prend silencieusement des notes et hoche parfois la tête pour lui-même comme un alchimiste devant une réaction particulièrement intéressante.
Ainsi, de temps en temps, il descend leur rendre visite. Salue, très courtois, leur offre un sourire un peu requin ou un peu loup, discute. Les provocations glissent sur lui comme la pluie sur l'ardoise. Jamais Saig ne s'emporte contre les étrangers ; et bien astucieux serait celui qui pourrait affirmer l'avoir surpris en train de hausser le ton contre un détenu. Généralement, les prisonniers s'aperçoivent vite de son indolence et changent de tactique. Certains flattent, d'autres jouent le mépris ; il accueille le tout avec la même indifférence polie, la même neutralité un peu candide, un peu animale. Il est facile, dans ces moments-là, de le prendre pour un niais ou un imbécile. Un autiste, disent certains. Tellement différent, tellement... étranger. Ceci a un fond de vérité, en fin de compte, mais loin d'en faire un être limité, ce détachement lui offre au contraire - parfois - un regard beaucoup plus vaste et beaucoup plus incisif sur les uns et les autres. Du moins s'en targue-t-il.
Le vivier Rouge, pour l'heure, n'en finit pas de l'intéresser et de le fasciner. Tant de caractères différents, de facettes cachées, de secrets saisis du bout des yeux, ou au détour d'un murmure. Même ceux qui s'entêtent à crier, comme Thîcky, masquent quelques strates intéressantes. Depuis que la Commandante lui a glissé deux mots sur le passé de cette femme, Saig la considère d'un oeil différent. Hélas, bien qu'elle soit probablement redoutable à sa manière, elle n'en demeure pas moins maladroite, à user des mots à tort et à travers.
Un peu moins chatoyants en apparence, il y a ce qu'il nomme pour lui-même la "triade". Nelthan, Augur, Cherrug. Nelthan, c'est comme un petit orage. Morgue et maussade au premier abord ; mais sous la surface, que l'on veut lisse et droite, il sent bouillir la colère et l'orgueil. Le jeune Caporal aime les êtres fiers. Cela lui rappelle un peu les tempêtes. C'est tellement beau, une tempête ! Plein d'éclairs et de rage. A la fois dangereux et franc, tant que l'on sait la regarder de face. Quel dommage que Nelthan persiste à détourner le regard. Il aimerait le voir se révéler, et il lui arrive parfois de songer au moyen de crever cette vague impassibilité de surface pour pouvoir enfin l'admirer pour de bon.
Augur est un peu semblable. Hautaine, avec cette petite pointe de venin, fallacieuse, qu'on retrouve chez certaines femmes de pouvoir. Si Nelthan est le chien de garde, elle pourrait être, de son côté, la laisse à son cou. Les petites joutes verbales qu'elle échange parfois avec Astroy en révèlent beaucoup sur sa nature. Elle aussi, c'est une tempête, mais maîtrisée et dominée : une tempête qui aurait appris à mentir. Mélange intéressant s'il en est, non ?
Cherrug... A son endroit, Saig éprouve beaucoup plus de méfiance. C'est une mer d'huile. Trop plat pour être honnête. Trop paisible pour être franc. Trop digne pour être vrai. Oh, certes, il trouve remarquable la façon dont il se contient et dont il présente, inlassablement, la même impassibilité aux regards extérieurs. Le jeune homme le sent, d'instinct, confusément ; c'est une manière de faire bonne figure pour inciter les autres à se comporter de même. Il l'a entendu rappeler les siens à l'ordre, plusieurs fois, à peine deux trois mots. Une qualité de Meneur, et une certaine prestance, il est vrai. Mais il n'est qu'un homme, et pas une statue. Il faudra le lui rappeler, la prochaine fois qu'ils parleront. S'il trouve le temps. Oui.
Et puis... Il y a Aréllys. Aaahh. Celle-là, elle le passionne. Après l'avoir effleurée - lors des premières visites, quelques invectives, quelques moqueries reçues comme des crachats dont il n'aurait pas même pris la peine de se débarrasser - il s'est décidé à lui tourner autour, prudemment, et ce qu'il a pu saisir l'a réellement interpellé. C'est un serpent, c'est une anguille. Bavarde, mais usant des mots avec une maîtrise déconcertante. Attachée à la Lumière, mais sentant l'Ombre à plein nez. Plus intelligente que la moyenne, sans doute, mais jurant dans le paysage. Trop différente, trop changeante, incernable quand les autres se plaisent à jouer les archétypes. Tour à tour innocente éplorée, comédienne, magouilleuse, enjôleuse, croyante, commerçante - changeant de masque à l'envi pour brouiller les pistes et troubler la moindre certitude. Au fond, quelque part, il l'admire. En surface, il a décidé de la veiller plus que tous les autres.
Notant et transmettant ce qu'il juge intéressant, Saig laisse le temps passer. D'autres détiennent les clés de cette affaire, après tout ; et tant qu'il peut satisfaire son intérêt, où est le mal ? Il ne fait, finalement, que son travail.
--
C'est cela, au fond. Ils l'amusent. Ils l'intriguent aussi, naturellement. Et comme tout ce qui l'intrigue, Saig s'attarde à analyser, disséquer pour mieux saisir, pour mieux comprendre. D'aucuns pourraient croire que c'est une forme de sadisme ou de cruauté, mais il doit être trop détaché - et, au fond, trop amoral - pour qu'il s'agisse de cela réellement. Il se plaît simplement à observer leurs comportements et leurs réactions, leurs mots échangés et leurs regards, tous ces petits gestes, tous ces petits codes qui constituent le paradigme complexe du langage social. Il prend silencieusement des notes et hoche parfois la tête pour lui-même comme un alchimiste devant une réaction particulièrement intéressante.
Ainsi, de temps en temps, il descend leur rendre visite. Salue, très courtois, leur offre un sourire un peu requin ou un peu loup, discute. Les provocations glissent sur lui comme la pluie sur l'ardoise. Jamais Saig ne s'emporte contre les étrangers ; et bien astucieux serait celui qui pourrait affirmer l'avoir surpris en train de hausser le ton contre un détenu. Généralement, les prisonniers s'aperçoivent vite de son indolence et changent de tactique. Certains flattent, d'autres jouent le mépris ; il accueille le tout avec la même indifférence polie, la même neutralité un peu candide, un peu animale. Il est facile, dans ces moments-là, de le prendre pour un niais ou un imbécile. Un autiste, disent certains. Tellement différent, tellement... étranger. Ceci a un fond de vérité, en fin de compte, mais loin d'en faire un être limité, ce détachement lui offre au contraire - parfois - un regard beaucoup plus vaste et beaucoup plus incisif sur les uns et les autres. Du moins s'en targue-t-il.
Le vivier Rouge, pour l'heure, n'en finit pas de l'intéresser et de le fasciner. Tant de caractères différents, de facettes cachées, de secrets saisis du bout des yeux, ou au détour d'un murmure. Même ceux qui s'entêtent à crier, comme Thîcky, masquent quelques strates intéressantes. Depuis que la Commandante lui a glissé deux mots sur le passé de cette femme, Saig la considère d'un oeil différent. Hélas, bien qu'elle soit probablement redoutable à sa manière, elle n'en demeure pas moins maladroite, à user des mots à tort et à travers.
Un peu moins chatoyants en apparence, il y a ce qu'il nomme pour lui-même la "triade". Nelthan, Augur, Cherrug. Nelthan, c'est comme un petit orage. Morgue et maussade au premier abord ; mais sous la surface, que l'on veut lisse et droite, il sent bouillir la colère et l'orgueil. Le jeune Caporal aime les êtres fiers. Cela lui rappelle un peu les tempêtes. C'est tellement beau, une tempête ! Plein d'éclairs et de rage. A la fois dangereux et franc, tant que l'on sait la regarder de face. Quel dommage que Nelthan persiste à détourner le regard. Il aimerait le voir se révéler, et il lui arrive parfois de songer au moyen de crever cette vague impassibilité de surface pour pouvoir enfin l'admirer pour de bon.
Augur est un peu semblable. Hautaine, avec cette petite pointe de venin, fallacieuse, qu'on retrouve chez certaines femmes de pouvoir. Si Nelthan est le chien de garde, elle pourrait être, de son côté, la laisse à son cou. Les petites joutes verbales qu'elle échange parfois avec Astroy en révèlent beaucoup sur sa nature. Elle aussi, c'est une tempête, mais maîtrisée et dominée : une tempête qui aurait appris à mentir. Mélange intéressant s'il en est, non ?
Cherrug... A son endroit, Saig éprouve beaucoup plus de méfiance. C'est une mer d'huile. Trop plat pour être honnête. Trop paisible pour être franc. Trop digne pour être vrai. Oh, certes, il trouve remarquable la façon dont il se contient et dont il présente, inlassablement, la même impassibilité aux regards extérieurs. Le jeune homme le sent, d'instinct, confusément ; c'est une manière de faire bonne figure pour inciter les autres à se comporter de même. Il l'a entendu rappeler les siens à l'ordre, plusieurs fois, à peine deux trois mots. Une qualité de Meneur, et une certaine prestance, il est vrai. Mais il n'est qu'un homme, et pas une statue. Il faudra le lui rappeler, la prochaine fois qu'ils parleront. S'il trouve le temps. Oui.
Et puis... Il y a Aréllys. Aaahh. Celle-là, elle le passionne. Après l'avoir effleurée - lors des premières visites, quelques invectives, quelques moqueries reçues comme des crachats dont il n'aurait pas même pris la peine de se débarrasser - il s'est décidé à lui tourner autour, prudemment, et ce qu'il a pu saisir l'a réellement interpellé. C'est un serpent, c'est une anguille. Bavarde, mais usant des mots avec une maîtrise déconcertante. Attachée à la Lumière, mais sentant l'Ombre à plein nez. Plus intelligente que la moyenne, sans doute, mais jurant dans le paysage. Trop différente, trop changeante, incernable quand les autres se plaisent à jouer les archétypes. Tour à tour innocente éplorée, comédienne, magouilleuse, enjôleuse, croyante, commerçante - changeant de masque à l'envi pour brouiller les pistes et troubler la moindre certitude. Au fond, quelque part, il l'admire. En surface, il a décidé de la veiller plus que tous les autres.
Notant et transmettant ce qu'il juge intéressant, Saig laisse le temps passer. D'autres détiennent les clés de cette affaire, après tout ; et tant qu'il peut satisfaire son intérêt, où est le mal ? Il ne fait, finalement, que son travail.
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Saig Segondell- Citoyen
- Nombre de messages : 255
Age : 39
Lieu de naissance : Âprefange
Age : 24
Date d'inscription : 19/04/2010
Feuille de personnage
Nom de famille: Segondell
Re: [A faire vivre] Rétribution
A tous, rappelez-vous que l'important n'est pas de se soutenir, mais de savoir que nous nous soutenons.
A tous les croisés morts à Âtreval, qu'ils sachent, que leur mort n'aura pas été vaine, que, la Lumière pourra survivre car ils ont su mourir pour Elle.
A mon Commandeur, qu'il sache, que, du fond de l'abîme où l'avait fait rouler la capitulation, la Croisade Ecarlate émerge, vivante, ardente et vengeresse.
Quelle Croisade ? Il faut se rêver de cette utopie. La Croisade n'est plus qu'un semblant de principes évaporés. Coupons la tête, le corps tombe. Peut-on se proclamer croisé ? La bataille est dans le Nord, et nous, nous demeurons à jamais dans les geôles de nos assassins. Ils nous ont tout pris; jusqu'au cœur, jusqu'à l'âme. Mais, relevons-nous, ne doutons pas. Que les croisés se rappellent que, demain, nous serons à nouveau à Âtreval. Nous aurons encore l'ambition, la volonté, la force et le courage de continuer, même si, actuellement, nous n'avons plus que la Foi. N'ayez crainte, chassez de votre esprit la corruption de Hurlevent, ne faites pas place aux doutes.
A tous les croisés morts à Âtreval, qu'ils sachent, que leur mort n'aura pas été vaine, que, la Lumière pourra survivre car ils ont su mourir pour Elle.
A mon Commandeur, qu'il sache, que, du fond de l'abîme où l'avait fait rouler la capitulation, la Croisade Ecarlate émerge, vivante, ardente et vengeresse.
Quelle Croisade ? Il faut se rêver de cette utopie. La Croisade n'est plus qu'un semblant de principes évaporés. Coupons la tête, le corps tombe. Peut-on se proclamer croisé ? La bataille est dans le Nord, et nous, nous demeurons à jamais dans les geôles de nos assassins. Ils nous ont tout pris; jusqu'au cœur, jusqu'à l'âme. Mais, relevons-nous, ne doutons pas. Que les croisés se rappellent que, demain, nous serons à nouveau à Âtreval. Nous aurons encore l'ambition, la volonté, la force et le courage de continuer, même si, actuellement, nous n'avons plus que la Foi. N'ayez crainte, chassez de votre esprit la corruption de Hurlevent, ne faites pas place aux doutes.
Tout ira bien.
Ils accordent leur pardon aux Chevaliers d'Arthas, mais, pour les serviteurs de la Lumière, ils deviennent sourds et aveugles. Pervertis dans leur jugement par des influences extérieures, ils ne peuvent ouvrir leur yeux sur le véritable monde. Or, les voies de La Lumière sont parfaites, La parole de l'Eternelle est éprouvée; Elle est un bouclier pour tous ceux qui se confient en Elle. Ouvrez les yeux, éveillez vous. La Foi ne se prouve pas, elle s’éprouve. Les croyants n’ont alors pas besoin de preuves, mais d’épreuves.
Nous sommes encore à Âtreval.
N'écoutez pas leur justice. La Justice n'a rien à voir avec la loi car la loi est au-dessus de tout et qu'il y a juste les incapables qui essaient de la changer en Justice pour ne pas avoir à y faire face. Seulement, il n'y a qu'une seule autorité, et c'est celle d'en haut. Les infidèles retourneront vers le sépulcre, ainsi que toutes les nations qui oublient la véritable et Sainte Lumière.
Ces chaînes ne sont que illusions.
La Lumière. Elle nous accompagne à chaque nuit de solitude. Elle est là pour nous, fière et gracieuse dans Ses moindres détails. Elle, tout comme notre Croisade est faite de sang, de muscles, de sueur. Ne la laissez pas sommeiller. Nous n'avons pas que ça à faire, Elle hurle. Elle a besoin de nous. Elle est notre chérie, notre souveraine, notre unique amour, notre vie, et nous sommes son esprit.
Nous serons bientôt dehors.
Il nous faut rester souder dans cette épreuve, ce sont les oiseaux qui fraternisent dans le ciel. Nous sommes chacun un faucon, eux, ce sont les colombes; une personne incapable de tuer ou de blesser sera toujours soumise aux personnes qui le peuvent. Ces hommes essaient de nous enseigner à penser comme des poules, prenez-y garde. Soyez des rapaces, envolez-vous, étendez vos ailes. Ne vous contentez pas des graines qu'ils peuvent vous donner. L'aigle tue les serpents. Rappelez-vous toujours du pourquoi les faucons peuvent voler.
La douleur n'est que la purge de la corruption.
A Basto, de Bristollan, votre vie a changé de façon irréversible, et, si vous vous demandez si ça valait vraiment le coup, la réponse est oui. Vous aurez, il est sur, votre part de moments intenses, mais ils seront récompensés à votre mort. La peur et la terreur sont illusions de l'âme, tout est du à l'imagination. Alors, si un jour il vous arrive d'être effrayée, terrorisée, videz votre tête, n'imaginez pas, vous serez étonnée de voir à quel point vous pouvez être fortes et courageuses, vous n'êtes pas faites de sucre.
A Aurore, sois sage.
A Aurore, sois sage.
Ilyas Aubren- Citoyen
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Lieu de naissance : Hautebrande
Age : .
Date d'inscription : 02/05/2008
Re: [A faire vivre] Rétribution
elle relut les notes ,les tres nombreuses notes qui s'accumulaient a force sur son bureau
des méandres de témoignages et de notes ou que ce soit volontaire ou non chacun d'entre eux laissaient transparaitre une partie de lui meme qu'il fallait savoir capter , et interpreter
Les choses avancaient correctement , elle etait satisfaite , et elle retourna comme a son habitude de les observer , avec une discretion qu'on ne lui pretait pas ...elle en souriait parfois , elle aimait jouer de son physique , oh pas comme beaucoup de femmes pour se mettre en avant , elle préferait largement d'une apparence trompeuse et balourde ... c'etait étrange de voir comment les gens peuvent s'accrocher sans meme s'en rendre compte aux stéréotypes raciaux , ou a une premiere impression calculée qui sournoisement marquaient l'inconscient ... c'etait quasiment partie gagnée avec la demi elfe qui si elle ne la prenait pas pour une demeurée , prudente , ne pretait pas attention a elle , se laissant aller a la sous estimer pour ses bravades habituelles
Une personne censée aurait pensé qu'elle n'etait pas commandante de la garde la ou tant d'autres avaient échoué par hasard ...la premiere étape était faite
Mais ca n'etait pas les "malignes " ou les présumées comme telles qui l'interessait , elle avait bien pris soin de n'avoir affaire presque qu'a Aréllys , qu'elle ne la juge pas dangereuse , et laissait Segondel accaparer son attention et sa méfiance
Elle avait longuement observé sans jamais lui parler ou quasi "Augur" , la mangouste , une femme d'une grande valeur , mais qui par d'infimes détails , a trop vouloir en faire , s'egarait , étrangement ca n'était pas celle a laquelle ses colégues s'interessait le plus ...a tort ... quelque part Aréllys avait reussi sa mission , elle aussi accaparait l'attention , mais ca n'etait pas sur elle qu'il fallait creuser , la demi elfe commetrait sous peu une erreur , elle etait trop sure d'elle , et son jeu etait a double tranchant
mais elle avait la facheuse habitude d'ignorer ce qu'on tentait de lui agiter sous le nez
Elle étudia longuement la femme au port de tete qui restait digne...elle savait trop bien ce qu'un long isolement pouvait faire , elle l'avait vécu ,et elle sentait Augur faiblir , légerement , mais surement
Elle la regardait , songeuse , elle tentait de s'accorder quelques heures de mauvais repos dans les conditions précaires de la geoles
Les mécanismes de l'esprit et leurs mystères ... comment cette femme en etait t'elle arrivé la ? l'endoctrinement faisait des miracles , elle avait elle meme constaté , certains de ses hommes etaient jadis assez proche d'un fanatisme similaire , pour une autre cause
Elle ne comprendrai jamais les fanatiques , mais elle aimait les étudier , pas pour jouer...comprendre avait toujours eté le ressort de sa vie
elle trouvait la leur si terne , rien a comprendre , juste a croire , aucune évolution , ces gens étaient comme figés dans la glace...
mais pour elle meme ceux la demeuraient des gens , des hommes et des femmes qui meritaient qu'on tente de les comprendre , meme si eux ne lui rendaient pas ce sentiment ... ils ne pouvaient pas .... s'interroger c'est deja douter , et le doute et l'ennemi de la foi
La foi ....elle n'etait pas si certaine que ce fut leur moteur a tous ....pour certains ca ne faisaient aucun doute...elle s'attarda sur Cherrug ....fort heureusement venu trop tard...a la place de son prédécesseur tout eu put etre bien différent
des méandres de témoignages et de notes ou que ce soit volontaire ou non chacun d'entre eux laissaient transparaitre une partie de lui meme qu'il fallait savoir capter , et interpreter
Les choses avancaient correctement , elle etait satisfaite , et elle retourna comme a son habitude de les observer , avec une discretion qu'on ne lui pretait pas ...elle en souriait parfois , elle aimait jouer de son physique , oh pas comme beaucoup de femmes pour se mettre en avant , elle préferait largement d'une apparence trompeuse et balourde ... c'etait étrange de voir comment les gens peuvent s'accrocher sans meme s'en rendre compte aux stéréotypes raciaux , ou a une premiere impression calculée qui sournoisement marquaient l'inconscient ... c'etait quasiment partie gagnée avec la demi elfe qui si elle ne la prenait pas pour une demeurée , prudente , ne pretait pas attention a elle , se laissant aller a la sous estimer pour ses bravades habituelles
Une personne censée aurait pensé qu'elle n'etait pas commandante de la garde la ou tant d'autres avaient échoué par hasard ...la premiere étape était faite
Mais ca n'etait pas les "malignes " ou les présumées comme telles qui l'interessait , elle avait bien pris soin de n'avoir affaire presque qu'a Aréllys , qu'elle ne la juge pas dangereuse , et laissait Segondel accaparer son attention et sa méfiance
Elle avait longuement observé sans jamais lui parler ou quasi "Augur" , la mangouste , une femme d'une grande valeur , mais qui par d'infimes détails , a trop vouloir en faire , s'egarait , étrangement ca n'était pas celle a laquelle ses colégues s'interessait le plus ...a tort ... quelque part Aréllys avait reussi sa mission , elle aussi accaparait l'attention , mais ca n'etait pas sur elle qu'il fallait creuser , la demi elfe commetrait sous peu une erreur , elle etait trop sure d'elle , et son jeu etait a double tranchant
mais elle avait la facheuse habitude d'ignorer ce qu'on tentait de lui agiter sous le nez
Elle étudia longuement la femme au port de tete qui restait digne...elle savait trop bien ce qu'un long isolement pouvait faire , elle l'avait vécu ,et elle sentait Augur faiblir , légerement , mais surement
Elle la regardait , songeuse , elle tentait de s'accorder quelques heures de mauvais repos dans les conditions précaires de la geoles
Les mécanismes de l'esprit et leurs mystères ... comment cette femme en etait t'elle arrivé la ? l'endoctrinement faisait des miracles , elle avait elle meme constaté , certains de ses hommes etaient jadis assez proche d'un fanatisme similaire , pour une autre cause
Elle ne comprendrai jamais les fanatiques , mais elle aimait les étudier , pas pour jouer...comprendre avait toujours eté le ressort de sa vie
elle trouvait la leur si terne , rien a comprendre , juste a croire , aucune évolution , ces gens étaient comme figés dans la glace...
mais pour elle meme ceux la demeuraient des gens , des hommes et des femmes qui meritaient qu'on tente de les comprendre , meme si eux ne lui rendaient pas ce sentiment ... ils ne pouvaient pas .... s'interroger c'est deja douter , et le doute et l'ennemi de la foi
La foi ....elle n'etait pas si certaine que ce fut leur moteur a tous ....pour certains ca ne faisaient aucun doute...elle s'attarda sur Cherrug ....fort heureusement venu trop tard...a la place de son prédécesseur tout eu put etre bien différent
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Gentille mais pas inoffensive.
Hedwe- Officier supérieur de la Garde
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Date d'inscription : 22/06/2008
Feuille de personnage
Nom de famille: Marteau-Hardi
Re: [A faire vivre] Rétribution
Apathique, indolente, Aloyse s’efforçait malgré tout de conserver une apparence digne et fière, se parant de sourires moqueurs, de froncements de sourcils sévères ou de quelques gestes maniérés. Elle n’était pas n’importe qui, une Pérod. Elle ne portait pas l’héritage des Pérod dans ses chairs mais devait le conquérir chaque jour, ça avait toujours été la finalité tacite, le fardeau silencieux de son existence. Être à la hauteur de la glorieuse lignée de chevaliers à laquelle elle avait été rattachée, signe que la Lumière la réclamait, l’appelait. Elle devait être digne, à l’égard de la Sainte Lumière, à l’égard de ses aïeux, à l’égard de ses promesses, à l’égard de ses supérieurs. Aucune mimique, aucune pique, aucune expression ne pouvait empêcher ses épaules de s’affaisser. La pire torture qu’on pouvait lui infliger était cet enfermement, cette introspection forcée.
Cherrug paraissait paisible. Personne ne s’y trompait mais ses efforts pour conserver cet air poli et calme étaient remarquables. C’est avec une petite moue teintée de jalousie qu’Aloyse le regardait, debout, droit, comme s’il ne ressentait pas la douleur des chaînes, des courbatures, de l’isolement…D’une énième déconvenue ?…Comme s’il parvenait à surmonter cette douleur, qu’elle l’effleurait sans l’atteindre. Il paraissait encore maître de lui.
Elle jalousait ce flegme. Ce n’était pas dans la nature de la jeune femme, sûrement. Il y a des limites à la comédie.
Les visites des geôliers s’espaçaient. Pour s’occuper, pour s’empêcher de penser à sa condition, Aloyse établissait des sortes de portraits, pour chaque garde qui croisait son regard.
Certains la laissaient perplexe, c’était le cas de cet Edworn Chante-Givre. Elle le trouvait vide, vide mais pas idiot. Il jouait le Garde modèle et zélé, il prenait part activement à l’affaire…Mais au fond, la seule chose qu’il désirait, c’était sauver sa catin de fiancée. Fiancée qui avait trahi la Lumière, l’ordre, ses frères et sœurs d’armes…Pour une bagatelle. Elle était méprisable. Aloyse s’efforça de les chasser tout deux de son esprit, au risque de véritablement déchaîner sa colère. Quoi que cela aurait pu réveiller chez elle une étincelle de vie, cela aurait le bénéfice d’évacuer colère et frustration...Au risque de réellement perdre le contrôle, chose qui l’effrayait le plus en ce bas monde.
Dans un autre genre, la petite Major l’avait interpelée. Dévouée corps et âme à son travail, elle gardait cependant des airs de petite minette fade et superficielle, dotée d’une bienveillance presque maternelle. C’était le stéréotype de la « bien pensante », aveuglée par son sentiment irrépressible de faire le bien. Mais Aloyse ne l’avait aperçue que quelques minutes…En d’autres termes, elle l’imaginait ainsi. Imposture ? Faux-semblants ?
Parmi les autres Gardes, certaines personnalités éveillaient un semblant d’intérêt chez la jeune femme.
Il y avait cette Cheena. Aloyse n’avait pas réellement eu l’occasion de discuter avec elle mais ce qu’elle avait capté lui plaisait. Nul doute que sous son air de geôlière compréhensive se trouvait une femme de poigne, au caractère tranché et inflexible, pas le genre de donzelle « Sainte nitouche » au cœur débordant de fausse bonté ou de compassion déplacée. Une femme qui agissait selon ses principes avant toute chose…Mais même si l’adage veut que la première impression soit toujours la bonne, ce n’était qu’une impression, une petite lueur entraperçue dans le regard, un comportement…Il faudrait le vérifier. Ou non d’ailleurs. Quelle importance finalement ? Même si elle semblait être une femme forte et intéressante, ce n’était pas une femme de foi. Elle ne valait donc pas grand-chose.
Il y avait également le Caporal. Il ne jouait pas mal son rôle celui-ci. Ses sourires paraissaient presque sincères, presque. Personnalité sans doute complexe, ambigüe et calculée. Il lui donnait des frissons sans qu’elle puisse mettre le doigt sur l’origine de son malaise. Parfois, quand elle se laissait aller à une confidence dans la pénombre des geôles, elle tournait la tête vers l’entrée, assurée de voir la silhouette du Caporal apparaître. Clair-obscur. Faussement affecté, sincèrement intéressé…Il était double et se révèlerait bien un jour ou l’autre.
Il y avait également cette Commandante. La première impression d’Aloyse à son égard fut l’étonnement, la perplexité à un moindre degré. De longues minutes, le soir de l’arrestation, Aloyse avait détaillé, jaugé et questionné la naine. Nelthan lui avait confiée que la Garde de Hurlevent était menée par une étrangère, une naine. Aloyse fut tout de même déstabilisée. Les nains étaient connus pour être emportés. La patience n’était pas leur qualité première. Elle avait longuement testé cette patience avec Aréllys, à jouer les pestes. Le résultat n’était pas satisfaisant. Des nerfs d’acier. Elle avait déjà cette qualité pour être à la tête d’un corps armé. Aloyse avait pensé dans un premier temps à tenir son rôle de peste fantasque, imprévisible et insupportable face à cette Commandante farfelue. Rôle qui avait certains traits communs avec son propre caractère, selon les dires de ses « frères ». Elle n’avait pas assez côtoyé cet étrange Commandant pour se faire une idée précise de sa personnalité et pour chercher une potentielle faille.
Avec tous, il fallait garder un masque d’impassibilité, malgré les doutes et les douleurs. Ne pas mentir…Ne pas dire toute la vérité, au nom de la Sainte Lumière, évidemment.
Ces petits jeux avaient l’avantage d’entraîner sa mémoire et d’attiser sa réflexion, elle gardait ainsi l’esprit vif et actif...Toute cette vermine infidèle était à sa disposition pour ça…Même si elle était forcée de leur trouver des qualités…Ou du moins des caractéristiques remarquables.
Une autre femme accaparait ses pensées, une Garde également. La fameuse Léa. Naïve, douce, gentille et polie…Elle devait avoir l’âge d’Aloyse, ou du moins s’en rapprocher. Et Aloyse ne se lassait pas de se comparer à la jeune femme. Une autre forme de malaise à son contact, l’impression d’être l’exact opposé, la femme entravée masquait sa gêne par un excès de gentillesse avec la dite Léa. Aloyse aurait pu être à sa place, son alter-ego. Pourtant un fossé infranchissable les séparait. Le trouble et l’attrait d’Aloyse ne concernaient que ça, leurs différences et leurs ressemblances. Elle ne voulait pas lui ressembler, oh que non, mais juste comprendre. Léa avait une foi, encore vacillante et hésitante mais elle avait cette matière première. Cette matière première qui ouvre toutes les portes, y compris celles de l’au-delà. Elle ne demandait qu’à être modelée…Sublimée. Pour le reste, de l’incompréhension. Léa venait souvent parfaire ses talents de dessinatrice dans les geôles, Aloyse souriait en l’observant, rassurée au fond de n’être pas ce genre de donzelle fragile et excessivement sensible. Mais dans une petite partie de son esprit, elle tentait de faire taire cette pointe d’envie et de jalousie pour son insouciance.
Aloyse soupira. Vraiment, il fallait que cet isolement cesse. De plus, la proximité avec Astroy lui vrillait les nerfs. Si à une époque elle appréciait sa compagnie, même si leurs échanges étaient virulents, désormais elle était prête à tout pour le faire disparaître de sa mémoire, pour l’oublier. Oublier qu’un ancien Croisé écarlate puisse tomber aussi bas. Elle se revoyait une épée à la main, menaçant un Astroy décidé à mourir…Elle aurait du transpercer le cœur corrompu et vide de toute lumière de l’homme, elle le regrettait. Pourtant elle s’acharnait à se défendre…A lui montrer qu’elle n’était pas cet être lâche, faible et détestable. Au fond, il se cachait peut être autre chose. Une attirance refoulée, inavouée et inavouable qui se traduisait par une haine farouche.
De fil en aiguille, ses pensées s’égarèrent dans les méandres de sa mémoire et de ses souvenirs. Elle repensait à son enrôlement, à sa hargne, à cette flamme qu’aucun orage n’aurait pu éteindre jadis mais que l’obscurité des geôles faisait vaciller aujourd’hui. Comment en était-elle arrivée là ? Toujours la même question latente sans qu’aucune réponse satisfaisante ne puisse être trouvée.
Concernant Hurlevent, Aloyse en était arrivée à une conclusion que d’autres avaient déjà effleurée du doigt, une conclusion qui nécessite un certain cynisme. Que le soleil vienne éclairer tout à coup les habitants d’une caverne obscure, qu’il darde impétueusement ses rayons dans leurs yeux non préparés…Il ne fera que les aveugler pour jamais. C’était la même chose pour la foi. Une foi trop forte pour des gens désœuvrés, perdus et égarés ne pouvait conduire qu’à ce résultat.
Un embrouillamini de sentiments, d’impressions, d’hypothèses. Une seule certitude, filigrane de son raisonnement, de sa façon de penser ; la clarté ne naît pas de ce qu’on imagine le clair mais de ce qu’on prend conscience de l’obscur.
Cherrug paraissait paisible. Personne ne s’y trompait mais ses efforts pour conserver cet air poli et calme étaient remarquables. C’est avec une petite moue teintée de jalousie qu’Aloyse le regardait, debout, droit, comme s’il ne ressentait pas la douleur des chaînes, des courbatures, de l’isolement…D’une énième déconvenue ?…Comme s’il parvenait à surmonter cette douleur, qu’elle l’effleurait sans l’atteindre. Il paraissait encore maître de lui.
Elle jalousait ce flegme. Ce n’était pas dans la nature de la jeune femme, sûrement. Il y a des limites à la comédie.
Les visites des geôliers s’espaçaient. Pour s’occuper, pour s’empêcher de penser à sa condition, Aloyse établissait des sortes de portraits, pour chaque garde qui croisait son regard.
Certains la laissaient perplexe, c’était le cas de cet Edworn Chante-Givre. Elle le trouvait vide, vide mais pas idiot. Il jouait le Garde modèle et zélé, il prenait part activement à l’affaire…Mais au fond, la seule chose qu’il désirait, c’était sauver sa catin de fiancée. Fiancée qui avait trahi la Lumière, l’ordre, ses frères et sœurs d’armes…Pour une bagatelle. Elle était méprisable. Aloyse s’efforça de les chasser tout deux de son esprit, au risque de véritablement déchaîner sa colère. Quoi que cela aurait pu réveiller chez elle une étincelle de vie, cela aurait le bénéfice d’évacuer colère et frustration...Au risque de réellement perdre le contrôle, chose qui l’effrayait le plus en ce bas monde.
Dans un autre genre, la petite Major l’avait interpelée. Dévouée corps et âme à son travail, elle gardait cependant des airs de petite minette fade et superficielle, dotée d’une bienveillance presque maternelle. C’était le stéréotype de la « bien pensante », aveuglée par son sentiment irrépressible de faire le bien. Mais Aloyse ne l’avait aperçue que quelques minutes…En d’autres termes, elle l’imaginait ainsi. Imposture ? Faux-semblants ?
Parmi les autres Gardes, certaines personnalités éveillaient un semblant d’intérêt chez la jeune femme.
Il y avait cette Cheena. Aloyse n’avait pas réellement eu l’occasion de discuter avec elle mais ce qu’elle avait capté lui plaisait. Nul doute que sous son air de geôlière compréhensive se trouvait une femme de poigne, au caractère tranché et inflexible, pas le genre de donzelle « Sainte nitouche » au cœur débordant de fausse bonté ou de compassion déplacée. Une femme qui agissait selon ses principes avant toute chose…Mais même si l’adage veut que la première impression soit toujours la bonne, ce n’était qu’une impression, une petite lueur entraperçue dans le regard, un comportement…Il faudrait le vérifier. Ou non d’ailleurs. Quelle importance finalement ? Même si elle semblait être une femme forte et intéressante, ce n’était pas une femme de foi. Elle ne valait donc pas grand-chose.
Il y avait également le Caporal. Il ne jouait pas mal son rôle celui-ci. Ses sourires paraissaient presque sincères, presque. Personnalité sans doute complexe, ambigüe et calculée. Il lui donnait des frissons sans qu’elle puisse mettre le doigt sur l’origine de son malaise. Parfois, quand elle se laissait aller à une confidence dans la pénombre des geôles, elle tournait la tête vers l’entrée, assurée de voir la silhouette du Caporal apparaître. Clair-obscur. Faussement affecté, sincèrement intéressé…Il était double et se révèlerait bien un jour ou l’autre.
Il y avait également cette Commandante. La première impression d’Aloyse à son égard fut l’étonnement, la perplexité à un moindre degré. De longues minutes, le soir de l’arrestation, Aloyse avait détaillé, jaugé et questionné la naine. Nelthan lui avait confiée que la Garde de Hurlevent était menée par une étrangère, une naine. Aloyse fut tout de même déstabilisée. Les nains étaient connus pour être emportés. La patience n’était pas leur qualité première. Elle avait longuement testé cette patience avec Aréllys, à jouer les pestes. Le résultat n’était pas satisfaisant. Des nerfs d’acier. Elle avait déjà cette qualité pour être à la tête d’un corps armé. Aloyse avait pensé dans un premier temps à tenir son rôle de peste fantasque, imprévisible et insupportable face à cette Commandante farfelue. Rôle qui avait certains traits communs avec son propre caractère, selon les dires de ses « frères ». Elle n’avait pas assez côtoyé cet étrange Commandant pour se faire une idée précise de sa personnalité et pour chercher une potentielle faille.
Avec tous, il fallait garder un masque d’impassibilité, malgré les doutes et les douleurs. Ne pas mentir…Ne pas dire toute la vérité, au nom de la Sainte Lumière, évidemment.
Ces petits jeux avaient l’avantage d’entraîner sa mémoire et d’attiser sa réflexion, elle gardait ainsi l’esprit vif et actif...Toute cette vermine infidèle était à sa disposition pour ça…Même si elle était forcée de leur trouver des qualités…Ou du moins des caractéristiques remarquables.
Une autre femme accaparait ses pensées, une Garde également. La fameuse Léa. Naïve, douce, gentille et polie…Elle devait avoir l’âge d’Aloyse, ou du moins s’en rapprocher. Et Aloyse ne se lassait pas de se comparer à la jeune femme. Une autre forme de malaise à son contact, l’impression d’être l’exact opposé, la femme entravée masquait sa gêne par un excès de gentillesse avec la dite Léa. Aloyse aurait pu être à sa place, son alter-ego. Pourtant un fossé infranchissable les séparait. Le trouble et l’attrait d’Aloyse ne concernaient que ça, leurs différences et leurs ressemblances. Elle ne voulait pas lui ressembler, oh que non, mais juste comprendre. Léa avait une foi, encore vacillante et hésitante mais elle avait cette matière première. Cette matière première qui ouvre toutes les portes, y compris celles de l’au-delà. Elle ne demandait qu’à être modelée…Sublimée. Pour le reste, de l’incompréhension. Léa venait souvent parfaire ses talents de dessinatrice dans les geôles, Aloyse souriait en l’observant, rassurée au fond de n’être pas ce genre de donzelle fragile et excessivement sensible. Mais dans une petite partie de son esprit, elle tentait de faire taire cette pointe d’envie et de jalousie pour son insouciance.
Aloyse soupira. Vraiment, il fallait que cet isolement cesse. De plus, la proximité avec Astroy lui vrillait les nerfs. Si à une époque elle appréciait sa compagnie, même si leurs échanges étaient virulents, désormais elle était prête à tout pour le faire disparaître de sa mémoire, pour l’oublier. Oublier qu’un ancien Croisé écarlate puisse tomber aussi bas. Elle se revoyait une épée à la main, menaçant un Astroy décidé à mourir…Elle aurait du transpercer le cœur corrompu et vide de toute lumière de l’homme, elle le regrettait. Pourtant elle s’acharnait à se défendre…A lui montrer qu’elle n’était pas cet être lâche, faible et détestable. Au fond, il se cachait peut être autre chose. Une attirance refoulée, inavouée et inavouable qui se traduisait par une haine farouche.
De fil en aiguille, ses pensées s’égarèrent dans les méandres de sa mémoire et de ses souvenirs. Elle repensait à son enrôlement, à sa hargne, à cette flamme qu’aucun orage n’aurait pu éteindre jadis mais que l’obscurité des geôles faisait vaciller aujourd’hui. Comment en était-elle arrivée là ? Toujours la même question latente sans qu’aucune réponse satisfaisante ne puisse être trouvée.
Concernant Hurlevent, Aloyse en était arrivée à une conclusion que d’autres avaient déjà effleurée du doigt, une conclusion qui nécessite un certain cynisme. Que le soleil vienne éclairer tout à coup les habitants d’une caverne obscure, qu’il darde impétueusement ses rayons dans leurs yeux non préparés…Il ne fera que les aveugler pour jamais. C’était la même chose pour la foi. Une foi trop forte pour des gens désœuvrés, perdus et égarés ne pouvait conduire qu’à ce résultat.
Un embrouillamini de sentiments, d’impressions, d’hypothèses. Une seule certitude, filigrane de son raisonnement, de sa façon de penser ; la clarté ne naît pas de ce qu’on imagine le clair mais de ce qu’on prend conscience de l’obscur.
Aloyse Pérod- Citoyen
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Lieu de naissance : Stratholme
Age : 18
Date d'inscription : 04/05/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
"(...) Il est temps. / Il est temps de combattre, mes frères, éveillez-vous. / Il est temps de mettre fin à leur joug. / Gardez la foi et l’arme au poing, préparez-vous. / Jamais nous ne les laisserons profaner / Notre foyer, notre forteresse sacrée ; / Car de Sainte Lumière elle est baignée. / Il est temps. (...)"
"(...) Vous pouvez rire du salut, vous pouvez vous satisfaire de vos jeux éphémères, / Vous croyez qu'à votre dernier repos vous retournerez d'où vous venez ? / Mais vous n’avez pas respecté les règles, vous avez changé depuis l'origine. / Qu'est-il arrivé à celui que vous êtes vraiment ? / Qui pourra sauver votre âme à présent ?
Nous sommes les élus de la Sainte Lumière / Détestez-nous jusqu'à la mort, / Nous n’avons pas peur de votre jugement / Car vous ne pourrez échapper à Son châtiment."
Patient et minutieux, penché sur son travail, il recopiait. Une main posée à plat sur les manuscrits pour éviter qu'ils ne se recroquevillent sur eux-mêmes par habitude d'être roulés, les yeux glissant avec vivacité depuis ses modèles jusqu'à son ouvrage. On n'entendait que le bruit léger de sa respiration, le sifflement ténu des bougies, et le grattement rassurant, régulier, de la plume d'oie sur le parchemin quand elle ne tintait pas au rebord de l'encrier.
Il se faisait très tard, ou très tôt. Régnait dans la caserne une atmosphère toute particulière, très douce et presque intime, de celles que l'on ne peut vivre qu'en restant éveillé lorsque la nuit est avancée : une semi-pénombre, chassée par la mèche vacillante des bougies ou la lueur plus régulière d'une lampe quelconque, pétrole, magie ou rejeton de l'ingénierie gnome. Les factionnaires, en poste pour la garde de nuit, parlaient à mi-voix, ou jouaient aux dés et s'échangeaient, de temps en temps, des rires étouffés. Le parquet craquait comme celui d'un navire. A l'étage, si l'on prêtait l'oreille, on pouvait saisir des rumeurs de sommeil, des petits froissements de draps remués.
Saig reposa la plume, et sourit. Il jeta un regard sur les documents éparpillés autour de lui, d'une manière qui aurait fait rugir Lanniey et son sens du rangement maniaque. Des parchemins, des manuscrits, même une carte annotée par ses soins, quelques fins vélins, tout un fatras jaune et noir au sein duquel, sautant aux yeux, subsistait parfois l'éclat rouge d'un ancien sceau de cire, ou la grâce d'une vieille enluminure. Beaucoup d'ouvrages de Foi. Les autres, d'Histoire. Les autres encore, des témoignages de guerres récentes. Âtreval. La Purification. Leurs propagandes et leurs méfaits. Enfin, noyés ci et là, de mauvais parchemins recouverts de son écriture à lui, noire et griffonnée, reconnaissable entre mille.
Cette Foi en une Lumière courroucée et vengeresse était intrigante. La Foi des rouge et or, comme il les appelait pour lui. La Foi de Ragnaros, toute flamboyante et toute furieuse. Lanniey, avec ses mots à lui, lui avait parlé de philosophie. On lui avait souvent parlé de philosophie. Cela, il comprenait. Oui, oui, les Trois Vertus, Respect, Ténacité, Compassion ; c'était imbriqué dans sa mémoire sans qu'il sache réellement en quoi il aurait eu besoin de la Lumière pour les comprendre et les suivre. Pourquoi une Foi, alors ? Pourquoi prêter à une énergie aussi absente et abstraite autant de jalousie et d'exclusivité ? Pourquoi prêter des sentiments divins à ce qui ne peut jaillir que de la main des hommes ? Même les Naaru, qu'on disait de Lumière faits, semblaient se contenter de leur propre passivité. Encourageaient, incitaient. Eclairaient. C'était certes beaucoup. Mais ça ne justifiait pas un culte. Non, vraiment, Saig ne comprenait pas. Saig ne saisissait pas.
Il laissa la chaise de bois grincer quand il se releva, fit quelques pas silencieux dans la pièce. S'étira comme un chat, ankylosé par son travail, levant haut les mains au-dessus de son crâne. Des factionnaires, depuis longtemps habitués aux particularités et au rythme de vie étrange du jeune Caporal, lui lancèrent un regard et un sourire, auxquels il répondit. Deux nuits, déjà, que le sommeil le fuyait. Et son corps, comme d'ordinaire, n'en porterait presque pas la marque.
Les yeux de Saig errèrent vers la volée de marches qui conduisaient aux geôles. Avec tout ce petit peuple enfermé, c'était comme s'il y avait deux mondes différents superposés dans la caserne. Celui d'en haut, l'équipe de la Garde, avec ses déboires et ses tensions, ses sourires et ses éclats, son remue-ménage quotidien, son lot de réussites ou de drames. Et celui d'en bas, avec la même chose, mais de manière bien plus secrète, bien plus discrète. Pour l'heure, le monde d'en-haut dominait celui d'en-bas et en faisait son terrain d'observation, mais le monde d'en-bas, malin et prudent, ruminait sa vengeance.
S'amusant à tirer des parallèles, il se fit un récapitulatif mental des détenus. Le meneur - le capitaine du navire flanqué de ses seconds ; les matelots, habiles à la manoeuvre mais jugés encore trop peu expérimentés, ou dignes de confiance, pour que leur soient léguées de plus grandes responsabilités ; et enfin les mousses, tout juste bons à larguer l'amarre. Il mit des noms sur chaque rôle, jaugea le tout, pouffa de rire. Eux aussi, après tout, à la Garde, étaient une équipe de navire. Y songer lui fit relever les yeux vers le bureau des officiers. On voyait peu la Commandante ces jours-ci, probablement par somme de travail et par choix. Dame Marteau-Hardi n'était pas de ceux qui grondent et tempêtent à qui mieux mieux lorsqu'ils sont débordés, après tout. Beaucoup plus songeur, Saig se rassit. La naine était de cette sorte de gens qu'il appréciait ou admirait parfois, à la fois calmes et discrets, droits et intelligents. Par dessus cela, elle avait cet humour - ou cynisme - qui supposait un regard fin et acéré sur les choses qui l'entouraient, bien plus aiguisé par l'âge et l'expérience que le sien propre. Il hocha la tête. Il éprouvait beaucoup d'affection pour son Commandant, en fin de compte. Oui : c'était un bon Capitaine.
En guise de quartier-maître venait le Major, Dame Alrun. Il lui ressemblait un peu, par son entêtement au travail qui pouvait la rendre parfois bornée et insupportable. Leurs disputes, à tous les deux, devaient être assez décourageantes, vues de l'extérieur. Il admirait chez elle sa loyauté sans faille et sa rigueur toute dévouée aux causes qu'elle défendait ; il déplorait son manque d'imagination parfois, certaines difficultés d'adaptation, et un pragmatisme qu'il prenait pour du pessimisme nié. C'était cependant une femme intelligente, elle aussi. Habile à la déduction. Elle ne volait pas sa place au sein de la Garde.
Saig se méfiait plus des autres seconds, des Lieutenants. Du caractère étrange de Saell, parfois joueur, parfois sec et injuste voire exclusif selon ses propres critères. Et puis, Neptulon l'en préserve, c'était un chat ! Un druide maudit, mais un chat. Une fierté toute humaine l'empêchait d'accepter totalement qu'une telle créature lui donne des ordres - ce qui, au fond, était paradoxal, lui-même étant plus proche de l'animal que de l'être humain dans nombre de ses réactions et comportements. Egoniss... C'était une draenei. Il lui était difficile de se sentir à l'aise en présence de ces créatures. Trop grandes, trop différentes, des modes de pensée qui n'appartenaient tout simplement pas au même monde, ni à la même sphère d'existence. Il avait l'impression de parler un autre langage. Enfin... Venait Elanande. Une gamine qui aurait trop vécu, ou vécu trop vite en peu de temps. Elle le rendait perplexe. Il la pressentait plus fine et rusée que ses abords capricieux ne le laissaient entendre. Et par-dessus cela, l'instinct lui disait qu'elle se... méfiait de lui, aussi. Peut-être pour de mauvaises raisons. Peut-être pour les bonnes.
Le seul en fin de compte à éveiller réellement sa sympathie était "Grumph", car bourru et entier, clairement animal celui-là et ne s'en cachant pas. Mais peut-être était-ce là simplement l'effet de son amitié pour Veldrin, l'un des seuls à avoir cherché l'homme derrière le Garde - l'un des seuls à s'être confié et à avoir cherché, sincèrement, la confidence. Porte-Martel aussi. Encore un être plus fin, cultivé et raisonné que ses apparences braillardes ne le laissaient deviner. C'était un homme droit et sincère et, par là même, rassurant, au même titre que la Commandante.
L'essentiel... Oui, l'essentiel était que, malgré ces petites divergences et quelques querelles larvées, l'équipe restait unie et soudée. Prête à conduire et entraîner le moutonnement des matelots et des mousses, des Gardes, Soldats et Recrues. Saig songea à l'orgueil chatoyant des deux bleusailles Murmelys et Yksinäinen, soupira. Soupira aussi à l'évocation de Cheena et de son caractère invivable, mais sourit en se remémorant ses lèvres et la chaleur de sa peau. Puis pensa à Vespérale, et son sourire disparut. Chercha machinalement des yeux la silhouette un peu pataude d'Edwörn ; le bougre lui manquait. Son esprit glissa vers Bromar, espérant que le géant n'agirait pas inconsidérément face au drame qui frappait son ami. Par voie de fait, il passa à Léa et pinça les lèvres ; elle l'agaçait, celle-là, mais il tentait de se montrer patient et tolérant vis à vis d'elle - surtout vu l'épreuve qu'elle venait de traverser. D'autres noms se bousculèrent, d'autres visages. Khadija l'enjouée, la maladive Strauss - il serra le poing. La loyale Kandhar. L'insaisissable Ferrith. Et Aïanis, qu'il avait trouvé touchant dans sa demande de conseil. Et Raika, et Lyly, et l'étrange Rosethe, et Thelya, et Sergei, et tant d'autres. Tout un univers qu'il commençait tout juste à connaître, à apprécier. A considérer comme son nouveau chez-lui.
Enfin, bien sûr... Lanniey. "Son" Lanniey. Lanniey l'anguille, le charmeur, le médecin, le salaud. Tout en couleurs et en éclats. Eclats de voix, éclats d'humeur, éclats de rire. Presque une partie de lui. La vie en terre ferme avait fait ressurgir certaines ombres chez son ami, des secrets qu'il commençait timidement à accepter de lui confier quand ils ne les évoquaient, tous deux, qu'à demi-mots en mer. En contrepartie, il lui cédait un peu de sa propre histoire. Saig avait craint que, loin d'Elle, leurs liens ne se distendent mais, finalement, tout contribuait à resserrer le noeud fraternel qui les unissait tous les deux.
Après un long moment, le jeune homme se redressa. Rassembla les parchemins, replia codex et manuscrits, roula et lia les vieilles missives et les cartes abîmées. Souffla ou moucha les bougies, n'en garda qu'une, dont il se saisit. Il descendit doucement vers les geôles, la cire chaude lui coulant sur les doigts.
Après un salut silencieux aux factionnaires, il ouvrit la trappe de la lucarne et promena la flamme ainsi que son regard dans l'obscurité de la prison. S'attarda sur la silhouette d'Aréllys, sur celle de Pérod, devinée loin au fond. La veille, il avait entamé une nouvelle mesure dans la joute verbale entre les Rouges et lui mais, étonnamment, ce fut Augur qui répondit à l'appel plutôt que la demi-Elfe. Elle avait voulu jouer. Ils avaient dansé. Cela avait été plus proche de la valse que du combat, mais le plaisir fut tout de même au rendez-vous. Il l'avait à plusieurs reprises sentie hésiter, se fissurer. Prête au faux-pas, mais suffisamment habile et altière pour se rattraper encore. Et encore. Et encore. Combien de temps allait-elle tenir ?
Saig sourit. S'étant jusqu'ici plus ou moins contenté de tourner autour, il avait commencé à mordiller les mollets de sa proie. La chasse prenait enfin une tournure intéressante. Aréllys et Pérod lui plaisaient, vraiment, physiquement autant que spirituellement - car ces deux notions n'étaient pas vraiment distinctes chez lui, non plus que la guerre et l'amour d'ailleurs.
"Tu n'es pas un homme, lui avait dit, récemment, quelqu'un qu'il haïssait. Tu es une jeune bête qui s'est couverte d'une peau arrachée."
Il frissonna, de colère, de plaisir, d'excitation. Il frissonna, car c'était vrai.
Le jeune Caporal tourna les talons, refermant soigneusement la lucarne. Monta dans la salle commune, nettoya la cire collée à ses doigts, et souffla la bougie d'un seul coup.
Ils avaient beau se donner des noms de bêtes, le véritable animal, c'était lui.
"(...) Vous pouvez rire du salut, vous pouvez vous satisfaire de vos jeux éphémères, / Vous croyez qu'à votre dernier repos vous retournerez d'où vous venez ? / Mais vous n’avez pas respecté les règles, vous avez changé depuis l'origine. / Qu'est-il arrivé à celui que vous êtes vraiment ? / Qui pourra sauver votre âme à présent ?
Nous sommes les élus de la Sainte Lumière / Détestez-nous jusqu'à la mort, / Nous n’avons pas peur de votre jugement / Car vous ne pourrez échapper à Son châtiment."
Patient et minutieux, penché sur son travail, il recopiait. Une main posée à plat sur les manuscrits pour éviter qu'ils ne se recroquevillent sur eux-mêmes par habitude d'être roulés, les yeux glissant avec vivacité depuis ses modèles jusqu'à son ouvrage. On n'entendait que le bruit léger de sa respiration, le sifflement ténu des bougies, et le grattement rassurant, régulier, de la plume d'oie sur le parchemin quand elle ne tintait pas au rebord de l'encrier.
Il se faisait très tard, ou très tôt. Régnait dans la caserne une atmosphère toute particulière, très douce et presque intime, de celles que l'on ne peut vivre qu'en restant éveillé lorsque la nuit est avancée : une semi-pénombre, chassée par la mèche vacillante des bougies ou la lueur plus régulière d'une lampe quelconque, pétrole, magie ou rejeton de l'ingénierie gnome. Les factionnaires, en poste pour la garde de nuit, parlaient à mi-voix, ou jouaient aux dés et s'échangeaient, de temps en temps, des rires étouffés. Le parquet craquait comme celui d'un navire. A l'étage, si l'on prêtait l'oreille, on pouvait saisir des rumeurs de sommeil, des petits froissements de draps remués.
Saig reposa la plume, et sourit. Il jeta un regard sur les documents éparpillés autour de lui, d'une manière qui aurait fait rugir Lanniey et son sens du rangement maniaque. Des parchemins, des manuscrits, même une carte annotée par ses soins, quelques fins vélins, tout un fatras jaune et noir au sein duquel, sautant aux yeux, subsistait parfois l'éclat rouge d'un ancien sceau de cire, ou la grâce d'une vieille enluminure. Beaucoup d'ouvrages de Foi. Les autres, d'Histoire. Les autres encore, des témoignages de guerres récentes. Âtreval. La Purification. Leurs propagandes et leurs méfaits. Enfin, noyés ci et là, de mauvais parchemins recouverts de son écriture à lui, noire et griffonnée, reconnaissable entre mille.
Cette Foi en une Lumière courroucée et vengeresse était intrigante. La Foi des rouge et or, comme il les appelait pour lui. La Foi de Ragnaros, toute flamboyante et toute furieuse. Lanniey, avec ses mots à lui, lui avait parlé de philosophie. On lui avait souvent parlé de philosophie. Cela, il comprenait. Oui, oui, les Trois Vertus, Respect, Ténacité, Compassion ; c'était imbriqué dans sa mémoire sans qu'il sache réellement en quoi il aurait eu besoin de la Lumière pour les comprendre et les suivre. Pourquoi une Foi, alors ? Pourquoi prêter à une énergie aussi absente et abstraite autant de jalousie et d'exclusivité ? Pourquoi prêter des sentiments divins à ce qui ne peut jaillir que de la main des hommes ? Même les Naaru, qu'on disait de Lumière faits, semblaient se contenter de leur propre passivité. Encourageaient, incitaient. Eclairaient. C'était certes beaucoup. Mais ça ne justifiait pas un culte. Non, vraiment, Saig ne comprenait pas. Saig ne saisissait pas.
Il laissa la chaise de bois grincer quand il se releva, fit quelques pas silencieux dans la pièce. S'étira comme un chat, ankylosé par son travail, levant haut les mains au-dessus de son crâne. Des factionnaires, depuis longtemps habitués aux particularités et au rythme de vie étrange du jeune Caporal, lui lancèrent un regard et un sourire, auxquels il répondit. Deux nuits, déjà, que le sommeil le fuyait. Et son corps, comme d'ordinaire, n'en porterait presque pas la marque.
Les yeux de Saig errèrent vers la volée de marches qui conduisaient aux geôles. Avec tout ce petit peuple enfermé, c'était comme s'il y avait deux mondes différents superposés dans la caserne. Celui d'en haut, l'équipe de la Garde, avec ses déboires et ses tensions, ses sourires et ses éclats, son remue-ménage quotidien, son lot de réussites ou de drames. Et celui d'en bas, avec la même chose, mais de manière bien plus secrète, bien plus discrète. Pour l'heure, le monde d'en-haut dominait celui d'en-bas et en faisait son terrain d'observation, mais le monde d'en-bas, malin et prudent, ruminait sa vengeance.
S'amusant à tirer des parallèles, il se fit un récapitulatif mental des détenus. Le meneur - le capitaine du navire flanqué de ses seconds ; les matelots, habiles à la manoeuvre mais jugés encore trop peu expérimentés, ou dignes de confiance, pour que leur soient léguées de plus grandes responsabilités ; et enfin les mousses, tout juste bons à larguer l'amarre. Il mit des noms sur chaque rôle, jaugea le tout, pouffa de rire. Eux aussi, après tout, à la Garde, étaient une équipe de navire. Y songer lui fit relever les yeux vers le bureau des officiers. On voyait peu la Commandante ces jours-ci, probablement par somme de travail et par choix. Dame Marteau-Hardi n'était pas de ceux qui grondent et tempêtent à qui mieux mieux lorsqu'ils sont débordés, après tout. Beaucoup plus songeur, Saig se rassit. La naine était de cette sorte de gens qu'il appréciait ou admirait parfois, à la fois calmes et discrets, droits et intelligents. Par dessus cela, elle avait cet humour - ou cynisme - qui supposait un regard fin et acéré sur les choses qui l'entouraient, bien plus aiguisé par l'âge et l'expérience que le sien propre. Il hocha la tête. Il éprouvait beaucoup d'affection pour son Commandant, en fin de compte. Oui : c'était un bon Capitaine.
En guise de quartier-maître venait le Major, Dame Alrun. Il lui ressemblait un peu, par son entêtement au travail qui pouvait la rendre parfois bornée et insupportable. Leurs disputes, à tous les deux, devaient être assez décourageantes, vues de l'extérieur. Il admirait chez elle sa loyauté sans faille et sa rigueur toute dévouée aux causes qu'elle défendait ; il déplorait son manque d'imagination parfois, certaines difficultés d'adaptation, et un pragmatisme qu'il prenait pour du pessimisme nié. C'était cependant une femme intelligente, elle aussi. Habile à la déduction. Elle ne volait pas sa place au sein de la Garde.
Saig se méfiait plus des autres seconds, des Lieutenants. Du caractère étrange de Saell, parfois joueur, parfois sec et injuste voire exclusif selon ses propres critères. Et puis, Neptulon l'en préserve, c'était un chat ! Un druide maudit, mais un chat. Une fierté toute humaine l'empêchait d'accepter totalement qu'une telle créature lui donne des ordres - ce qui, au fond, était paradoxal, lui-même étant plus proche de l'animal que de l'être humain dans nombre de ses réactions et comportements. Egoniss... C'était une draenei. Il lui était difficile de se sentir à l'aise en présence de ces créatures. Trop grandes, trop différentes, des modes de pensée qui n'appartenaient tout simplement pas au même monde, ni à la même sphère d'existence. Il avait l'impression de parler un autre langage. Enfin... Venait Elanande. Une gamine qui aurait trop vécu, ou vécu trop vite en peu de temps. Elle le rendait perplexe. Il la pressentait plus fine et rusée que ses abords capricieux ne le laissaient entendre. Et par-dessus cela, l'instinct lui disait qu'elle se... méfiait de lui, aussi. Peut-être pour de mauvaises raisons. Peut-être pour les bonnes.
Le seul en fin de compte à éveiller réellement sa sympathie était "Grumph", car bourru et entier, clairement animal celui-là et ne s'en cachant pas. Mais peut-être était-ce là simplement l'effet de son amitié pour Veldrin, l'un des seuls à avoir cherché l'homme derrière le Garde - l'un des seuls à s'être confié et à avoir cherché, sincèrement, la confidence. Porte-Martel aussi. Encore un être plus fin, cultivé et raisonné que ses apparences braillardes ne le laissaient deviner. C'était un homme droit et sincère et, par là même, rassurant, au même titre que la Commandante.
L'essentiel... Oui, l'essentiel était que, malgré ces petites divergences et quelques querelles larvées, l'équipe restait unie et soudée. Prête à conduire et entraîner le moutonnement des matelots et des mousses, des Gardes, Soldats et Recrues. Saig songea à l'orgueil chatoyant des deux bleusailles Murmelys et Yksinäinen, soupira. Soupira aussi à l'évocation de Cheena et de son caractère invivable, mais sourit en se remémorant ses lèvres et la chaleur de sa peau. Puis pensa à Vespérale, et son sourire disparut. Chercha machinalement des yeux la silhouette un peu pataude d'Edwörn ; le bougre lui manquait. Son esprit glissa vers Bromar, espérant que le géant n'agirait pas inconsidérément face au drame qui frappait son ami. Par voie de fait, il passa à Léa et pinça les lèvres ; elle l'agaçait, celle-là, mais il tentait de se montrer patient et tolérant vis à vis d'elle - surtout vu l'épreuve qu'elle venait de traverser. D'autres noms se bousculèrent, d'autres visages. Khadija l'enjouée, la maladive Strauss - il serra le poing. La loyale Kandhar. L'insaisissable Ferrith. Et Aïanis, qu'il avait trouvé touchant dans sa demande de conseil. Et Raika, et Lyly, et l'étrange Rosethe, et Thelya, et Sergei, et tant d'autres. Tout un univers qu'il commençait tout juste à connaître, à apprécier. A considérer comme son nouveau chez-lui.
Enfin, bien sûr... Lanniey. "Son" Lanniey. Lanniey l'anguille, le charmeur, le médecin, le salaud. Tout en couleurs et en éclats. Eclats de voix, éclats d'humeur, éclats de rire. Presque une partie de lui. La vie en terre ferme avait fait ressurgir certaines ombres chez son ami, des secrets qu'il commençait timidement à accepter de lui confier quand ils ne les évoquaient, tous deux, qu'à demi-mots en mer. En contrepartie, il lui cédait un peu de sa propre histoire. Saig avait craint que, loin d'Elle, leurs liens ne se distendent mais, finalement, tout contribuait à resserrer le noeud fraternel qui les unissait tous les deux.
Après un long moment, le jeune homme se redressa. Rassembla les parchemins, replia codex et manuscrits, roula et lia les vieilles missives et les cartes abîmées. Souffla ou moucha les bougies, n'en garda qu'une, dont il se saisit. Il descendit doucement vers les geôles, la cire chaude lui coulant sur les doigts.
Après un salut silencieux aux factionnaires, il ouvrit la trappe de la lucarne et promena la flamme ainsi que son regard dans l'obscurité de la prison. S'attarda sur la silhouette d'Aréllys, sur celle de Pérod, devinée loin au fond. La veille, il avait entamé une nouvelle mesure dans la joute verbale entre les Rouges et lui mais, étonnamment, ce fut Augur qui répondit à l'appel plutôt que la demi-Elfe. Elle avait voulu jouer. Ils avaient dansé. Cela avait été plus proche de la valse que du combat, mais le plaisir fut tout de même au rendez-vous. Il l'avait à plusieurs reprises sentie hésiter, se fissurer. Prête au faux-pas, mais suffisamment habile et altière pour se rattraper encore. Et encore. Et encore. Combien de temps allait-elle tenir ?
Saig sourit. S'étant jusqu'ici plus ou moins contenté de tourner autour, il avait commencé à mordiller les mollets de sa proie. La chasse prenait enfin une tournure intéressante. Aréllys et Pérod lui plaisaient, vraiment, physiquement autant que spirituellement - car ces deux notions n'étaient pas vraiment distinctes chez lui, non plus que la guerre et l'amour d'ailleurs.
"Tu n'es pas un homme, lui avait dit, récemment, quelqu'un qu'il haïssait. Tu es une jeune bête qui s'est couverte d'une peau arrachée."
Il frissonna, de colère, de plaisir, d'excitation. Il frissonna, car c'était vrai.
Le jeune Caporal tourna les talons, refermant soigneusement la lucarne. Monta dans la salle commune, nettoya la cire collée à ses doigts, et souffla la bougie d'un seul coup.
Ils avaient beau se donner des noms de bêtes, le véritable animal, c'était lui.
Saig Segondell- Citoyen
- Nombre de messages : 255
Age : 39
Lieu de naissance : Âprefange
Age : 24
Date d'inscription : 19/04/2010
Feuille de personnage
Nom de famille: Segondell
Re: [A faire vivre] Rétribution
D'un même vignoble, d'un même fruit, on obtient un vin semblable, peut être. Mais sur la vandange d'une même année, le résultat peut différé, car la provenance ne fait pas tout, et la façon dont il viellit, et dont il est servit, peut tout changer.
Léa regarda cette phrase, sur son libram. Elle se pinça les lèvres, hésitante. Elle savait qu'elle pouvait avoir toute confiance en Saell. Il croyait en elle, tout comme Trylia. Elle comprenait ce qu'il voulait dire, en parlant évoquant cette métaphore. Cet Alyose l'intriguait, plus que les autres. Car en eux, elle ne sentait pas le Devoir. Elle ne sentait qu'une sorte de brume, un voile étrange, dérangeant. Perod, elle, partageait quelque chose avec Léa. Une sorte de conscience, de présence par dela leur simple présence. Elle avait la Foi, cette Foi qu'on reprochait à Léa. Mais quelque chose les séparaient. Une sorte de mur, instable, intengible, mais bel et bien là.
Léa savait que certains garde s'investissaient enormement dans cet affaire. Ils analysaient, comparaient les rapports, et faisaient des décuctions. La logique était leur flambeau, et leur égide. Elle pensait à Saig, et cette ballade dans la cours avec Basto. Lui qui voyait une détenue, dangereuse sans doute, mais une simple détenue, Léa voyait une mauvaise personne de celles qui ne La servent pas, mais se servent de son image, pour justifier des actes odieux, bien loin des trois vertue, et du Devoir envers son pays, et son Roy. Elle avait étée tetanisé de la voir ainsi, comme si un court instant, elle avait pu contempler l'âme de cette femme, sous son masque.
La Lumière garde les Justes.
Les autres gardes ne comprenait pas ce que Léa voyait. Ils pensait qu'elle était suffisament fragile pour être manipulée par ces Lordaeronais. Qu'elle pouvait être détournée de son Devoir par leurs paroles et leurs discours. Mais elle n'oublierait pas, que seul le Devoir compte, que le reste importe peu. Léa n'oubliait pas qui elle servait. le Lion d'Or et d'Azur l'observait chaque jour, et porter son Image sur son tabard lui rappelait avec modestie qu'elle était au Service de la Majesté et de la Lumière.
Après tout, la Lumière nous garde.
Léa regarda cette phrase, sur son libram. Elle se pinça les lèvres, hésitante. Elle savait qu'elle pouvait avoir toute confiance en Saell. Il croyait en elle, tout comme Trylia. Elle comprenait ce qu'il voulait dire, en parlant évoquant cette métaphore. Cet Alyose l'intriguait, plus que les autres. Car en eux, elle ne sentait pas le Devoir. Elle ne sentait qu'une sorte de brume, un voile étrange, dérangeant. Perod, elle, partageait quelque chose avec Léa. Une sorte de conscience, de présence par dela leur simple présence. Elle avait la Foi, cette Foi qu'on reprochait à Léa. Mais quelque chose les séparaient. Une sorte de mur, instable, intengible, mais bel et bien là.
Léa savait que certains garde s'investissaient enormement dans cet affaire. Ils analysaient, comparaient les rapports, et faisaient des décuctions. La logique était leur flambeau, et leur égide. Elle pensait à Saig, et cette ballade dans la cours avec Basto. Lui qui voyait une détenue, dangereuse sans doute, mais une simple détenue, Léa voyait une mauvaise personne de celles qui ne La servent pas, mais se servent de son image, pour justifier des actes odieux, bien loin des trois vertue, et du Devoir envers son pays, et son Roy. Elle avait étée tetanisé de la voir ainsi, comme si un court instant, elle avait pu contempler l'âme de cette femme, sous son masque.
La Lumière garde les Justes.
Les autres gardes ne comprenait pas ce que Léa voyait. Ils pensait qu'elle était suffisament fragile pour être manipulée par ces Lordaeronais. Qu'elle pouvait être détournée de son Devoir par leurs paroles et leurs discours. Mais elle n'oublierait pas, que seul le Devoir compte, que le reste importe peu. Léa n'oubliait pas qui elle servait. le Lion d'Or et d'Azur l'observait chaque jour, et porter son Image sur son tabard lui rappelait avec modestie qu'elle était au Service de la Majesté et de la Lumière.
Après tout, la Lumière nous garde.
Gohrnor Mangeroc- Citoyen
- Nombre de messages : 182
Lieu de naissance : Zombieland
Age : quarante-douze
Date d'inscription : 10/04/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Ah ! Qu'est-ce qu'il aimait ses frères ! Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour eux ! Il était l'ainé, et pourtant le moins mature, c'était d'ailleurs le plus jeune qui était le plus réfléchi mais c'était aussi lui qui dormait en geôles. Caeran, quant à lui, était à présent introuvable. Gaëlen l'avait aperçu le lendemain des arrestations et lui avait préparé valises, argent, nourriture pour qu'il s'en aille loin... Où était-il allé ? Même lui ne le savait pas. Peut-être était-il encore à Hurlevent ? Ou retourné avec Halyndor ? Ces questions le rendaient fou. Mais il était persuadé d'une chose, l'interrogatoire sera simple. Il ne dira rien. Il savait les instructions. Il essaie de les suivre, du mieux qu'il pouvait. Il évitait au mieux les officiers, les gardes qui s'intéressaient à l'enquête. Il se faisait petit, petit, petit, comme Cherrug lui avait interdit de faire. Rester naturel ? Comment il pouvait le faire avec ses circonstances ? Il était tendu, à bout de nerf, et inquiet, il ne pouvait pas rester naturel. Tout pouvait s'effondrer une nouvelle fois d'un moment à l'autre. La première fois avait été trop dure, et au nom de Purge, de Halyndor, de Taelis et du fauconnier, il se tairait. Après tout ! Ce sont ses Frères ! D'armes ou de sang, qu'importe, ce sont ses Frères !
Deux semaines qu'ils sont enfermés, pourtant, Gaëlen comptait les jours comme si ça faisait des mois. Il avait, lui, craqué durant la deuxième semaine; il s'était promis de ne pas rendre visite aux prisonniers, si il voyait son frère, c'était fini, il aurait tout fait pour le sortir d'ici trouvant des excuses à son comportement. Si il voyait Cherrug, il s'en voudrait de ne rien pouvoir faire à part les enfoncer un peu plus. Malgré cela, il était descendu durant la nuit. Les fonctionnaires l'avaient vu, oui, il s'en fichait, ils n'entendront pas sa conversation... Du moins, il l'espérait du fond du coeur.
Il s'approcha seulement de la cellule de Ticky et lui murmura Larwik. Le plan Larwik. L'enregistrement Larwik. Il remonta aussitôt.
Aussi indécis soit-il, il était persuadé d'une chose. Les tentatives d'évasion n'allaient pas tarder à commencer, et il ne s'en mêlerait pas, il y a bien d'autres pigeons pour s'en charger à sa place. Après tout ! Entre gardes, on doit se soutenir, non ?
Deux semaines qu'ils sont enfermés, pourtant, Gaëlen comptait les jours comme si ça faisait des mois. Il avait, lui, craqué durant la deuxième semaine; il s'était promis de ne pas rendre visite aux prisonniers, si il voyait son frère, c'était fini, il aurait tout fait pour le sortir d'ici trouvant des excuses à son comportement. Si il voyait Cherrug, il s'en voudrait de ne rien pouvoir faire à part les enfoncer un peu plus. Malgré cela, il était descendu durant la nuit. Les fonctionnaires l'avaient vu, oui, il s'en fichait, ils n'entendront pas sa conversation... Du moins, il l'espérait du fond du coeur.
Il s'approcha seulement de la cellule de Ticky et lui murmura Larwik. Le plan Larwik. L'enregistrement Larwik. Il remonta aussitôt.
Aussi indécis soit-il, il était persuadé d'une chose. Les tentatives d'évasion n'allaient pas tarder à commencer, et il ne s'en mêlerait pas, il y a bien d'autres pigeons pour s'en charger à sa place. Après tout ! Entre gardes, on doit se soutenir, non ?
Gaelen Ferrith- Citoyen
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Date d'inscription : 11/02/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
La Foi. La foi est l'une des caractéristiques les plus intéressante de la plupart de mortels, quel qu'ils soient. Elle consiste à croire en quelqu'un, en quelque chose, ou en un idéal, et ce, sans avoir à se poser la moindre question. Certains idiots, comme ces "athés" ou n'importe quel autre incroyant, diront que c'est du fanatisme. Non, c'est de la Foi. Avec une majuscule. Une personne ne suivant pas aveuglément et sans le moindre doute sa cause ne peut pas prétendre avoir foi en elle. Nelthan Ferrith ne le pouvait pas. Ne le pouvait plus.
Cela fait maintenant quelques jours, peu après son "arrestation" des plus ridicules, que sa foi a définitivement cesser d'être. Mais, maintenant qu'il y pensait, il se demanda s'il ne l'avait pas perdue depuis bien plus longtemps. Mais quelle importance. Elle était partie, et, cette fois, ne reviendrait plus. Il ne pourrait en expliquer la raison. Il n'y en avait pas de précise. C'était plutôt... L'accumulation de certaines choses ne favorisant pas la foi. Et pourtant, lorsqu'on lui demandera s'il croit toujours en la Lumière, il répondra que oui. Si lui et les autres parvenaient à sortir, il continuerait de les suivre dans leur quête. Tout simplement parce qu'il ne pouvait en faire autrement. La véritable foi exige de lui consacrer toute sa vie, quitte à damner le reste. C'est ce qu'il avait fait. Et mis à part sa cause, il ne lui restait plus rien.
Mais l'humain s'y était fait. Difficilement, mais s'y était fait. Maintenant, et cela n'était pas arrivé depuis bien longtemps, il se sentait presque "en paix". Qu'importe ce qui nous arrive quand nous n'avons rien à perdre. Tout était beaucoup plus simple. Qu'on lui prenne sa vie, cela fera perdre du temps à celui qui s'en occupera. Il parvenait même à garder le sourire ! ... Sourire qui s'effaçait pourtant quand son regard, ou ses pensées, se posaient sur certaines personnes.
Ilyas Aubren.
Quel étrange homme. Mais en fin de compte, quand on le connaissait bien, il perdait tout le charme qu'on pouvait lui trouver auparavant. Il était comme tous les hommes de ce bas monde. Trop fier, arrogant, fourbe parfois, et surtout esclave de ses émotions. Sa fierté faisait que dans ces cellules, il paraissait confiant et inébranlable. Mais ce n'est rien que de la fierté. Mal placée, dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres. Mais Nelthan était forcé d'avouer que, sous un certain angle, Ilyas était... Fort et puissant. Pas dans le sens ou il le souhaiterait, malheureusement. Si dans leurs premiers jours de leur rencontre il ne l'avait pas apprécier, aujourd'hui, cela lui importait bien peu. Qu'il couche avec qui bon lui semble, qu'il blasphème. Lui aussi, devait avoir perdu la foi. Et tout comme Nelthan, il continuait à prétendre servir la Lumière pour avoir... Quelque chose.
Aréllys de Bristollan.
Elle, en revanche, était plus qu'étrange. Et définitivement, même lorsqu'on la connaissait. Ses crises de colères étaient droles, cependant. Et puis, il ne pouvait pas vraiment prétendre la connaitre. L'envie lui en manquait. Elle était intelligente, sans nul doute. Belle. Et aussi certainement manipulatrice et fourbe qu'un certain corbeau qui s'est récemment envolé pour se repaitre de nouveaux cadavres dans une région lointaine.
Ticky Basto.
Ticky... Il regrettait de l'avoir connue. Pas pour lui, mais pour elle. Il regrettait sincèrement de lui avoir causé tant de maux, encore plus ces jours-ci. C'est peut-être monstrueux de dire ceci, mais elle n'était qu'un passe-temps pour lui, du temps de leur relation. Une chose qui lui permettait de mieux supporter d'autres choses. Cependant, jamais il n'aurait imaginé qu'elle tomberait si amoureuse de lui. Il aurait du y mettre un terme plus tot, bien plus tot. Elle continuait néanmoins de lui témoigner de l'affection, malgré tout ce qu'il avait fait. Nelthan n'était pas du genre à avoir le moindre remord pour ses actes, et ils étaient nombreux. Mais, pour une raison qui lui échappait, il se sentait coupable à son propos. Alors qu'elle était loin d'etre le premier coeur qu'il a brisé.
Aloyse Pérod.
C'était sans aucun doute elle qui matait son sourire le plus efficacement possible, et le plus rapidement. Sa simple vue, le simple son de sa voix ou encore le fait de penser à son nom suffisait amplement. Il s'était passé avec elle ce qui s'était passé pour Ticky... Roles inversés. Il était le passe temps et elle était l'ennuyée. Il était l'aimant et elle était l'aimée. Leur relation, qui était plus poussée dans un sens que dans l'autre, avait été brève et... Différente. Aloyse témoignait rarement de.. L'affection. C'était d'ailleurs le contraire. Mais cela ne touchait nullement Nelthan. Si de simples mots pouvaient le blesser, il n'aurait pas survécut jusqu'ici. Et comme il l'avait fait lui-même fait tant de fois, elle se lassa de lui. Il savait que ça arriverait. Pas si tôt, peut-être, mais c'était à prévoir. Ce qu'il n'avait prévu, en revanche, c'est que cela le blesse tant. Et les piques de sa part, qui auparavant lui importaient peu mais qui continuèrent néanmoins après qu'elle aie mis un terme à cette histoire, atteignaient désormais bien plus leur but.
Et pendant qu'il ruminait toutes ces pensées, Nelthan restait immobile, debout, la tete contre les barreaux, sans sourire au visage. Le temps se faisait long. Et Sainte Lumière que l'ennui peut-être tortueuse. Encore plus, lorsqu'on sait que ce qui nous attend une fois l'attente terminée n'est guère plus resplendissant. D'ailleurs...
Attendre est encore une occupation. C'est ne rien attendre qui est terrible.
Qu'attendait-il ?
Cela fait maintenant quelques jours, peu après son "arrestation" des plus ridicules, que sa foi a définitivement cesser d'être. Mais, maintenant qu'il y pensait, il se demanda s'il ne l'avait pas perdue depuis bien plus longtemps. Mais quelle importance. Elle était partie, et, cette fois, ne reviendrait plus. Il ne pourrait en expliquer la raison. Il n'y en avait pas de précise. C'était plutôt... L'accumulation de certaines choses ne favorisant pas la foi. Et pourtant, lorsqu'on lui demandera s'il croit toujours en la Lumière, il répondra que oui. Si lui et les autres parvenaient à sortir, il continuerait de les suivre dans leur quête. Tout simplement parce qu'il ne pouvait en faire autrement. La véritable foi exige de lui consacrer toute sa vie, quitte à damner le reste. C'est ce qu'il avait fait. Et mis à part sa cause, il ne lui restait plus rien.
Mais l'humain s'y était fait. Difficilement, mais s'y était fait. Maintenant, et cela n'était pas arrivé depuis bien longtemps, il se sentait presque "en paix". Qu'importe ce qui nous arrive quand nous n'avons rien à perdre. Tout était beaucoup plus simple. Qu'on lui prenne sa vie, cela fera perdre du temps à celui qui s'en occupera. Il parvenait même à garder le sourire ! ... Sourire qui s'effaçait pourtant quand son regard, ou ses pensées, se posaient sur certaines personnes.
Ilyas Aubren.
Quel étrange homme. Mais en fin de compte, quand on le connaissait bien, il perdait tout le charme qu'on pouvait lui trouver auparavant. Il était comme tous les hommes de ce bas monde. Trop fier, arrogant, fourbe parfois, et surtout esclave de ses émotions. Sa fierté faisait que dans ces cellules, il paraissait confiant et inébranlable. Mais ce n'est rien que de la fierté. Mal placée, dans ce cas, comme dans beaucoup d'autres. Mais Nelthan était forcé d'avouer que, sous un certain angle, Ilyas était... Fort et puissant. Pas dans le sens ou il le souhaiterait, malheureusement. Si dans leurs premiers jours de leur rencontre il ne l'avait pas apprécier, aujourd'hui, cela lui importait bien peu. Qu'il couche avec qui bon lui semble, qu'il blasphème. Lui aussi, devait avoir perdu la foi. Et tout comme Nelthan, il continuait à prétendre servir la Lumière pour avoir... Quelque chose.
Aréllys de Bristollan.
Elle, en revanche, était plus qu'étrange. Et définitivement, même lorsqu'on la connaissait. Ses crises de colères étaient droles, cependant. Et puis, il ne pouvait pas vraiment prétendre la connaitre. L'envie lui en manquait. Elle était intelligente, sans nul doute. Belle. Et aussi certainement manipulatrice et fourbe qu'un certain corbeau qui s'est récemment envolé pour se repaitre de nouveaux cadavres dans une région lointaine.
Ticky Basto.
Ticky... Il regrettait de l'avoir connue. Pas pour lui, mais pour elle. Il regrettait sincèrement de lui avoir causé tant de maux, encore plus ces jours-ci. C'est peut-être monstrueux de dire ceci, mais elle n'était qu'un passe-temps pour lui, du temps de leur relation. Une chose qui lui permettait de mieux supporter d'autres choses. Cependant, jamais il n'aurait imaginé qu'elle tomberait si amoureuse de lui. Il aurait du y mettre un terme plus tot, bien plus tot. Elle continuait néanmoins de lui témoigner de l'affection, malgré tout ce qu'il avait fait. Nelthan n'était pas du genre à avoir le moindre remord pour ses actes, et ils étaient nombreux. Mais, pour une raison qui lui échappait, il se sentait coupable à son propos. Alors qu'elle était loin d'etre le premier coeur qu'il a brisé.
Aloyse Pérod.
C'était sans aucun doute elle qui matait son sourire le plus efficacement possible, et le plus rapidement. Sa simple vue, le simple son de sa voix ou encore le fait de penser à son nom suffisait amplement. Il s'était passé avec elle ce qui s'était passé pour Ticky... Roles inversés. Il était le passe temps et elle était l'ennuyée. Il était l'aimant et elle était l'aimée. Leur relation, qui était plus poussée dans un sens que dans l'autre, avait été brève et... Différente. Aloyse témoignait rarement de.. L'affection. C'était d'ailleurs le contraire. Mais cela ne touchait nullement Nelthan. Si de simples mots pouvaient le blesser, il n'aurait pas survécut jusqu'ici. Et comme il l'avait fait lui-même fait tant de fois, elle se lassa de lui. Il savait que ça arriverait. Pas si tôt, peut-être, mais c'était à prévoir. Ce qu'il n'avait prévu, en revanche, c'est que cela le blesse tant. Et les piques de sa part, qui auparavant lui importaient peu mais qui continuèrent néanmoins après qu'elle aie mis un terme à cette histoire, atteignaient désormais bien plus leur but.
Et pendant qu'il ruminait toutes ces pensées, Nelthan restait immobile, debout, la tete contre les barreaux, sans sourire au visage. Le temps se faisait long. Et Sainte Lumière que l'ennui peut-être tortueuse. Encore plus, lorsqu'on sait que ce qui nous attend une fois l'attente terminée n'est guère plus resplendissant. D'ailleurs...
Attendre est encore une occupation. C'est ne rien attendre qui est terrible.
Qu'attendait-il ?
Nelthan Ferrith- Citoyen
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Date d'inscription : 11/02/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
« Le marbre ne frissonne pas, Pérod. Et vous avez tremblé. »
Elle avait dormi presque paisiblement malgré les circonstances. Elle grogna en se relevant, hagarde. Elle n’avait pas perdu que de l’assurance, ses jambes étaient amaigries, presque tremblantes. Ses membres émettaient des craquements sordides à chaque mouvement, même de faible ampleur. Elle cligna plusieurs fois des yeux pour s’habituer à la pénombre ambiante et regarda chaque cellule à portée. Quatorze jours. Elle soupira et continua de balayer la pièce du regard, cherchant une autre silhouette, un Caporal, qui l’avait presque mise à nue la veille, presque.
Aloyse avait tremblé. Des frissons glacés lui avaient parcourue l’échine, plusieurs fois. Par vagues. Appréhension. Peur irraisonnée. Excitation, aussi.
Elle avait senti le souffle de Saig dans son cou, elle avait craint de sentir ses lèvres sur sa peau, ses lèvres ou ses crocs. Elle avait cependant espéré ce contact, non pas à la manière d’une maîtresse impatiente mais plutôt comme une créature acculée et résignée.
Le souffle, presque grisant, avait comme enveloppé la jeune femme d’une fine pellicule de gel, anesthésiant sa volonté et sa raison. Elle n’avait presque pas bougé. Elle avait à peine répliqué. Il avait souri, ri de son émoi. Il avait trouvé la faille, l’avait effleurée d’une exhalaison mais n’avait pas insisté. C’était inutile, il avait réussi. Ce Saig était perfide. Patient et attentif, constamment aux aguets. Il était dérangeant et ne se privait pas de la bousculer, de la harceler. Quelques larmes avaient roulées sur les joues pâles de la jeune femme durant la nuit, il se serait délecté de ce spectacle.
Aloyse haïssait cette vulnérabilité. Vulnérabilité qui s’était accrue avec les fers, bien sûr, mais avec l’absence de son aura, surtout. Privée de Sa protection et de Sa force, elle était comme estropiée. Les barrières tombaient les unes après les autres à la manière d’un château de cartes ridicule. Elle aurait préféré les insultes, les menaces, la mort, s’il le fallait, plutôt que ce dépouillement, plutôt que de devoir chaque minute vérifier ses protections pour une raison qui dépassait sa détention.
Il lui restait la Foi. Cette Foi qui consiste à ne jamais renier dans les ténèbres ce qu’on a entrevu dans la lumière.
Pourtant elle ne cessait de le répéter, à Léa, à elle-même. La bénédiction qu’Elle leur accordait n’était pas un dû mais un combat, une conquête. Aloyse était consciente de ses faiblesses qui lui rappelaient qu’au fond, elle était une mortelle, bassement humaine. La Lumière pourrait la rejeter, si Elle ne l’avait déjà fait. Il faudrait le vérifier.
Elle trébuchait, la plupart du temps malgré elle. Parfois certains faux pas étaient calculés, réfléchis. Mais souvent, elle était contrainte de reculer. Lancée dans une partie d’échecs, elle devait sacrifier un pion ou une tour pour préserver la Dame, avec un temps de réflexion plus que restreint. Elle comptabilisait ses pertes, ses forces restantes, sans savoir ce qu’il restait dans le jeu adverse. Cherrug, Nelthan ou même Aréllys, dans une moindre mesure, ne semblaient pas lutter si ardemment contre eux-mêmes. Aloyse se voyait souveraine d’une forteresse assiégée et balayée par la tempête, prise au piège de son trône de pierre, immobile. Le trône frémissait et glissait lentement, emportant dans sa chute la passagère. De petites ombres alentours attendaient, épiaient, prêtes à dévorer la force vitale de la suppliciée. Pourquoi ne voulait-elle pas se détacher, abandonner ? Peut être que sans son trône, la jeune femme n’était rien. Peut être que sans sa forteresse, Aloyse était vide. Et par fierté ou orgueil, elle se refusait à apparaître sous ce jour, elle se refusait à perdre le contrôle. Elle trébucherait, de plus en plus, mais se rattraperait, il le fallait. La nuit, quand le vent cessait de hurler, de s’engouffrer dans les brèches, et que les petites ombres cessaient de ramper, la forteresse recouvrait un peu de sérénité.
Elle fatiguait déjà, à peine éveillée. Rester debout lui demandait un effort incroyable. Elle assistait presque impuissante à la lente agonie de ses forces physiques comme de ses certitudes. Elle regarda longuement Nelthan. Elle le maudissait d’avoir ouvert certaines portes interdites. Il avait payé, le prix fort, mais les séquelles étaient irréversibles.
Le pire, c’était cette sensation proche de l’ivresse que la situation lui inspirait. Elle avait déjà ressenti pareil sentiment lors d’une séance d’expiation. Lorsque la chair est malmenée, maltraitée au-delà du supportable, une sorte d’exaltation naissait, lui rappelant qu’elle était encore en vie. Le doute est ennemi de la Foi, mais il ne saurait être un ennemi mortel pour les avertis.
Il valait mieux oublier la soirée de la veille et se concentrait sur cette vague lueur, encore indistincte, entraperçue dans le regard du Caporal.
Après avoir regardé et subi, il serait peut être temps de passer à l’offensive, si les forces d’Aloyse le permettaient.
Aloyse avait tremblé. Des frissons glacés lui avaient parcourue l’échine, plusieurs fois. Par vagues. Appréhension. Peur irraisonnée. Excitation, aussi.
Elle avait senti le souffle de Saig dans son cou, elle avait craint de sentir ses lèvres sur sa peau, ses lèvres ou ses crocs. Elle avait cependant espéré ce contact, non pas à la manière d’une maîtresse impatiente mais plutôt comme une créature acculée et résignée.
Le souffle, presque grisant, avait comme enveloppé la jeune femme d’une fine pellicule de gel, anesthésiant sa volonté et sa raison. Elle n’avait presque pas bougé. Elle avait à peine répliqué. Il avait souri, ri de son émoi. Il avait trouvé la faille, l’avait effleurée d’une exhalaison mais n’avait pas insisté. C’était inutile, il avait réussi. Ce Saig était perfide. Patient et attentif, constamment aux aguets. Il était dérangeant et ne se privait pas de la bousculer, de la harceler. Quelques larmes avaient roulées sur les joues pâles de la jeune femme durant la nuit, il se serait délecté de ce spectacle.
Aloyse haïssait cette vulnérabilité. Vulnérabilité qui s’était accrue avec les fers, bien sûr, mais avec l’absence de son aura, surtout. Privée de Sa protection et de Sa force, elle était comme estropiée. Les barrières tombaient les unes après les autres à la manière d’un château de cartes ridicule. Elle aurait préféré les insultes, les menaces, la mort, s’il le fallait, plutôt que ce dépouillement, plutôt que de devoir chaque minute vérifier ses protections pour une raison qui dépassait sa détention.
Il lui restait la Foi. Cette Foi qui consiste à ne jamais renier dans les ténèbres ce qu’on a entrevu dans la lumière.
Pourtant elle ne cessait de le répéter, à Léa, à elle-même. La bénédiction qu’Elle leur accordait n’était pas un dû mais un combat, une conquête. Aloyse était consciente de ses faiblesses qui lui rappelaient qu’au fond, elle était une mortelle, bassement humaine. La Lumière pourrait la rejeter, si Elle ne l’avait déjà fait. Il faudrait le vérifier.
Elle trébuchait, la plupart du temps malgré elle. Parfois certains faux pas étaient calculés, réfléchis. Mais souvent, elle était contrainte de reculer. Lancée dans une partie d’échecs, elle devait sacrifier un pion ou une tour pour préserver la Dame, avec un temps de réflexion plus que restreint. Elle comptabilisait ses pertes, ses forces restantes, sans savoir ce qu’il restait dans le jeu adverse. Cherrug, Nelthan ou même Aréllys, dans une moindre mesure, ne semblaient pas lutter si ardemment contre eux-mêmes. Aloyse se voyait souveraine d’une forteresse assiégée et balayée par la tempête, prise au piège de son trône de pierre, immobile. Le trône frémissait et glissait lentement, emportant dans sa chute la passagère. De petites ombres alentours attendaient, épiaient, prêtes à dévorer la force vitale de la suppliciée. Pourquoi ne voulait-elle pas se détacher, abandonner ? Peut être que sans son trône, la jeune femme n’était rien. Peut être que sans sa forteresse, Aloyse était vide. Et par fierté ou orgueil, elle se refusait à apparaître sous ce jour, elle se refusait à perdre le contrôle. Elle trébucherait, de plus en plus, mais se rattraperait, il le fallait. La nuit, quand le vent cessait de hurler, de s’engouffrer dans les brèches, et que les petites ombres cessaient de ramper, la forteresse recouvrait un peu de sérénité.
Elle fatiguait déjà, à peine éveillée. Rester debout lui demandait un effort incroyable. Elle assistait presque impuissante à la lente agonie de ses forces physiques comme de ses certitudes. Elle regarda longuement Nelthan. Elle le maudissait d’avoir ouvert certaines portes interdites. Il avait payé, le prix fort, mais les séquelles étaient irréversibles.
Le pire, c’était cette sensation proche de l’ivresse que la situation lui inspirait. Elle avait déjà ressenti pareil sentiment lors d’une séance d’expiation. Lorsque la chair est malmenée, maltraitée au-delà du supportable, une sorte d’exaltation naissait, lui rappelant qu’elle était encore en vie. Le doute est ennemi de la Foi, mais il ne saurait être un ennemi mortel pour les avertis.
Il valait mieux oublier la soirée de la veille et se concentrait sur cette vague lueur, encore indistincte, entraperçue dans le regard du Caporal.
Après avoir regardé et subi, il serait peut être temps de passer à l’offensive, si les forces d’Aloyse le permettaient.
Aloyse Pérod- Citoyen
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Date d'inscription : 04/05/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Sous ses airs faussement innocents Aréllys est bouillante de colère. Elle vient de perdre la pièce principale de son dispositif. Elle enrage d'avoir été trop confiante.
Elle avait voulu attirer l'un des gardes dans un coin reculé de la ville et lui tendre une embuscade sanglante via son démon.
Seulement les gardes avaient été méfiants et son embuscade a été un fiasco. Le démon servile avait été éliminé. Elle a du mal à le reconnaître au fond ; mais elle avait presque fini par s'y attacher. Elle l'avait asservit toute enfant qu'elle était à l'époque. Depuis il l'avait servit avec zèle, presque au delà de la contrainte.
Ceux qui connaissent les démons le savent ; la notion de mère leur échappe. Pourtant, Aréllys avait l'impression que Plégisse avait cherché à se faire... Aimer ?
Est ce qu'au fond le comportement d'un maitre peut déteindre sur son serviteur, au point de changer sa nature ?
Elle reprend ses esprits et balaie ces questions. Elles n'ont pas d'importance. Ils paieront. Pour l'instant elle doit se concentrer sur son unique objectif : sortir.
La porte qui est l'objet de tant de convoitise, de fantasmes depuis deux semaines s'ouvre justement.
Le caporal Segondell et son ami Ducanal entrent.
Elle se force à sourire, pour s'en tenir à la stratégie qui a toujours été la sienne jusque là. Nier en bloc. Faire l'idiote.
A chacun des sourires qu'elle fait, elle joint une malédiction, un souhait funeste qu'elle énonce mentalement dans son langage natal. Elle sent monter en elle une colère irrationnelle qu'elle a de plus en plus de mal à refouler.
A ce moment elle réalise l'exploit quotidien d'Ilyas qui est toujours resté de marbre, un exemple pour eux tous. Les autres, elle est moins sûre de leur état. Aloyse est sans doute celle qui a le plus changé. A son entrée, elle était déterminée, jouait les terreurs. Maintenant, elle reste prostrée dans ses chaines, la plupart du temps sans prononcer un seul mot. Elle doit souffrir de l'introspection forcée.
Elle l'a déjà expérimenté. Chaque être vivant a besoin de contact physique ou mental via la parole pour survivre. Des contacts négatifs permettent à l'organisme de s'entretenir autour de quelque chose. Ils sont durs à supporter, mais valent mieux que rien. Vivre longtemps coupé de tout, c'est aller inévitablement vers la folie ; même les personnalités les plus complexes et les plus introverties finissent inévitablement rongées par la démence.
Sa forteresse mentale elle se force à l'entretenir. Pour cela elle visualise son esprit comme une ville fortifiée sous un long siège. Chaque moment d'ennui, elle le passe en s'imaginant parcourir les défenses de cette ville assiégée. Elle fait remonter les remparts endommagés, réorganise ses soldats imaginaires. Elle monte parfois de longs discours pour elle même.
Nelthan ne dit rien lui. Elle n'arrive pas à savoir ce qu'il a en tête. Elle le connait un peu, en surface, et pense qu'il doit reconsidérer la vie qu'il a vécu jusqu'à maintenant.
Thicky, sa sœur... Elle aussi a beaucoup souffert. Le Lien qu'elles ont lui permet de sentir son trouble. Son passé est revenu à la surface et l'a déstabilisée. A un moment, Aréllys s'est retrouvée elle même menacée par le bouillonnement mental de son amie. Le Lien leur permet d'échanger des pensées, des images, de ressentir chacune ce que l'autre perçoit. Maintenant qu'il est établi, il joue pour toutes les émotions ; il est à double tranchant.
Tant pis, elle se contiendra une autre fois. Elle apaise sa haine et sa tristesse en s'imaginant déchirer de toute sa magie les deux surveillants, leur infliger une torture inimaginable ; elle jouit d'avance de leurs souffrances et cela calme sa frustration. Thicky reçoit toutes ses images, elle ne lutte pas longtemps et bientôt, elle la rejoint dans son imagination sanguinaire. Les images sanglantes qu'elles s'échangent apaisent temporairement leurs haines. Elles rivalisent de cruauté et de sadisme.
Si la barrière antimagie de la prison n'était pas en activité, les lieux se seraient remplis d'une aura d'Ombre, lourde de meurtre et de violence gratuite, que n'importe quel être vivant aurait fuit à toutes jambes.
Une partie de son esprit reste attentif au monde des geôles. Elle entend Saig parler à son ami dans un langage qu'elle comprend partiellement comme il reste très proche de son elfique natal. Il a l'intuition de leur Lien.
Elle n'est pas plus étonnée. Sa symbiose avec Thicky doit être visible actuellement. Toutefois, la découverte de ce Lien lui importe peu. Il donnera même un soucis de plus aux gardes.
En revanche, ce dont Aréllys ne se doute pas, c'est que tapie dans l'Ombre, une créature infiniment plus dangereuse que la menace que la Garde ; la guette et se réjouit de sa haine et sa souffrance.
Elle avait voulu attirer l'un des gardes dans un coin reculé de la ville et lui tendre une embuscade sanglante via son démon.
Seulement les gardes avaient été méfiants et son embuscade a été un fiasco. Le démon servile avait été éliminé. Elle a du mal à le reconnaître au fond ; mais elle avait presque fini par s'y attacher. Elle l'avait asservit toute enfant qu'elle était à l'époque. Depuis il l'avait servit avec zèle, presque au delà de la contrainte.
Ceux qui connaissent les démons le savent ; la notion de mère leur échappe. Pourtant, Aréllys avait l'impression que Plégisse avait cherché à se faire... Aimer ?
Est ce qu'au fond le comportement d'un maitre peut déteindre sur son serviteur, au point de changer sa nature ?
Elle reprend ses esprits et balaie ces questions. Elles n'ont pas d'importance. Ils paieront. Pour l'instant elle doit se concentrer sur son unique objectif : sortir.
La porte qui est l'objet de tant de convoitise, de fantasmes depuis deux semaines s'ouvre justement.
Le caporal Segondell et son ami Ducanal entrent.
Elle se force à sourire, pour s'en tenir à la stratégie qui a toujours été la sienne jusque là. Nier en bloc. Faire l'idiote.
A chacun des sourires qu'elle fait, elle joint une malédiction, un souhait funeste qu'elle énonce mentalement dans son langage natal. Elle sent monter en elle une colère irrationnelle qu'elle a de plus en plus de mal à refouler.
A ce moment elle réalise l'exploit quotidien d'Ilyas qui est toujours resté de marbre, un exemple pour eux tous. Les autres, elle est moins sûre de leur état. Aloyse est sans doute celle qui a le plus changé. A son entrée, elle était déterminée, jouait les terreurs. Maintenant, elle reste prostrée dans ses chaines, la plupart du temps sans prononcer un seul mot. Elle doit souffrir de l'introspection forcée.
Elle l'a déjà expérimenté. Chaque être vivant a besoin de contact physique ou mental via la parole pour survivre. Des contacts négatifs permettent à l'organisme de s'entretenir autour de quelque chose. Ils sont durs à supporter, mais valent mieux que rien. Vivre longtemps coupé de tout, c'est aller inévitablement vers la folie ; même les personnalités les plus complexes et les plus introverties finissent inévitablement rongées par la démence.
Sa forteresse mentale elle se force à l'entretenir. Pour cela elle visualise son esprit comme une ville fortifiée sous un long siège. Chaque moment d'ennui, elle le passe en s'imaginant parcourir les défenses de cette ville assiégée. Elle fait remonter les remparts endommagés, réorganise ses soldats imaginaires. Elle monte parfois de longs discours pour elle même.
Nelthan ne dit rien lui. Elle n'arrive pas à savoir ce qu'il a en tête. Elle le connait un peu, en surface, et pense qu'il doit reconsidérer la vie qu'il a vécu jusqu'à maintenant.
Thicky, sa sœur... Elle aussi a beaucoup souffert. Le Lien qu'elles ont lui permet de sentir son trouble. Son passé est revenu à la surface et l'a déstabilisée. A un moment, Aréllys s'est retrouvée elle même menacée par le bouillonnement mental de son amie. Le Lien leur permet d'échanger des pensées, des images, de ressentir chacune ce que l'autre perçoit. Maintenant qu'il est établi, il joue pour toutes les émotions ; il est à double tranchant.
Tant pis, elle se contiendra une autre fois. Elle apaise sa haine et sa tristesse en s'imaginant déchirer de toute sa magie les deux surveillants, leur infliger une torture inimaginable ; elle jouit d'avance de leurs souffrances et cela calme sa frustration. Thicky reçoit toutes ses images, elle ne lutte pas longtemps et bientôt, elle la rejoint dans son imagination sanguinaire. Les images sanglantes qu'elles s'échangent apaisent temporairement leurs haines. Elles rivalisent de cruauté et de sadisme.
Si la barrière antimagie de la prison n'était pas en activité, les lieux se seraient remplis d'une aura d'Ombre, lourde de meurtre et de violence gratuite, que n'importe quel être vivant aurait fuit à toutes jambes.
Une partie de son esprit reste attentif au monde des geôles. Elle entend Saig parler à son ami dans un langage qu'elle comprend partiellement comme il reste très proche de son elfique natal. Il a l'intuition de leur Lien.
Elle n'est pas plus étonnée. Sa symbiose avec Thicky doit être visible actuellement. Toutefois, la découverte de ce Lien lui importe peu. Il donnera même un soucis de plus aux gardes.
En revanche, ce dont Aréllys ne se doute pas, c'est que tapie dans l'Ombre, une créature infiniment plus dangereuse que la menace que la Garde ; la guette et se réjouit de sa haine et sa souffrance.
Aréllys De Bristollan- Citoyen
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Lieu de naissance : Gangrebois
Age : 30 ?
Date d'inscription : 14/06/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Léa observait le portrait de la jeune femme blonde, sur une page entière de son libram. Elle redoutait l'echec, la douleur. Elle redoutait le déshonneur, et la corruption. Mais par dessus tout, elle redoutait le doute.
Le doute, qui comme la gangrène, se devellopait de la moindre petite entaille, pour détruire les tissu alentours, et corrompre tout ce qui était sain.
La Lumière me garde
Cherrug. L'homme serein. Il ressemblait à Saig. Posé, calme. Mais il pouvait dechainer sa colère, et frapper avec force, et précision. Hier, il avait insulté la mémoire de Luka. Il avait osé dire qu'il était mort comme un lache, sans la servir, et que Léa ferait de même. Un voile rouge de colère c'était abbatu devant ses yeux, et elle avait sentit le controle de ses emotions lui échapper, et Sa Juste Colère s'emparer d'elle. Elle avait marcher sur la ligne. La ligne à ne pas franchir. Au dernier moment, elle avait sentie la main. Celle de Luka, se poser sur son épaule, et la tirer en arriere. La rammener du bon côté.
Ce n'était pas la main de Luka. Mais la voix d'Aloyse. Elle l'avait guider vers La Lumière, la sortant des limbes de la colère et de la vengeance. Suite à cet incident, Lea c'était réfugiée dans la Cathédrale, ou elle vait prier, encore et encore, Lui demandant de lui indiquer la Voie.
Au coeur de la nuit, la Lumière éclaire les Justes.
Le doute, qui comme la gangrène, se devellopait de la moindre petite entaille, pour détruire les tissu alentours, et corrompre tout ce qui était sain.
La Lumière me garde
Cherrug. L'homme serein. Il ressemblait à Saig. Posé, calme. Mais il pouvait dechainer sa colère, et frapper avec force, et précision. Hier, il avait insulté la mémoire de Luka. Il avait osé dire qu'il était mort comme un lache, sans la servir, et que Léa ferait de même. Un voile rouge de colère c'était abbatu devant ses yeux, et elle avait sentit le controle de ses emotions lui échapper, et Sa Juste Colère s'emparer d'elle. Elle avait marcher sur la ligne. La ligne à ne pas franchir. Au dernier moment, elle avait sentie la main. Celle de Luka, se poser sur son épaule, et la tirer en arriere. La rammener du bon côté.
Ce n'était pas la main de Luka. Mais la voix d'Aloyse. Elle l'avait guider vers La Lumière, la sortant des limbes de la colère et de la vengeance. Suite à cet incident, Lea c'était réfugiée dans la Cathédrale, ou elle vait prier, encore et encore, Lui demandant de lui indiquer la Voie.
Au coeur de la nuit, la Lumière éclaire les Justes.
Gohrnor Mangeroc- Citoyen
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Lieu de naissance : Zombieland
Age : quarante-douze
Date d'inscription : 10/04/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Astroy ouvrait les yeux, cela faisait un moment qu'il n'avait dormi "naturellement". Il était toujours là, assis dans sa cellule et sa seule occupation, autre que lâcher des glaviots verdâtres sur le sol de sa cellule - ce qui est d'une rare immondice -, était d'observer les autres détenus et notamment Augur avec laquelle il aimait tant entretenir des joutes verbales faisant ainsi la preuve de sa légendaire répartie - et surtout de son égo démesuré-. Pour lui, Augur n'était plus la même, l'image de cette femme droite avec le regard hautain et le port altier s'était envolé, Astroy la comparait maintenant à un animal ; ces animaux qui, meurtri et sur le point de mourir, décident de se défendre jusqu'à la mort afin de ne pas être une proie facile. Augur était cet animal farouche qui était meurtri. Il était presque triste d'avoir vu une telle personne détruite et soudain, il se regarda. En fait, lui même n'était plus l'homme indestructible qu'il pensait être. Son teint était devenu blanchâtre, recouvert d'un peu de poussière, ses yeux tiraient sur le rouge et ses cheveux grisonnaient à nouveau. S'il eut comparé Aloyse à un animal, l'entité qui aurait ressemblé le plus à lui était un cadavre. D'ailleurs, il avait la certitude maintenant de ne plus rien être, il avait lâché le morceau, il était condamné.
Après avoir secoué la tête un temps comme pour reprendre ses esprits, il posa ses yeux sur Nelthan. Nelthan passait le plus clair de temps la tête posée contre le barreau de sa geôle, les yeux fermés. Astroy avait toujours considéré Nelthan comme une guimauve, un lâche, un minable. Finalement, il lui fallait se rendre à l'évidence que Nelthan avait été plus fort que lui : Lui, il ressemblait encore à un homme. Astroy devait admettre que Nelthan était comme un sanctuaire dans cette position, un havre divin de sérénité.
Il soupira à l'idée d'être devenu ce qu'il était et posa ses yeux sur Aubren. Même si Astroy refusait de l'admettre, il éprouvait de l'admiration pour Aubren. Depuis combien de temps étaient-ils tous là ? Deux bonnes semaines, sans aucun doute et Aubren n'avait pas fléchi, il était toujours cet homme imposant, toujours debout, droit, franc. Si Astroy eut imaginé que cela était de la fierté mal placée, il ne l'eut pas imaginé longtemps. En effet, à ses yeux, Aubren n'était plus seulement un homme, c'était un symbole pour ses hommes. Comme tout symbole, il se devait d'être fort comme pour donner le modèle. Inutile d'être un intellectuel renommé pour savoir que lorsqu'une puissance s'effondre, une autre émerge. Astroy se doutait qu'Aubren refuserait de se rendre et depuis deux semaines, il restait là, debout, le regard droit. Astroy comprenait mais avait du mal à déterminer combien de temps Aubren tiendrait.
Il posa ensuite ses yeux sur Ticky. Depuis maintenant quelques jours, Ticky et lui ne s'adressait plus la parole. D'ailleurs Ticky était devenue silencieuse, comme dans un état second. Si Astroy feignait l'insensibilité, il était conscient de l'immense gâchis qu'il avait provoqué avec Ticky et il esperait intiment qu'elle s'en sortirait et qu'elle pourrait avoir sa part de bonheur que tout être humain cherche dans sa vie, loin de lui et de ce qu'il était devenu.
Finalement, il lui fallut admettre que plus aucun des détenus n'était un homme.
Astroy avait déjà connu la prison mais jamais il ne s'était jamais senti aussi seul. Il était persuadé que les membres du Linceul avaient tenté de venir lui rendre visite et il savait que les demandes avaient été refusées.
Si les membres de Rétribution n'étaient plus très bavards -ce qui n'est guère étonnant vue la situation-, dans ses souvenirs, les gardes étaient relativement plus présents en prison pour "discuter" avec les prisonniers. Il se souvient avoir souvent parlé à "Blanchette", Ticky quand elle était garde, Dewey avant qu'il ne meurt... Astroy ne savait pas si c'était voulu ou non par la Garde d'Hurlevent mais il en était venu à supposer que les Gardes les isolaient volontairement en guise de torture. Aucun homme n'est fait pour la solitude. La seule garde qu'Astroy voyait régulièrement était Léa qui venait dessiner les membres de Rétribution relativement fréquemment. Il avait appris par Dewey - paix à son âme- que le compagnon de Léa avait été abattu dans l'exercice de ses fonctions. Il comprenait maintenant pourquoi elle avait la gâchette facile sur le fusil à fléchettes anesthésiantes. D'ailleurs, il a passé depuis peu un marché avec elle pour éviter de se faire tirer dessus si régulièrement. Ses propos étant tranchant, Astroy eut décidé de ne plus aborder les thèmes de la Lumière et de la Garde d'Hurlevent en présence de Léa. Au fond, elle était bien gentille, cette rousse qui venaient dessiner les prisonniers, elle était pratiquement la seule à descendre dans les geôles.
Il souria un moment en pensant à Léa qu'il voyait un peu comme un enfant et reporta à nouveau son regard sur lui-même. Perdant son sourire, il contempla la loque qu'il était devenu. Mal coiffé, mal rasé, puant, Astroy était en fait l'amalgame entre un mort et un clochard - les deux allant si souvent ensemble-. Cela lui importait peu, le tic tac de son coeur mécanique se faisait plus irrégulier. Etant donné la situation, il ne pourrait pas aller le faire remonter et de toute façon, il s'était fait à l'idée de mourir misérablement dans sa cellule, assis, sans que personne ne l'eut remarqué. Il n'attendait plus que cela patiemment, regardant chaque "pensionnaire" de la prison - Léa comprise- avec le même air insensible.
Après avoir secoué la tête un temps comme pour reprendre ses esprits, il posa ses yeux sur Nelthan. Nelthan passait le plus clair de temps la tête posée contre le barreau de sa geôle, les yeux fermés. Astroy avait toujours considéré Nelthan comme une guimauve, un lâche, un minable. Finalement, il lui fallait se rendre à l'évidence que Nelthan avait été plus fort que lui : Lui, il ressemblait encore à un homme. Astroy devait admettre que Nelthan était comme un sanctuaire dans cette position, un havre divin de sérénité.
Il soupira à l'idée d'être devenu ce qu'il était et posa ses yeux sur Aubren. Même si Astroy refusait de l'admettre, il éprouvait de l'admiration pour Aubren. Depuis combien de temps étaient-ils tous là ? Deux bonnes semaines, sans aucun doute et Aubren n'avait pas fléchi, il était toujours cet homme imposant, toujours debout, droit, franc. Si Astroy eut imaginé que cela était de la fierté mal placée, il ne l'eut pas imaginé longtemps. En effet, à ses yeux, Aubren n'était plus seulement un homme, c'était un symbole pour ses hommes. Comme tout symbole, il se devait d'être fort comme pour donner le modèle. Inutile d'être un intellectuel renommé pour savoir que lorsqu'une puissance s'effondre, une autre émerge. Astroy se doutait qu'Aubren refuserait de se rendre et depuis deux semaines, il restait là, debout, le regard droit. Astroy comprenait mais avait du mal à déterminer combien de temps Aubren tiendrait.
Il posa ensuite ses yeux sur Ticky. Depuis maintenant quelques jours, Ticky et lui ne s'adressait plus la parole. D'ailleurs Ticky était devenue silencieuse, comme dans un état second. Si Astroy feignait l'insensibilité, il était conscient de l'immense gâchis qu'il avait provoqué avec Ticky et il esperait intiment qu'elle s'en sortirait et qu'elle pourrait avoir sa part de bonheur que tout être humain cherche dans sa vie, loin de lui et de ce qu'il était devenu.
Finalement, il lui fallut admettre que plus aucun des détenus n'était un homme.
Astroy avait déjà connu la prison mais jamais il ne s'était jamais senti aussi seul. Il était persuadé que les membres du Linceul avaient tenté de venir lui rendre visite et il savait que les demandes avaient été refusées.
Si les membres de Rétribution n'étaient plus très bavards -ce qui n'est guère étonnant vue la situation-, dans ses souvenirs, les gardes étaient relativement plus présents en prison pour "discuter" avec les prisonniers. Il se souvient avoir souvent parlé à "Blanchette", Ticky quand elle était garde, Dewey avant qu'il ne meurt... Astroy ne savait pas si c'était voulu ou non par la Garde d'Hurlevent mais il en était venu à supposer que les Gardes les isolaient volontairement en guise de torture. Aucun homme n'est fait pour la solitude. La seule garde qu'Astroy voyait régulièrement était Léa qui venait dessiner les membres de Rétribution relativement fréquemment. Il avait appris par Dewey - paix à son âme- que le compagnon de Léa avait été abattu dans l'exercice de ses fonctions. Il comprenait maintenant pourquoi elle avait la gâchette facile sur le fusil à fléchettes anesthésiantes. D'ailleurs, il a passé depuis peu un marché avec elle pour éviter de se faire tirer dessus si régulièrement. Ses propos étant tranchant, Astroy eut décidé de ne plus aborder les thèmes de la Lumière et de la Garde d'Hurlevent en présence de Léa. Au fond, elle était bien gentille, cette rousse qui venaient dessiner les prisonniers, elle était pratiquement la seule à descendre dans les geôles.
Il souria un moment en pensant à Léa qu'il voyait un peu comme un enfant et reporta à nouveau son regard sur lui-même. Perdant son sourire, il contempla la loque qu'il était devenu. Mal coiffé, mal rasé, puant, Astroy était en fait l'amalgame entre un mort et un clochard - les deux allant si souvent ensemble-. Cela lui importait peu, le tic tac de son coeur mécanique se faisait plus irrégulier. Etant donné la situation, il ne pourrait pas aller le faire remonter et de toute façon, il s'était fait à l'idée de mourir misérablement dans sa cellule, assis, sans que personne ne l'eut remarqué. Il n'attendait plus que cela patiemment, regardant chaque "pensionnaire" de la prison - Léa comprise- avec le même air insensible.
Invité- Invité
Re: [A faire vivre] Rétribution
De frustration et de rage, il frappa sèchement du poing contre la paroi.
Cela n'aurait pas du se produire ainsi. Cela n'aurait pas du se terminer aussi rapidement, aussi abruptement. Pas alors qu'il venait à peine de serrer la mesure, pas alors qu'il commençait à vraiment s'amuser. Il se sentait comme l'enfant auquel on vient de retirer le jouet tout neuf, ou - ce qui lui correspondait plus, au final - comme l'animal qui vient de se voir refuser une proie particulièrement alléchante.
En plus de la déception personnelle s'ajoutait autre chose, de plus profond, une sorte de pressentiment. La sentence rendue par la Chancellerie n'allait servir qu'à temporiser l'affaire, sans y mettre vraiment un point final ; il le sentait. Il avait du contenir son agitation tout du long de la cérémonie finale, et ni le marquage au fer de Nelthan, ni la mise au pilori d'Aréllys n'avaient été un baume sur ses craintes. L'ennemi pouvait battre en retraite, les portes étaient ouvertes. Au calme, il lècherait ses plaies. Puis il reviendrait. Sous d'autres noms. Sous d'autres formes, peut-être. Et cette fois-ci, il serait sûrement assez prudent et assez malin pour porter le premier coup. Avec un brin d'amusement, Saig se dit qu'il voyait déjà nettement par quel biais ils pourraient attaquer. Léa. Léa De Vellen. Elle qu'Aloyse fascinait. Elle qui ne pourrait s'empêcher, même en s'en cachant, de l'espérer, voire - pourquoi pas - d'aller la trouver qu'elle fût hors des frontières du Royaume ou non.
Saig s'assit doucement sur la couchette, inspira puis souffla longuement pour se calmer. Il détestait ne pas mener les choses à terme, et cette conclusion sentait à plein nez le travail bâclé, selon lui. Si la quantité d'alcool ingurgité dans la soirée troublait sa vision, en revanche, il avait encore l'esprit étonnamment clair. Dans le silence, il rumina, attendit. Et finit par se tempérer lui-même.
La chasse l'avait affecté plus que de raison. Pris par son propre jeu, il s'était impliqué, trop, bien trop. Lann' le lui avait dit. A rester enfermé en leur compagnie, à les guetter des heures durant, tous, ces hommes et ces femmes enchaînés, à les faire lutter contre lui au point de chercher à attiser leur colère et leur haine, à flairer leurs failles pour s'y engouffrer et pour mordre, Saig avait mis le pied dans le même piège que Léa. Danser au bord de l'abîme avait quelque chose de grisant, mais il fallait se garder du moindre faux pas ; et des faux pas, des erreurs, le jeune homme avait bien failli en commettre, plusieurs fois. Lutter contre l'instinct avait été un combat de tous les instants, dans la pénombre de la prison. Les grondements et les promesses meurtrières d'Aréllys avaient fouetté son sang, et que dire d'Aloyse lorsqu'il l'avait sentie trembler, presque à sa merci, si proche, mais si fière encore ! Heureusement que Lann' jouait les garde-fous. "Essaie d'être un peu moins prédateur, Saig." "Ca ira, Saig." "Je crois qu'elle a compris, Saig." Une laisse à son cou, salutaire. C'était probablement grâce à cela qu'il ne s'était pas jeté directement aux talons de ses proies une fois celles-ci libres, au tram.
Il frissonna. Sous cet éclairage nouveau, la peine de la Chancellerie n'était pas si épouvantable, après tout. Peut-être que quelques jours de plus et tout aurait empiré. D'autres trahisons auraient éclaté dans les rangs, à mesure que les prisonniers se positionnaient en martyrs de leur cause. D'autres Larwik, mais plus malins que celui-ci. Aloyse aurait resserré son emprise sur l'esprit de Léa. Peut-être même que lui, Saig, aurait laissé de côté son habit d'homme civilisé pour laisser s'exprimer la murène qu'il était au fond. Le serpent d'eau qui mord deux fois. L'animal rusé et féroce qu'il n'avait pas le droit de faire parler sous les couleurs du Royaume de Hurlevent, pas ici, en terre ferme, alors qu'il était censé représenter la Loi. Quelques jours seulement, et le monde d'en-bas aurait peut-être pu ébranler le monde d'en-haut, à la caserne. Quelques jours, et de simple arrestation un peu bâclée, l'opération Tabula Rasa aurait pu tourner à la catastrophe.
Ses paupières se fermèrent, puis se rouvrirent pour laisser le regard gris balayer la pièce. Il passa sur les étagères et sur les meubles, le grand coffre de Lann', s'attarda sur son propre établi. Sur les manuels délaissés car inutiles, sur l'alambic au repos, sur son matériel empilé dans un pseudo-rangement afin de ne pas trop heurter la maniaquerie de son ami. Il se releva et s'approcha. L'une des plus récentes coupelles sentait encore le chardon pilé, parfum prenant, entêtant, qu'il se promit d'aller laver à l'eau dès que possible. Des feuillets entassés sur un coin de la table. Il lut distraitement l'en-tête. "An de grâce 30, sixième mois, jour 16 - 9e jour de détention." D'un geste, il retourna le parchemin, saisit ensuite la liasse pour la ranger ailleurs. Il lui fallait vraiment se sortir la tête de tout ça.
Ni la morgue silencieuse de Nelthan, ni l'impassibilité presque inhumaine d'Ilyas, ni les caprices de Tîcky, ni les moqueries sifflantes d'Aréllys, ni les frissons d'Aloyse ne seraient oubliés. Une certaine marque sur sa jambe gauche était là pour lui rappeler ce que la chasse avait failli lui coûter, après tout. Cependant, il n'était plus temps. Pas encore. Plus encore. Que les choses s'apaisent et se tamisent, le temps de prendre du recul et d'y voir plus clair. Sans silence, pas de musique. Sans reflux, pas de flux. Et sans patience, pas de traque.
Il s'étira, se dévêtit, se glissa dans la couchette. Et tandis que le navire à quai grinçait et craquait tout autour de lui, pour la première fois depuis bien des jours, il s'endormit presque paisiblement.
Cela n'aurait pas du se produire ainsi. Cela n'aurait pas du se terminer aussi rapidement, aussi abruptement. Pas alors qu'il venait à peine de serrer la mesure, pas alors qu'il commençait à vraiment s'amuser. Il se sentait comme l'enfant auquel on vient de retirer le jouet tout neuf, ou - ce qui lui correspondait plus, au final - comme l'animal qui vient de se voir refuser une proie particulièrement alléchante.
En plus de la déception personnelle s'ajoutait autre chose, de plus profond, une sorte de pressentiment. La sentence rendue par la Chancellerie n'allait servir qu'à temporiser l'affaire, sans y mettre vraiment un point final ; il le sentait. Il avait du contenir son agitation tout du long de la cérémonie finale, et ni le marquage au fer de Nelthan, ni la mise au pilori d'Aréllys n'avaient été un baume sur ses craintes. L'ennemi pouvait battre en retraite, les portes étaient ouvertes. Au calme, il lècherait ses plaies. Puis il reviendrait. Sous d'autres noms. Sous d'autres formes, peut-être. Et cette fois-ci, il serait sûrement assez prudent et assez malin pour porter le premier coup. Avec un brin d'amusement, Saig se dit qu'il voyait déjà nettement par quel biais ils pourraient attaquer. Léa. Léa De Vellen. Elle qu'Aloyse fascinait. Elle qui ne pourrait s'empêcher, même en s'en cachant, de l'espérer, voire - pourquoi pas - d'aller la trouver qu'elle fût hors des frontières du Royaume ou non.
Saig s'assit doucement sur la couchette, inspira puis souffla longuement pour se calmer. Il détestait ne pas mener les choses à terme, et cette conclusion sentait à plein nez le travail bâclé, selon lui. Si la quantité d'alcool ingurgité dans la soirée troublait sa vision, en revanche, il avait encore l'esprit étonnamment clair. Dans le silence, il rumina, attendit. Et finit par se tempérer lui-même.
La chasse l'avait affecté plus que de raison. Pris par son propre jeu, il s'était impliqué, trop, bien trop. Lann' le lui avait dit. A rester enfermé en leur compagnie, à les guetter des heures durant, tous, ces hommes et ces femmes enchaînés, à les faire lutter contre lui au point de chercher à attiser leur colère et leur haine, à flairer leurs failles pour s'y engouffrer et pour mordre, Saig avait mis le pied dans le même piège que Léa. Danser au bord de l'abîme avait quelque chose de grisant, mais il fallait se garder du moindre faux pas ; et des faux pas, des erreurs, le jeune homme avait bien failli en commettre, plusieurs fois. Lutter contre l'instinct avait été un combat de tous les instants, dans la pénombre de la prison. Les grondements et les promesses meurtrières d'Aréllys avaient fouetté son sang, et que dire d'Aloyse lorsqu'il l'avait sentie trembler, presque à sa merci, si proche, mais si fière encore ! Heureusement que Lann' jouait les garde-fous. "Essaie d'être un peu moins prédateur, Saig." "Ca ira, Saig." "Je crois qu'elle a compris, Saig." Une laisse à son cou, salutaire. C'était probablement grâce à cela qu'il ne s'était pas jeté directement aux talons de ses proies une fois celles-ci libres, au tram.
Il frissonna. Sous cet éclairage nouveau, la peine de la Chancellerie n'était pas si épouvantable, après tout. Peut-être que quelques jours de plus et tout aurait empiré. D'autres trahisons auraient éclaté dans les rangs, à mesure que les prisonniers se positionnaient en martyrs de leur cause. D'autres Larwik, mais plus malins que celui-ci. Aloyse aurait resserré son emprise sur l'esprit de Léa. Peut-être même que lui, Saig, aurait laissé de côté son habit d'homme civilisé pour laisser s'exprimer la murène qu'il était au fond. Le serpent d'eau qui mord deux fois. L'animal rusé et féroce qu'il n'avait pas le droit de faire parler sous les couleurs du Royaume de Hurlevent, pas ici, en terre ferme, alors qu'il était censé représenter la Loi. Quelques jours seulement, et le monde d'en-bas aurait peut-être pu ébranler le monde d'en-haut, à la caserne. Quelques jours, et de simple arrestation un peu bâclée, l'opération Tabula Rasa aurait pu tourner à la catastrophe.
Ses paupières se fermèrent, puis se rouvrirent pour laisser le regard gris balayer la pièce. Il passa sur les étagères et sur les meubles, le grand coffre de Lann', s'attarda sur son propre établi. Sur les manuels délaissés car inutiles, sur l'alambic au repos, sur son matériel empilé dans un pseudo-rangement afin de ne pas trop heurter la maniaquerie de son ami. Il se releva et s'approcha. L'une des plus récentes coupelles sentait encore le chardon pilé, parfum prenant, entêtant, qu'il se promit d'aller laver à l'eau dès que possible. Des feuillets entassés sur un coin de la table. Il lut distraitement l'en-tête. "An de grâce 30, sixième mois, jour 16 - 9e jour de détention." D'un geste, il retourna le parchemin, saisit ensuite la liasse pour la ranger ailleurs. Il lui fallait vraiment se sortir la tête de tout ça.
Ni la morgue silencieuse de Nelthan, ni l'impassibilité presque inhumaine d'Ilyas, ni les caprices de Tîcky, ni les moqueries sifflantes d'Aréllys, ni les frissons d'Aloyse ne seraient oubliés. Une certaine marque sur sa jambe gauche était là pour lui rappeler ce que la chasse avait failli lui coûter, après tout. Cependant, il n'était plus temps. Pas encore. Plus encore. Que les choses s'apaisent et se tamisent, le temps de prendre du recul et d'y voir plus clair. Sans silence, pas de musique. Sans reflux, pas de flux. Et sans patience, pas de traque.
Il s'étira, se dévêtit, se glissa dans la couchette. Et tandis que le navire à quai grinçait et craquait tout autour de lui, pour la première fois depuis bien des jours, il s'endormit presque paisiblement.
Saig Segondell- Citoyen
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Nom de famille: Segondell
Re: [A faire vivre] Rétribution
Elle ne s'était pas beaucoup investie dans cette affaire. Elle savait pour Larwik, elle savait pour Léa, elle savait pour ceux qui gangrenaient la garde de l'intérieur... Car c'est ainsi fait. Les traitres sentent les traitres et dans ce domaine, elle a de l'expérience.
L'ordonnance de la chancellerie l'avait faite rire jaune. Quand on endort un lion, il ne se réveille que plus furieux, c'était exactement ce qu'elle craignait. Car oui, cette peine n'est rien d'autre que de la poudre aux yeux pour elle... Toutefois, les dernières lignes eveillaient chez elle un côté malsain... Soumis à la question puis pendu. Si un de ces fous tentaient de s'en prendre à un garde, elle lui ferait regretter.
Elle n'avait toujours eu aucune réponse quand aux dispositions qu'elle cherchait à prendre, mais elle avait déjà une alternative toute trouvée. Le véritable jeu allait commencer maintenant qu'ils avaient été "libérés". Et avant de partir tête baissée, il allait falloir assurer ses arrières. Elle a une famille, sa famille à protéger avant de se permettre ce genre de chose. Il n'était pas question de prendre des risques ni pour elle, ni pour eux.
Elle est lieutenant, elle est mère. Elle ne flanchera pas comme elle l'a fait avec Hiltar. La leçon au prix fort a bien été apprise et l'erreur ne sera pas répétée. Cette fois, son pouvoir sera utilisé a bon escient.
L'ordonnance de la chancellerie l'avait faite rire jaune. Quand on endort un lion, il ne se réveille que plus furieux, c'était exactement ce qu'elle craignait. Car oui, cette peine n'est rien d'autre que de la poudre aux yeux pour elle... Toutefois, les dernières lignes eveillaient chez elle un côté malsain... Soumis à la question puis pendu. Si un de ces fous tentaient de s'en prendre à un garde, elle lui ferait regretter.
Elle n'avait toujours eu aucune réponse quand aux dispositions qu'elle cherchait à prendre, mais elle avait déjà une alternative toute trouvée. Le véritable jeu allait commencer maintenant qu'ils avaient été "libérés". Et avant de partir tête baissée, il allait falloir assurer ses arrières. Elle a une famille, sa famille à protéger avant de se permettre ce genre de chose. Il n'était pas question de prendre des risques ni pour elle, ni pour eux.
Elle est lieutenant, elle est mère. Elle ne flanchera pas comme elle l'a fait avec Hiltar. La leçon au prix fort a bien été apprise et l'erreur ne sera pas répétée. Cette fois, son pouvoir sera utilisé a bon escient.
Nihel Narendir- Citoyen
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Age : 36
Lieu de naissance : Hurlevent
Age : 55
Date d'inscription : 24/12/2008
Feuille de personnage
Nom de famille: Narendir
Re: [A faire vivre] Rétribution
Une Léa complice avait porté la nouvelle dans les geôles. Ils allaient être libérés. Aloyse eut un vague sourire et darda un regard sur le Caporal, comme toujours à sa place. Il était forcé de desserrer son emprise et, déjà, elle relâchait sa vigilance. Elle regarda ensuite chaque détenu. Pas d’explosion de joie, de la dignité, toujours... Au final, ils n’auraient pas de procès, ce qui apportait un caractère abusif et injuste à leur enfermement. Mais c’était mieux ainsi. Aloyse oscillait entre le soulagement et l’appréhension. Car oui, il faudrait qu’elle dresse le bilan des semaines passées. Cela promettait d’être difficile, pour son égo. Elle maudit un peu plus son âge et le manque de recul, de maturité qu’elle se reprochait sans pour autant y trouver une alternative. Mais elle ferait ça plus tard. Désormais elle avait le temps. La partie d’échecs n’était pas terminée, elle le sentait, mais ses déplacements et ses choix seraient bien plus réfléchis.
Le vent peut hurler, tempêter, il finit toujours par faiblir et changer de direction.
Aloyse avait choisi instinctivement ses priorités. Elle avait préservé le cœur, l’âme, en sacrifiant le corps, l’enveloppe. Elle grelottait alors que des perles de sueur glissaient lentement sur son visage, traçant des sillons sur son front et ses joues. Mais elle n’avait pas cédé. Prouesse qui semblait la contenter infiniment, savoureux baume sur ses plaies, solide mortier dans ses failles. Le trône, même descendu de son piédestal, conservait son emprise et, plus froid que jamais, il enveloppait la jeune femme qui s’y était réfugiée.
Ils étaient donc tous réunis, Gardes et détenus, sur le parvis du Tribunal d’Hurlevent. Marquage de Nelthan comme on le ferait sur du bétail. Pilori pour Aréllys comme on l’exigerait pour un voleur de bas-étage. Aloyse avait observé le sinistre spectacle sans faillir, sans faux pas, cette fois-ci. Mais sous la chair affaiblie, une drogue plus efficace que n’importe quelle mixture se répandait lentement dans les veines de la jeune femme ; la rage. Un petit parfum qui s’échappait à la fois de la marque encore fumante de Nelthan et de la résignation d’Aréllys, un petit parfum légèrement épicé, tenace, lui titillait les narines. Certains l’appelaient vengeance.
Aréllys avait été plus acide qu’Aloyse à l’égard des geôliers, elle avait dû payer son effronterie. Mais elle ne se séparait pas de ce courage et de cette témérité qui lui étaient désormais familiers. Elle qui passait son temps à compter fleurette à la princesse du désert, la dénommée Thîcky, sur les ponts de la cité, elle possédait cette résistance, cette facilité d’adaptation et cette capacité à saper le moral de l’ennemi.
Nelthan, quand à lui, avait ce défaut de ne jamais savoir quand parler ou quand garder le silence. Une impulsivité, une tendance à foncer tête baissée qui était valable et applicable à plusieurs domaines de sa vie ; de sa vie de Croisé comme de sa vie privée. Il était resté de marbre face à cet outrage mais on sentait bouillir en lui une colère grandissante, là, tout près.
Certains Gardes étaient mécontents de ce dénouement, pour diverses raisons.
Elle pouvait comprendre le Major et les petits signes d’exaspération qu’elle ne manquait pas d’appuyer. Elle aurait voulu une potence, sûrement.
Saig, lui, avait adopté l’impassibilité. Même si Aloyse avait pris ses distances avec l’homme, elle était déçue. Elle aurait voulu voir autre chose, un éclat, une menace, une empreinte, un début de piste, pourquoi pas. Il n’en restait pas moins que, comme le requin qui a flairé l’odeur du sang et qui a ainsi capté la détresse de sa proie, il aurait sans doute du mal à oublier, à lâcher prise totalement. C’était peut-être une bonne chose. L’idée de disputer une seconde manche plaisait à Aloyse, l’homme lui plaisait, au fond. Nul doute que dans d’autres circonstances, en d’autres lieux, elle aurait préféré ses baisers à ses morsures. C’était sûrement le sentiment logique, l’attirance de celle qui avait été dominé envers celui qui s’était montré supérieur. Mais à l’avenir il n’aurait plus l’avantage, au mieux l’égalité. Elle tenait à donner l’impulsion, le nouveau rythme de la danse. Pas de précipitation…Mais rage et patience ne font pas bon ménage.
Léa avait presque changé de camp, elle se tournait d’un côté puis de l’autre, cherchant une prise, un soutien, qui l’empêcherait de glisser dans l’abîme. Aloyse s’était frayé un chemin dans son esprit ; la compassion, le manque, la foi, le doute, elle avait tenté d’instiller tous ces sentiments à la jeune Garde, avec plus ou moins de succès. Les paroles d’Ilyas l’avaient bouleversée. Plus que jamais, Léa était influençable. Il fallait juste lui tendre la main, conquérir sa confiance. Aloyse lui avait tendue cette main pleine de promesses. Léa ne l’avait pas encore tout à fait acceptée mais cela ne saurait tarder ; certains détails en témoignaient. C’était l’atout dans son jeu, mais il faudrait en user avec prudence et parcimonie. Aloyse la veillerait, la guiderait, pas de façon sournoise, non. Elle en avait besoin, à titre plus personnel.
Avant tout, avant de dispenser son aide ou de déchaîner son courroux, il fallait récupérer, s’il n’était pas trop tard.
Forgefer. A peine eut-elle posé le pied dans la cité qu’Aloyse la détestait déjà ; sa population incongrue, son rythme oppressant, son haleine brûlante.
Elle se traîna dans la première taverne venue. Engourdie, son allure avait perdu en souplesse et en grâce, elle se contentait de raser les murs en évitant de croiser les regards des passants.
Elle négocia ce dont elle avait le plus besoin ; un bain et un lit.
Après quelques discussions et quelques surprises, certaines résolument rafraîchissantes, Aloyse descendit dans sa chambre, s’étonnant elle-même de son désir de solitude. Une unique ouverture dans la pièce, une petite fenêtre donnant sur la rue…Perplexité. Elle avait besoin d’air pur et se retrouvait dans une autre cage, enfouie sous terre.
Ses vêtements étaient presque collés à sa peau. A plusieurs reprises, elle eut l’impression d’arracher des fragments d’épiderme avec le cuir de sa tenue. Percluse de courbatures et autres douleurs articulaires, elle se glissa avec précaution dans le bain. L’eau de la baignoire de fortune, qui n’était rien d’autre qu’une large cuve de bois cerclée de fer, était exquise, délicieusement chaude. Sa crasse la répugnait. Il fallut vider et remplir entièrement la cuve avant que l’eau ne reste limpide. Des vapeurs légèrement parfumées s’élevaient de la baignoire improvisée ou Aloyse était presque entièrement immergée. Seul son visage restait au dessus de la surface de l’eau, comme un masque oublié, flottant dans une expression figée et neutre. Elle se laissait bercer par les clapotis de l’eau, remous naissants de ses propres mouvements pourtant lents et mesurés.
Elle n’était pas sortie indemne ; son corps souffrait le martyr et les protections qu’elle avait dressées pour préserver l’essence de son être étaient tellement vives, sensibles, qu’elles en devenaient douloureuses. Une migraine lui martelait les tempes. Etrangement, ces symptômes n’arrivaient qu’à ce moment là, alors qu’elle retrouvait un certain calme.
De longues heures, elle resta dans la même position ; le dos contre la paroi et les bras appuyés sur les rebords, épousant la forme de la cuve. A intermèdes réguliers, des femmes apportaient des seaux d’eau fumante qu’elles versaient sans grande délicatesse dans le bain pour en maintenir la température. Aloyse ne leur accordait aucune attention, aucun remerciement. Certaines s’attardaient, la relevaient pour lui frotter le dos ou lui laver les cheveux. Elle se laissait faire comme une poupée docile. En d’autres circonstances, elle n’aurait pas accepté cette proximité, même pour des femmes.
Un petit vent du Nord, frais, s’engouffrait par l’ouverture, grondant dans les voilages du rideau. Sortant de sa léthargie, Aloyse inhala une longue goulée d’air en se redressant, elle bloqua sa respiration quelques instants puis soupira ; un long soupir, profond, mêlé de résignation et de fatalité. D’une main sûre, elle remua le tas informe de ses vêtements crasseux posés à même le sol et en extirpa une longue chaîne en or à laquelle était suspendue un pendentif, en or également, qui portait ses initiales ; un « A » et un « P » finement sculptés et entrelacés dans des arabesques ciselées. Aloyse passa le collier autour de son cou avec précaution. Elle garda le pendentif dans la paume de sa main et le fixa, songeuse, tendre. Elle caressa du bout de l’index les gravures du médaillon avant de le replacer contre sa poitrine dans un nouveau soupir.
Puis lentement, très lentement, elle s’immergea. Complètement. Longtemps, très longtemps.
A l’extérieur, la nuit avait déjà drapé le monde de son voile sombre. La tempête avait laissé la place à une petite brise qui caressait, apaisait les ruines. Dans le ciel indigo profond, une flottille de points brillants filait cap au Nord.
Le bien et le mal, la joie et la douleur, la foi et le doute, l’erreur et la vérité. Des notions troubles, enchevêtrées les unes aux autres. Des définitions incertaines ; dépendant de l’éducation, de l’expérience et de la nature de chacun. Dans tous les cas, des frontières encore floues pour une jeune femme qui n’avait, au final, que dix-huit ans.
Le vent peut hurler, tempêter, il finit toujours par faiblir et changer de direction.
Aloyse avait choisi instinctivement ses priorités. Elle avait préservé le cœur, l’âme, en sacrifiant le corps, l’enveloppe. Elle grelottait alors que des perles de sueur glissaient lentement sur son visage, traçant des sillons sur son front et ses joues. Mais elle n’avait pas cédé. Prouesse qui semblait la contenter infiniment, savoureux baume sur ses plaies, solide mortier dans ses failles. Le trône, même descendu de son piédestal, conservait son emprise et, plus froid que jamais, il enveloppait la jeune femme qui s’y était réfugiée.
Ils étaient donc tous réunis, Gardes et détenus, sur le parvis du Tribunal d’Hurlevent. Marquage de Nelthan comme on le ferait sur du bétail. Pilori pour Aréllys comme on l’exigerait pour un voleur de bas-étage. Aloyse avait observé le sinistre spectacle sans faillir, sans faux pas, cette fois-ci. Mais sous la chair affaiblie, une drogue plus efficace que n’importe quelle mixture se répandait lentement dans les veines de la jeune femme ; la rage. Un petit parfum qui s’échappait à la fois de la marque encore fumante de Nelthan et de la résignation d’Aréllys, un petit parfum légèrement épicé, tenace, lui titillait les narines. Certains l’appelaient vengeance.
Aréllys avait été plus acide qu’Aloyse à l’égard des geôliers, elle avait dû payer son effronterie. Mais elle ne se séparait pas de ce courage et de cette témérité qui lui étaient désormais familiers. Elle qui passait son temps à compter fleurette à la princesse du désert, la dénommée Thîcky, sur les ponts de la cité, elle possédait cette résistance, cette facilité d’adaptation et cette capacité à saper le moral de l’ennemi.
Nelthan, quand à lui, avait ce défaut de ne jamais savoir quand parler ou quand garder le silence. Une impulsivité, une tendance à foncer tête baissée qui était valable et applicable à plusieurs domaines de sa vie ; de sa vie de Croisé comme de sa vie privée. Il était resté de marbre face à cet outrage mais on sentait bouillir en lui une colère grandissante, là, tout près.
Certains Gardes étaient mécontents de ce dénouement, pour diverses raisons.
Elle pouvait comprendre le Major et les petits signes d’exaspération qu’elle ne manquait pas d’appuyer. Elle aurait voulu une potence, sûrement.
Saig, lui, avait adopté l’impassibilité. Même si Aloyse avait pris ses distances avec l’homme, elle était déçue. Elle aurait voulu voir autre chose, un éclat, une menace, une empreinte, un début de piste, pourquoi pas. Il n’en restait pas moins que, comme le requin qui a flairé l’odeur du sang et qui a ainsi capté la détresse de sa proie, il aurait sans doute du mal à oublier, à lâcher prise totalement. C’était peut-être une bonne chose. L’idée de disputer une seconde manche plaisait à Aloyse, l’homme lui plaisait, au fond. Nul doute que dans d’autres circonstances, en d’autres lieux, elle aurait préféré ses baisers à ses morsures. C’était sûrement le sentiment logique, l’attirance de celle qui avait été dominé envers celui qui s’était montré supérieur. Mais à l’avenir il n’aurait plus l’avantage, au mieux l’égalité. Elle tenait à donner l’impulsion, le nouveau rythme de la danse. Pas de précipitation…Mais rage et patience ne font pas bon ménage.
Léa avait presque changé de camp, elle se tournait d’un côté puis de l’autre, cherchant une prise, un soutien, qui l’empêcherait de glisser dans l’abîme. Aloyse s’était frayé un chemin dans son esprit ; la compassion, le manque, la foi, le doute, elle avait tenté d’instiller tous ces sentiments à la jeune Garde, avec plus ou moins de succès. Les paroles d’Ilyas l’avaient bouleversée. Plus que jamais, Léa était influençable. Il fallait juste lui tendre la main, conquérir sa confiance. Aloyse lui avait tendue cette main pleine de promesses. Léa ne l’avait pas encore tout à fait acceptée mais cela ne saurait tarder ; certains détails en témoignaient. C’était l’atout dans son jeu, mais il faudrait en user avec prudence et parcimonie. Aloyse la veillerait, la guiderait, pas de façon sournoise, non. Elle en avait besoin, à titre plus personnel.
Avant tout, avant de dispenser son aide ou de déchaîner son courroux, il fallait récupérer, s’il n’était pas trop tard.
Forgefer. A peine eut-elle posé le pied dans la cité qu’Aloyse la détestait déjà ; sa population incongrue, son rythme oppressant, son haleine brûlante.
Elle se traîna dans la première taverne venue. Engourdie, son allure avait perdu en souplesse et en grâce, elle se contentait de raser les murs en évitant de croiser les regards des passants.
Elle négocia ce dont elle avait le plus besoin ; un bain et un lit.
Après quelques discussions et quelques surprises, certaines résolument rafraîchissantes, Aloyse descendit dans sa chambre, s’étonnant elle-même de son désir de solitude. Une unique ouverture dans la pièce, une petite fenêtre donnant sur la rue…Perplexité. Elle avait besoin d’air pur et se retrouvait dans une autre cage, enfouie sous terre.
Ses vêtements étaient presque collés à sa peau. A plusieurs reprises, elle eut l’impression d’arracher des fragments d’épiderme avec le cuir de sa tenue. Percluse de courbatures et autres douleurs articulaires, elle se glissa avec précaution dans le bain. L’eau de la baignoire de fortune, qui n’était rien d’autre qu’une large cuve de bois cerclée de fer, était exquise, délicieusement chaude. Sa crasse la répugnait. Il fallut vider et remplir entièrement la cuve avant que l’eau ne reste limpide. Des vapeurs légèrement parfumées s’élevaient de la baignoire improvisée ou Aloyse était presque entièrement immergée. Seul son visage restait au dessus de la surface de l’eau, comme un masque oublié, flottant dans une expression figée et neutre. Elle se laissait bercer par les clapotis de l’eau, remous naissants de ses propres mouvements pourtant lents et mesurés.
Elle n’était pas sortie indemne ; son corps souffrait le martyr et les protections qu’elle avait dressées pour préserver l’essence de son être étaient tellement vives, sensibles, qu’elles en devenaient douloureuses. Une migraine lui martelait les tempes. Etrangement, ces symptômes n’arrivaient qu’à ce moment là, alors qu’elle retrouvait un certain calme.
De longues heures, elle resta dans la même position ; le dos contre la paroi et les bras appuyés sur les rebords, épousant la forme de la cuve. A intermèdes réguliers, des femmes apportaient des seaux d’eau fumante qu’elles versaient sans grande délicatesse dans le bain pour en maintenir la température. Aloyse ne leur accordait aucune attention, aucun remerciement. Certaines s’attardaient, la relevaient pour lui frotter le dos ou lui laver les cheveux. Elle se laissait faire comme une poupée docile. En d’autres circonstances, elle n’aurait pas accepté cette proximité, même pour des femmes.
Un petit vent du Nord, frais, s’engouffrait par l’ouverture, grondant dans les voilages du rideau. Sortant de sa léthargie, Aloyse inhala une longue goulée d’air en se redressant, elle bloqua sa respiration quelques instants puis soupira ; un long soupir, profond, mêlé de résignation et de fatalité. D’une main sûre, elle remua le tas informe de ses vêtements crasseux posés à même le sol et en extirpa une longue chaîne en or à laquelle était suspendue un pendentif, en or également, qui portait ses initiales ; un « A » et un « P » finement sculptés et entrelacés dans des arabesques ciselées. Aloyse passa le collier autour de son cou avec précaution. Elle garda le pendentif dans la paume de sa main et le fixa, songeuse, tendre. Elle caressa du bout de l’index les gravures du médaillon avant de le replacer contre sa poitrine dans un nouveau soupir.
Puis lentement, très lentement, elle s’immergea. Complètement. Longtemps, très longtemps.
A l’extérieur, la nuit avait déjà drapé le monde de son voile sombre. La tempête avait laissé la place à une petite brise qui caressait, apaisait les ruines. Dans le ciel indigo profond, une flottille de points brillants filait cap au Nord.
Le bien et le mal, la joie et la douleur, la foi et le doute, l’erreur et la vérité. Des notions troubles, enchevêtrées les unes aux autres. Des définitions incertaines ; dépendant de l’éducation, de l’expérience et de la nature de chacun. Dans tous les cas, des frontières encore floues pour une jeune femme qui n’avait, au final, que dix-huit ans.
Aloyse Pérod- Citoyen
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Lieu de naissance : Stratholme
Age : 18
Date d'inscription : 04/05/2010
Re: [A faire vivre] Rétribution
Il n'y a aucun goût amer, c'est plutôt du lait sucré. Pour certain, ce lait a tourné au moment de l'avaler, n'est-ce pas Melyne ? Et le savoir c'est un moment de bien être intense, une jubilation qui vous redonne le sourire quelque soit la circonstance. C'est un rire aux éclats que Ilyas retenait tout au long de sa libération. Les sentiments essayaient de dépasser l'impassibilité, mais, pourquoi dissimuler l'émotion qui l'étreignait ? Rétribution débout. Rétribution relevée. Purification honorée. Aucun d'eux n'avait lâché. Alors pourquoi ne pas se montrer heureux ? C'est un sentiment sacré, après tout. Puisque l'ennemi ne peut plus combattre, Rétribution peut rentrer chez elle sereine, bien que fatiguée, mais résolue. Elle y rentre, éclairée par l'immense leçon, et surtout certaine de ses Devoirs et de sa Foi. Il est absolument normal et il est absolument justifié que les sbires de l'Alliance soient tués par les cramoisies. Si ces impies ne voulaient pas recevoir la mort des leurs de nos mains, ils n'avaient qu'à rester chez eux et ne pas déclarer la guerre. En attendant, il faut continuer à se battre jusqu'au dernier jour, jusqu'au jour de la victoire totale et complète.
Ilyas regardait avec insistance Nelthan, la bête qui allait être marquée d'un lion. Il se tourna vers Léa, apparemment, son petit jeu de la veille semblait avoir fonctionné et la jeune fille doutait, enfin. Il se pencha vers elle, lui murmurait distinctement à l'oreille quelques mots avant de se redresser avec sa fierté : « Admirez, Léa, la Vraie Foi. » Pourtant, au fond, Nelthan n'était pas l'exemple de la Foi en elle-même, et Ilyas non plus d'ailleurs, mais cette fois-ci, la tempérance du Ferrith allait bientôt porter ses fruits. Aubren réprimandait avec force le large sourire qui essayait de se dessiner sur son visage, il était d'ailleurs, plus concentré sur cet effort surhumain que sur l'odeur de chair brûlée qui allait bientôt planer dans l'air. Netlhan, il l'avait toujours considéré comme un enfant qui pleurnichait quand il n'avait pas ce qu'il voulait, un gamin, un gosse, un pleutre. Mais, Cherrug le savait; il valait mieux que ça, et ce n'était pas pour rien que Purge, Foi, Justice et Droiture existaient. Ils avaient tout quatre fait leur preuve, même à Âtreval. D'ailleurs, ils se devaient tous la vie, excepté Purge qui, à présent, ne devait plus rien à personne. Il se remémora leur fuite, une boule au ventre. Il réfléchit ensuite à ce qui les avait amené à Hurlevent. Leur vrai but. Il sourit. Ce n'était pas mensonge de dire que la Lumière les guidait, mais leur Lumière à eux avait le goût de vengeance, entre le sucré et le salé, les deux, le juste milieu. Il souriait, il se retenait. Sainte Lumière, qu'est-ce que ça pouvait faire du bien ! Ils savent tous ce que nous sommes, ce que nous voulons, et ils n'ont aucune preuve tangible. Et le pire dans l'histoire ? C'est que nous en jouons, et qu'ils ne peuvent rien faire.
Ensuite, vint le pilori, il jubila moins. A dire vrai, malgré les origines que Aréllys avait tenté de lui cacher durant cette longue période, il se dit que c'était l'exception qui confirmait la règle elle pouvait servir. Elle était très utile, intelligente même, et il fallait bien rehausser le niveau avec Gaëlen qui le faisait chuter en flèche. Cherrug éprouvait une certaine confiance à l'avoir avec lui, elle lui avait prouvé à de nombreuses reprises qu'elle savait se taire, et faire tourner l'ennemi en bourrique. Sa colère lui donnait encore plus de charme, mignon, dans un sens. Elle jouait habilement avec des sarcasmes, ce qui lui permettait de conserver un minimum de fierté malgré l'entrave du carcan de bois. Il pensa sur l'instant, que c'était sûrement un moyen de rassurer Ticky. C'était, quant à elle, une personne instable au niveau de ses émotions, et il avait du mal à savoir comment elle réagirait de la joie aux pleurs, de la colère au calme, de l'aigreur à la douceur, du sel au sucre. Ça l'amusait, il représentait le tout comme une sorte de passe-temps; comment réagira Ticky ? Quels mots la calmeraient ? Ce jeu mêlait à la fois rapidité et intellect, mais c'était plaisant.
Aloyse, elle, était une rose qui croyait que ses trois épines pouvaient la protéger d'un loup. Les fleurs sont tellement orgueilleuses... Mais elle, l'était plus que les autres. Au premier abord, une femme belle et douce, plus on la connait, plus l'on voit l'adolescente cachée derrière des sarcasmes et des sourires carnassiers. Tout le monde sait que les roses fabriquent des défenses inutiles : elles se font quand même couper ou manger. Et pourtant, elles continuent naïvement à se camoufler derrière leur protection. Elles sont belles et se prennent pour des terreurs avec leurs épines, elles croient qu'elles naissent en même temps que le soleil. Elles sont sottes. Mais si l'on creuse bien, on s'aperçoit qu'elles le savent c'est pourquoi il faut profiter du parfum qu'elles disposent et s'attendrir de leur vantardise, ne pas s'attarder sur leurs mots mais sur leurs actes. Buteo augur, dit la buse, en fait, ça lui allait bien si je ne m'abuse.
Il passa l'assemblée des gardes en revue. En commençant par celui qui le faisait le plus rire : Edworn Chante-Machinchose. Il était paralysé, énervé, et se contenait. Que c'était amusant ! Cependant, Ilyas refusa de jouer, c'était bien trop facile pour lui et le regarder fulminer à coté de lui lui suffisait amplement. Il pensait au goût que devait avoir le lait sucré, que lui aussi, avait décidé d'avaler alors qu'il était tourné. Hé, oui, comme le disait le Commandant Marteau-Hardi, il faut faire attention le lait vire vite en cette saison. Il jouissait pleinement de ce moment, aussi rare soit-il, il en profitait un maximum. C'était sa vengeance à lui. Il n'irait pas plus loin. Il n'irait pas trouver Kyma comme tout le monde pensait qu'il le ferait. Non, il ne s'en donnera pas la peine. Le frelon après avoir piqué pour protéger la ruche meurt, c'est bien connu. Cette petite peste du désert avait piqué, elle devait se rependre de ses actes et ce serait la justice de Hurlevent qui s'en chargerait, pas lui. Lui n'était pas la Reine des abeilles – ou des frelons, qu'importe –, il se moquait éperdument de ce que pouvaient devenir les insectes, pour lui tout était limpide il suffisait de lever la botte pour en écraser un. Or, cette fois, il n'en prendrait même pas la peine. Inutile de se salir de ses chaussures pour si peu.
Le Caporal Sell-quelque-chose, il lui avait aussi mâché le nom. Caporal. Caporal suffisait amplement. Il apprendrait son nom une autre fois. Pour l'heure, il s'en amusait aussi. Tout l'amusait, tout lui réussissait. Le changement de caractère soudain du sous-officier le faisait doucement sourire. Un loup qui a perdu sa brebis durant la course. Mais il était, pour Cherrug, loin d'être un loup. La première fois qu'on le voyait c'était un jeune chevreuil qui couraient les jambes encore frêles. Mais, c'était un serpent. Au fond, c'était lui le vrai cobra et non pas Kyma. Il se fondait dans le sable et pouvait en sortir tel un éclair jaune. Imprévisible, calculateur, énigmatique, et intimidant. Intimidant ? Non, selon les personnes. Mais Ilyas devait le reconnaître, la personnalité de ce jeune le laissait perplexe ou admirateur. Il était comme un chat sauvage, lorsque vous vous approchez de trop près il s'enfuit; lorsque l'on arrivait enfin à saisir ses intentions, Saig changeait de nouveau de caractère et de méthode. C'était assez surprenant. Une façon de réfléchir hors norme assez impressionnante. Mais oui, c'était amusant. C'était plaisant même, jouissif à certains moments. Mais, Caporal, les seuls, uniques prédateurs sont les rapaces; les serpents ne feront jamais le poids contre leurs serres, c'est une réalité qu'il va falloir admettre.
Un autre Caporal dont il ne connaissait pas le nom. Le Caporal à la potion le surnommait-il car il était toujours entrain de parler des effets négatifs de celle-ci. Il se rappelait même qu'il avait partagé ses groseilles avec Ticky. Cherrug n'arrivait pas à le saisir. Il ne savait pas si c'était un air impassible qu'il se donnait, ou si simplement c'était réel. Ça le troublait plus que le reste, et l'amusait moins. Ça arrivait presque à l'énerver. Lui, c'était un caillou, peut-être même que le Caporal Caillou lui irait mieux, oui. Et Ilyas avait pris la sale habitude, étant jeune, de donner un coup de pied dans tous les cailloux qu'il croisait sur son chemin lorsqu'il trainait des pieds. Or, c'était un gros caillou qui s'était enfoui dans sa chaussure. Pourtant, ce caillou n'en avait pas l'intention, à coup sûr. Enfin... Il ne savait pas. Rien que d'y réfléchir, il sentait la colère monter. C'est vrai qu'un caillou sous les pieds, c'est agaçant.
Léa était une chauve-souris, comme Ticky auparavant. Elle se prenait pour un aigle, alors que ses ailes n'étaient que des décorations. Les chauves-souris sont jalouses des rapaces, c'est une évidence, et elles pondent des oeufs en pensant leur arriver à la cheville. Mais, avec un peu de réfléchi et de calcul, la Garde pourrait devenir bien plus qu'une chauve-souris, et servir La Véritable. Ilyas savait qu'elle était attachée à son mari, et il était simple d'utiliser sa mort comme prétexte pour le Doute. Ensuite, elle se tournerait naturellement vers Aloyse, elle qui prône la Lumière. C'était assez drôle de voir que tout se déroulait comme il l'avait prévu.
Marteau-Hardi. Là, il éprouvait de l'admiration. C'était, certes, contre son gré, mais il devait le reconnaître, malgré la petite taille, la naine avait des qualités sûres et c'était sûrement celle qui craignait le plus. Il aurait dû prendre le temps de l'analyser, mais, il n'arrivait à prendre aucun recul par rapport à elle. Elle manipulait avec une telle aisance que c'était ébahissant. Il avait joué quelques fois avec elle et y prenait sûrement plus de plaisir qu'avec tous les autres gardes qui lui avaient adressé la parole. Il se devait d'éviter les pièges et d'en créer d'autres qu'elle esquivait avec facilité. Il avait hâte de devoir lui faire face une nouvelle fois.
La liste des gardes qui l'intéressaient s'arrêtaient là. Il y avait, évidemment, Leizen Alrun, mais elle était un cas à part. Elle le faisait rentrer dans une colère monstre qu'il s'obligeait de contenir derrière son hypocrisie naturelle, mais en retour, il savait comment la toucher; ses soeurs. Pour l'heure, il n'y pensait pas. Pour le moment, détente. Après, action.
Ilyas regardait avec insistance Nelthan, la bête qui allait être marquée d'un lion. Il se tourna vers Léa, apparemment, son petit jeu de la veille semblait avoir fonctionné et la jeune fille doutait, enfin. Il se pencha vers elle, lui murmurait distinctement à l'oreille quelques mots avant de se redresser avec sa fierté : « Admirez, Léa, la Vraie Foi. » Pourtant, au fond, Nelthan n'était pas l'exemple de la Foi en elle-même, et Ilyas non plus d'ailleurs, mais cette fois-ci, la tempérance du Ferrith allait bientôt porter ses fruits. Aubren réprimandait avec force le large sourire qui essayait de se dessiner sur son visage, il était d'ailleurs, plus concentré sur cet effort surhumain que sur l'odeur de chair brûlée qui allait bientôt planer dans l'air. Netlhan, il l'avait toujours considéré comme un enfant qui pleurnichait quand il n'avait pas ce qu'il voulait, un gamin, un gosse, un pleutre. Mais, Cherrug le savait; il valait mieux que ça, et ce n'était pas pour rien que Purge, Foi, Justice et Droiture existaient. Ils avaient tout quatre fait leur preuve, même à Âtreval. D'ailleurs, ils se devaient tous la vie, excepté Purge qui, à présent, ne devait plus rien à personne. Il se remémora leur fuite, une boule au ventre. Il réfléchit ensuite à ce qui les avait amené à Hurlevent. Leur vrai but. Il sourit. Ce n'était pas mensonge de dire que la Lumière les guidait, mais leur Lumière à eux avait le goût de vengeance, entre le sucré et le salé, les deux, le juste milieu. Il souriait, il se retenait. Sainte Lumière, qu'est-ce que ça pouvait faire du bien ! Ils savent tous ce que nous sommes, ce que nous voulons, et ils n'ont aucune preuve tangible. Et le pire dans l'histoire ? C'est que nous en jouons, et qu'ils ne peuvent rien faire.
Ensuite, vint le pilori, il jubila moins. A dire vrai, malgré les origines que Aréllys avait tenté de lui cacher durant cette longue période, il se dit que c'était l'exception qui confirmait la règle elle pouvait servir. Elle était très utile, intelligente même, et il fallait bien rehausser le niveau avec Gaëlen qui le faisait chuter en flèche. Cherrug éprouvait une certaine confiance à l'avoir avec lui, elle lui avait prouvé à de nombreuses reprises qu'elle savait se taire, et faire tourner l'ennemi en bourrique. Sa colère lui donnait encore plus de charme, mignon, dans un sens. Elle jouait habilement avec des sarcasmes, ce qui lui permettait de conserver un minimum de fierté malgré l'entrave du carcan de bois. Il pensa sur l'instant, que c'était sûrement un moyen de rassurer Ticky. C'était, quant à elle, une personne instable au niveau de ses émotions, et il avait du mal à savoir comment elle réagirait de la joie aux pleurs, de la colère au calme, de l'aigreur à la douceur, du sel au sucre. Ça l'amusait, il représentait le tout comme une sorte de passe-temps; comment réagira Ticky ? Quels mots la calmeraient ? Ce jeu mêlait à la fois rapidité et intellect, mais c'était plaisant.
Aloyse, elle, était une rose qui croyait que ses trois épines pouvaient la protéger d'un loup. Les fleurs sont tellement orgueilleuses... Mais elle, l'était plus que les autres. Au premier abord, une femme belle et douce, plus on la connait, plus l'on voit l'adolescente cachée derrière des sarcasmes et des sourires carnassiers. Tout le monde sait que les roses fabriquent des défenses inutiles : elles se font quand même couper ou manger. Et pourtant, elles continuent naïvement à se camoufler derrière leur protection. Elles sont belles et se prennent pour des terreurs avec leurs épines, elles croient qu'elles naissent en même temps que le soleil. Elles sont sottes. Mais si l'on creuse bien, on s'aperçoit qu'elles le savent c'est pourquoi il faut profiter du parfum qu'elles disposent et s'attendrir de leur vantardise, ne pas s'attarder sur leurs mots mais sur leurs actes. Buteo augur, dit la buse, en fait, ça lui allait bien si je ne m'abuse.
Il passa l'assemblée des gardes en revue. En commençant par celui qui le faisait le plus rire : Edworn Chante-Machinchose. Il était paralysé, énervé, et se contenait. Que c'était amusant ! Cependant, Ilyas refusa de jouer, c'était bien trop facile pour lui et le regarder fulminer à coté de lui lui suffisait amplement. Il pensait au goût que devait avoir le lait sucré, que lui aussi, avait décidé d'avaler alors qu'il était tourné. Hé, oui, comme le disait le Commandant Marteau-Hardi, il faut faire attention le lait vire vite en cette saison. Il jouissait pleinement de ce moment, aussi rare soit-il, il en profitait un maximum. C'était sa vengeance à lui. Il n'irait pas plus loin. Il n'irait pas trouver Kyma comme tout le monde pensait qu'il le ferait. Non, il ne s'en donnera pas la peine. Le frelon après avoir piqué pour protéger la ruche meurt, c'est bien connu. Cette petite peste du désert avait piqué, elle devait se rependre de ses actes et ce serait la justice de Hurlevent qui s'en chargerait, pas lui. Lui n'était pas la Reine des abeilles – ou des frelons, qu'importe –, il se moquait éperdument de ce que pouvaient devenir les insectes, pour lui tout était limpide il suffisait de lever la botte pour en écraser un. Or, cette fois, il n'en prendrait même pas la peine. Inutile de se salir de ses chaussures pour si peu.
Le Caporal Sell-quelque-chose, il lui avait aussi mâché le nom. Caporal. Caporal suffisait amplement. Il apprendrait son nom une autre fois. Pour l'heure, il s'en amusait aussi. Tout l'amusait, tout lui réussissait. Le changement de caractère soudain du sous-officier le faisait doucement sourire. Un loup qui a perdu sa brebis durant la course. Mais il était, pour Cherrug, loin d'être un loup. La première fois qu'on le voyait c'était un jeune chevreuil qui couraient les jambes encore frêles. Mais, c'était un serpent. Au fond, c'était lui le vrai cobra et non pas Kyma. Il se fondait dans le sable et pouvait en sortir tel un éclair jaune. Imprévisible, calculateur, énigmatique, et intimidant. Intimidant ? Non, selon les personnes. Mais Ilyas devait le reconnaître, la personnalité de ce jeune le laissait perplexe ou admirateur. Il était comme un chat sauvage, lorsque vous vous approchez de trop près il s'enfuit; lorsque l'on arrivait enfin à saisir ses intentions, Saig changeait de nouveau de caractère et de méthode. C'était assez surprenant. Une façon de réfléchir hors norme assez impressionnante. Mais oui, c'était amusant. C'était plaisant même, jouissif à certains moments. Mais, Caporal, les seuls, uniques prédateurs sont les rapaces; les serpents ne feront jamais le poids contre leurs serres, c'est une réalité qu'il va falloir admettre.
Un autre Caporal dont il ne connaissait pas le nom. Le Caporal à la potion le surnommait-il car il était toujours entrain de parler des effets négatifs de celle-ci. Il se rappelait même qu'il avait partagé ses groseilles avec Ticky. Cherrug n'arrivait pas à le saisir. Il ne savait pas si c'était un air impassible qu'il se donnait, ou si simplement c'était réel. Ça le troublait plus que le reste, et l'amusait moins. Ça arrivait presque à l'énerver. Lui, c'était un caillou, peut-être même que le Caporal Caillou lui irait mieux, oui. Et Ilyas avait pris la sale habitude, étant jeune, de donner un coup de pied dans tous les cailloux qu'il croisait sur son chemin lorsqu'il trainait des pieds. Or, c'était un gros caillou qui s'était enfoui dans sa chaussure. Pourtant, ce caillou n'en avait pas l'intention, à coup sûr. Enfin... Il ne savait pas. Rien que d'y réfléchir, il sentait la colère monter. C'est vrai qu'un caillou sous les pieds, c'est agaçant.
Léa était une chauve-souris, comme Ticky auparavant. Elle se prenait pour un aigle, alors que ses ailes n'étaient que des décorations. Les chauves-souris sont jalouses des rapaces, c'est une évidence, et elles pondent des oeufs en pensant leur arriver à la cheville. Mais, avec un peu de réfléchi et de calcul, la Garde pourrait devenir bien plus qu'une chauve-souris, et servir La Véritable. Ilyas savait qu'elle était attachée à son mari, et il était simple d'utiliser sa mort comme prétexte pour le Doute. Ensuite, elle se tournerait naturellement vers Aloyse, elle qui prône la Lumière. C'était assez drôle de voir que tout se déroulait comme il l'avait prévu.
Marteau-Hardi. Là, il éprouvait de l'admiration. C'était, certes, contre son gré, mais il devait le reconnaître, malgré la petite taille, la naine avait des qualités sûres et c'était sûrement celle qui craignait le plus. Il aurait dû prendre le temps de l'analyser, mais, il n'arrivait à prendre aucun recul par rapport à elle. Elle manipulait avec une telle aisance que c'était ébahissant. Il avait joué quelques fois avec elle et y prenait sûrement plus de plaisir qu'avec tous les autres gardes qui lui avaient adressé la parole. Il se devait d'éviter les pièges et d'en créer d'autres qu'elle esquivait avec facilité. Il avait hâte de devoir lui faire face une nouvelle fois.
La liste des gardes qui l'intéressaient s'arrêtaient là. Il y avait, évidemment, Leizen Alrun, mais elle était un cas à part. Elle le faisait rentrer dans une colère monstre qu'il s'obligeait de contenir derrière son hypocrisie naturelle, mais en retour, il savait comment la toucher; ses soeurs. Pour l'heure, il n'y pensait pas. Pour le moment, détente. Après, action.
Tu me ceins de force pour le combat,
Tu fais plier sous moi mes adversaires.
Tu fais tourner le dos à mes ennemis devant moi,
Et j'extermine ceux qui me haïssent.
Ils crient, et personne pour les sauver !
Ils crient à la Lumière, et Elle ne leur répond pas!
Je les broie comme la poussière qu'emporte le vent,
Je les foule comme la boue des rues.
Tu fais plier sous moi mes adversaires.
Tu fais tourner le dos à mes ennemis devant moi,
Et j'extermine ceux qui me haïssent.
Ils crient, et personne pour les sauver !
Ils crient à la Lumière, et Elle ne leur répond pas!
Je les broie comme la poussière qu'emporte le vent,
Je les foule comme la boue des rues.
Ilyas Aubren- Citoyen
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Lieu de naissance : Hautebrande
Age : .
Date d'inscription : 02/05/2008
Re: [A faire vivre] Rétribution
"Major, la sentence."
C'est dans un soupir qu'elle répondit à l'appel. Elle soupirait beaucoup ces temps-ci. Ca n'avait rien d'un dépit, pas même d'un regret. Juste une résignation. Et comme l'abnégation peut être parfois pesante...
Elle comprenait de plus en plus Semelys, lui qui avait était son ennemi de part leurs rôles et choix respectifs, lui pourtant qui était le plus à même de la saisir.
Elle comprenait de plus en plus cette envie sereine d'exil, de retranchement, d'autarcie avec les siens.
Là où il pouvait suivre, partager, dispenser ses codes d'honneur sans qu'ils soient sans cesse mis à mal par les incongruités et aberrations.
Incongruités et aberrations bien trop fréquentes en Hurlevent pour que les principes de Leizen ne s'en retrouvent pas malmenés.
Pourtant la Major conservait cette loyauté absolue. Toute aussi dévouée à son travail qu'en son premier jour d'enrôlement, mais bien moins aveugle qu'en ses premières heures. Sa ligne de conduite demeurait inchangée, mais les raisons de sa dévotion, elles, s'étaient muées. Et si aujourd'hui sa droiture n'avait souffert d'aucun courbement d'échine, ce qui lui maintenait la tête haute n'avait plus rien à voir avec ses considérations naïves de ses débuts. Lucidité et pragmatisme se tenaient en lieu et place d'utopie et d'espoir.
Elle avait vue, vécue et entendue trop de choses en trop peu de temps.
Protégée par une captivité paternelle dans une demeure agréable, Leizen ne connaissait pas l'Azeroth authentique et c'est seulement lorsqu'elle s'en était allée de ce cocon familial qu'elle avait prit conscience de l'ampleur de la supercherie de son existence confinée loin de la réalité.
Comme lorsqu'on pousse la porte d'une taverne et que les relents d'alcool, de sueur, de boiserie humide, vous prennent à la gorge jusqu'à vous arracher un hoquet de suffocation.
La jeune femme avait reçu ainsi la vérité, de plein fouet.
On lui avait prêté de la bêtise, ce n'était en fait que de l'ignorance. Avec acharnement, La Major s'était affairée à récupérer son "retard" sur la compréhension et la découverte de ce monde. En un an à peine, elle avait du assimiler ce que d'autres mettent toute une vie à construire. Et pour cause, en un an à peine elle avait du assimiler toutes ces autres vies. Ce qu'on nomme: L'Histoire.
Trop vite sûrement..bien trop vite assurément.
Comme le gavage d'une oie jusqu'à distorsion de son foie. Durant ses découvertes des haut le coeur l'avaient prise régulièrement.
La mort, l'amitié, la trahison, les croyances, les guerres, les dieux...
Savoir ne pouvait pas la laisser inchangée. Et il fallait le reconnaitre, malgré une plus grande connaissance de ce qui l'entoure elle ne s'était pas totalement adaptée, car elle n'avait pas tout accepté. Compris, oui. Adhérer, non.
Un décalage s'était alors installé. Entre elle et eux.
La Major releva la tête sur la ligne qui s'était formée devant elle. Elle s'était placée en amont pour lire la sentence. En réalité elle s'était surtout placée en retrait.
Ce même décalage.
Comme si cette courte distance pouvait l'empêcher d'être touchée, atteinte par ce qui se déroulait.
Elle avait compris la sentence, elle n'y avait pas adhéré.
Par ses quelques signes d'irritation certains devaient croire que Leizen eut préféré un gibet, d'autres encore devaient penser qu'elle aurait souhaité prolonger l'enfermement plutôt que de les libérer.
Ils auraient eu tort, tous.
Le motif exact à sa nervosité était emporté par cet énième soupir.
Ce soupir résigné.
Lorsque Cherrug l'interpella sur le "repentir", son agacement ne fut plus contenu. Ils savaient tout deux, que la question n'était pas là pour démontrer un quelconque intérêt d'expiation. Ce n'était qu'une moquerie, un mépris total de la repentance que le Royaume de Sa Majesté pouvait leur octroyer. Car Ilyas, comme les autres, n'attendait rien de ce Souverain. Cela avait agacé Leizen. Pas qu'elle espérait qu'ils se soumettent à la pénitence du Roi, mais que face à ce dédain et ce rejet clairement affiché du repentir, il frappait vicieusement sur les propres convictions de la jeune femme. La rémission comptait pour elle, pas pour lui.
Un moment, les paroles d'Hiltar s'étaient imposées à son esprit: Je n'ai aucun regret. Aubren n'en avait pas lui aussi et il venait de le lui dire tacitement. Ca ne pouvait que finir de la même manière. Ca ne pouvait que mal finir.
Soupir résigné, encore.
Ils s'étaient parlés et côtoyés que peu, malgré la promiscuité de la caserne. Il n'avait cherché à accrocher le regard de la Major qu'en de rares fois et elle n'avait rompu le silence avec lui qu'en d'aussi rares occasions. Parcequ'ils n'avaient pas besoin de fioritures. Quand d'autres s'étaient pris au jeu de qui sera le traqueur et qui sera le traqué, eux n'en avaient rien fait. Ce n'était pas par manque d'envie, c'était par exigence, car ils aspiraient à plus grande ambition, plus grande envergure afin de se mettre à jouer à leur tour. Les cellules étaient trop étroites, les protagonistes trop nombreux. Dehors, c'eut été mieux. Dehors, c'est ce qu'ils attendaient. Dehors, ils auraient plus de liberté. Dehors, ils iraient danser.
Car il la détestait et qu'elle le savait. Ce même regarde que Taelis, qui l'avait haït pour le tabard qu'elle portait. Qui l'avait haït de ne pas fléchir...
Dehors, ils se retrouveraient. Leizen se surprit même à espérer que Cherrug soit moins couard que Taelis et que leur prochain affrontement soit engagé comme il se doit. Sans armées, sans bannières, sans forteresse.
Tandis qu'elle poursuivait la lecture de la sentence d'une voix monocorde son regard glissa sur Aloyse. Cette femme lui rappelait Eldya et de ce fait, Leizen n'éprouvait aucune animosité envers elle. Eldya, contre toutes attentes, s'était révélée être une femme de principes. Chose que la Major ne pouvait qu'apprécier.
Bien sûr, ni l'une, ni l'autre ne partageait les mêmes idéaux. Ni l'une, ni l'autre n'aurait accepté de se rallier aux causes qu'elles défendaient. Plus que des opinions divergentes, c'était un choix consciencieux et réfléchit d'exclure toutes alternatives au chemin emprunté. Elles se devaient de marcher juste, de marcher droit, non pas qu'elles refusaient tous regards sur une autre horizon. Non pas qu'elles étaient obtues et fermées à toutes autres visions, mais leurs routes respectives ne pouvaient changées. Seule la façon d'y arriver, et avec qui y arriver avait droit d'être flexible, rien d'autre ne pouvait être influençable.
Diplomates l'une et l'autre, leur ressemblance aurait pu s'arrêter là. Mais il y avait également cette pugnacité similaire. Ce sacrifice volontaire à leur dogme. Pour l'une c'était du fanatisme, pour l'autre du zèle. Parfois, peut-être, était-ce le contraire...
L'une et l'autre connaissait le coût de leurs choix. Le poids d'une conduite unique. Parceque ce n'est pas chose facile, dans ce monde ci, d'être fidèle. Peu importe à qui, ou quoi. La difficulté reste la même et y faire face reste louable.
A leur égard, d'Eldya et d'Aloyse, aucune haine. En d'autres circonstances leurs rôles auraient pu être inversés, en d'autres circonstances elles auraient peut-être pu être du même côté. Mais leur éducation, leur vie, leur pensées, leur rencontres en avaient décidés autrement. C'était ainsi. Résignation. Et Leizen, pragmatique, n'était pas du genre à haïr la fatalité.
"Major, une gorgée ?"
Hors service on lui proposait de boire, hors service, pourtant, on continuait de l'appeler Major.
L'étrangeté et la contradiction dans cette phrase l'avait amusé ce soir là.
Pour toutes les autres circonstances où cela lui était arrivé, Leizen en plus d'en sourire s'était également interrogée sur l'emploi de son titre.
Il y a le "Major" d'apparat.
Parcequ'il est logique d'appeler un chat un chat. Un soldat reste donc un soldat.
La personne qui le prononce n'a que faire de votre véritable prénom. Elle s'en contre-fiche.
On ne vous porte d'intérêt qu'a travers le résultat de votre travail.
Ce Major là n'est donc utilisé que pour vous ramener à ce qui vous désigne concrètement: Un quota d'arrestation, une aide à vos ennuis de voisinage, un appui contre les tracas et délits quotidiens, une application de la justice, une défense de territoires, une protection pour civil, un chien-chien du Roi, un coupable à désigner quand les choses ne vont pas, une plume pour courriers et autorisations officiels... Vous êtes tout cela et au delà n'êtes rien. Un ustensile utile en temps voulu, voilà tout.
C'est une vision quelque peu sommaire, voire inhumaine, mais au moins ça a le mérite d'être honnête. Vous savez à quoi vous en tenir quand ce Major d'apparat est prononcé. Même hors service vous ne restez qu'un outil à la disposition du tout venant.
Ce n'est ni une offense, ni de la méchanceté. Impersonnel, certes, mais concret.
Viens ensuite le "Major" diplomate.
Celui-ci est à double tranchant. Tantôt poli, tantôt hypocrite.
Dans un premier temps, ne soyez pas étonné que vos alliés, les citoyens habitués à la caserne, les ex-détenus rancuniers, vous appellerons Major où que vous soyez. Pure politesse. Simple convenance. On apprécie cette utilisation du titre, car c'est une forme de courtoisie, voire même une sorte de récompense, de reconnaissance due à votre travail.
Dans un second temps..
Parcequ'un titre ça sonne bien ! Parcequ'un titre ça fait classe ! Alors on tente mielleusement de flatter votre égo' en continuant de vous le donner même dans les cas où vous n'êtes pas en train d'exercer quoi que ce soit qui ait un rapport avec un travail.
Vous êtes en train de négocier des pots de miel bien loin, très loin, de votre juridiction. Vous commencez à vous empiffrer, comme tout à chacun devant sa friandise favorite. Rien d'anormal il semblerait. Détrompez vous ! Vous êtes Major. Hors de votre Royaume ou non, en uniforme ou pas. Pris en flagrant délit d'action ô combien banale et cela figurez-vous que pour certains c'est inconcevable ! Inadmissible ! Alors on vous lâche ce petit Major diplomate, et pour le coup assassin, pour vous remettre les idées en place.
Puis encore, il y a le "Major" respectueux.
Souvent utilisé par vos gardes en dehors de la Caserne. D'abord on le prend comme une habitude tenace dont vos hommes n'arrivent pas à se défaire au-delà des murs de la garnison. Puis on se rend compte que certains de vos collègues arrivent très bien à se passer de cette appellation pour être tout de suite plus familier. Si d'autres ont plus de mal, c'est que ce Major constitue un détachement bienveillant. Quelque chose de précieux et respectueux qui n'oublie pas que certaines qualités d'un Major sont aussi celles de la femme. Ce Major est la métaphore d'une révérence à l'être entier, que l'on ne connait pas totalement mais qu'on se plait à deviner. Il peut être froid comme chaleureux dans les deux cas c'est un Major très généreux, qu'on ne peut qu'apprécier. Il est flatteur mais finalement, et c'est le plus important, très attentionné.
Pour finir il y a le "Major" amical.
Seul Khassim l'emploie ainsi, c'est ce qui lui donne tout son sens et sa valeur.
Le Porte-Flamme continue de dire Major des mois après sa démission. Vous n'êtes plus son officier, supérieur en rien. Il ne vous doit et n'est obligé à rien.
Un de ces rares amis sur qui l'on peut compter. Confiance parfaite. Malgré cela, même seul à seul, il ne prononce jamais votre prénom. Il le connait, il connait de vous plus de chose que d'autres, puisqu'il est votre ami. Et il continue de vous appelez Major. Taquinerie ? De temps en temps sûrement !
Mais c'est surtout -Leizen le croit en tout cas- un Major doux, un Major tendre. Comme lorsqu'on donne un surnom amical aux personnes qui nous sont proches. Quelque chose de bien plus personnel, bien plus intime que ce que laisse paraitre la fonction initiale de ce grade.
Major.
Celui là, c'était celui de Saig. Il accumule le Major d'apparat et le Major respectueux -du moins l'espérait-elle-. Un salut concis, poli, sans enrobage avant que le Caporal ne replonge la tête dans les dossiers.
Avant Leizen prenait soin de se faufiler jusqu'aux armoires des rapports avec une discrétion qu'on ne lui aurait jamais accordé de prime abord, car on à l'habitude de la voir se déplacer avec ses moeurs militaires: Stricte, droite, le pas ferme. De temps à autres une foulée très maniérée, attitude de bourgeoise disait-on. C'était moins futile que ça, quelque chose de plus contenu. Quand d'autre se modère avec discrétion, la Major tout au contraire le faisait avec volubilité ce qui se traduisait par ces gestes exagérément précieux.
A Tanaris, la jeune femme avait appris à marcher en silence et sans trace. Avec une légère inclinaison de la plante des pieds, un juste dosage de son poids et une bonne connaissance de son équilibre ainsi que du sol sur lequel on se glisse faisaient des merveilles. Leizen se mouvait sans bruits et aurait pu surprendre le plus méfiant des assassins.
Mais depuis que Saig était arrivé à la caserne, elle n'utilisait plus ce délicat talent. A quoi bon tenter de lui masquer sa présence ? Ils avaient la même habitude: Veiller tard et profiter que l'effervescence diurne de la garnison ne soit plus en cette heure tardive. Etudier, disséquer, inspecter les feuillets. Encore et encore. Satisfaire la curiosité, le besoin de comprendre, l'envie de réponse.
Le lendemain, malgré les précautions prises par les deux gardes pour être les plus discrets possible, les cernes les trahissaient.
Vous en faites trop. Reposez-vous.
Les coutumières remontrances qu'ils prenaient tout deux avec le sourire, car c'était avant tout de la sollicitude.
Saig savait dénouer les noeuds avec une déconcertante facilité. Elle savait appréhender et déduire avec une logique intransigeante.
Lui opiniâtre, elle zélée. Saig passionné, Leizen rationnelle. Ils ne pouvaient que se disputer. Le plus surprenant en définitive c'est que cela n'était guère arrivé souvent.
Ce dernier dossier, Rétribution, leur laisser un goût amer. Sûrement pas pour les mêmes raisons, mais leur démarche de poursuivre l'affaire devait bien s'accorder sur quelques intérêts commun. Si ce n'est, bien sûr, celui de faire leur devoir.
L'attaque sur la Commandante pour commencer. C'était une bonne raison.
Un félon dans la garde. Personne ou peut s'en faut n'avait été dupe sur les intentions de Larwik. Sa traîtrise larvée n'avait rien de subtile. Peu discret, il ne pouvait véritablement être utile aux détenus, car aucune information ne lui était accordé. Il n'en restait pas moins dangereux car tellement ridicule dans ses tentatives d'investigations et de corruption qu'il pouvait, à tout moment, s'énerver de n'obtenir aucun résultat.
Les gardes étaient sur les nerfs de ne pouvoir rien faire contre lui. Rien de concret en tout les cas. Pas assez de preuves, une foultitudes de présomptions qui ne donneraient rien devant la justice. Notre propre justice ne nous protégerait pas..Ironique.
La conclusion ne tarda pas à se confirmer. Impulsif, Larwik s'en était prit au Commandant dans l'enceinte même de la Caserne..Au beau milieu d'une dizaine de gardes ! Et à l'heure de pointe en plus ! Stupide, définitivement stupide. La bêtise aurait pu les prendre de cours, et l'envie des gardes d'en découdre avec ce scélérat aurait pu tourner au bain de sang. Même elle s'était retenue de se ruer sur Larwik, d'enfin prouver ses progrès à l'arme. La midinette d'il y a six mois avait troqué son sempiternel "Je ne frappe pas" par un "Je rends les coups" et ce sans le moindre remord. Elle aurait pu, mais l'heure n'était pas aux démonstrations. Trop risqué. Réfléchir posément, raisonner vite..pour le Commandant. Les Gardes au coude à coude prêt à bondir à son ordre, Saig plus en retrait, stoïque, visant de son arbalète la tête du félon. L'interstice. La fissure dans le casque. Segondell viserait juste, il fallait y croire. Le coup de Saig serait réussit, besoin d'aucune aide, on ne pouvait que faire en sorte que le coup de l'adversaire, lui, échoue. Elle le fît. La création d'un bouclier protecteur assez solide pour intercepter l'impact d'une balle à si courte distance lui coupa le souffle. Saig tira. Larwik s'écroula. Les gardes se précipitèrent pour extirper le Commandant de ce guêpier et lui porter les premiers soins. Les connaissances en médecine d'Edworn, quelques heures plus tard, lui sauveront la vie.
C'était fini.
Pour Larwik, car il y en avait d'autres comme lui en leur sein, là encore ils n'étaient pas dupes. Mais là encore ils se confrontaient aux mêmes difficultés. Pas de preuve.
Attendre.
Cela viendrait bien assez tôt.
C'est dans un soupir qu'elle répondit à l'appel. Elle soupirait beaucoup ces temps-ci. Ca n'avait rien d'un dépit, pas même d'un regret. Juste une résignation. Et comme l'abnégation peut être parfois pesante...
Elle comprenait de plus en plus Semelys, lui qui avait était son ennemi de part leurs rôles et choix respectifs, lui pourtant qui était le plus à même de la saisir.
Elle comprenait de plus en plus cette envie sereine d'exil, de retranchement, d'autarcie avec les siens.
Là où il pouvait suivre, partager, dispenser ses codes d'honneur sans qu'ils soient sans cesse mis à mal par les incongruités et aberrations.
Incongruités et aberrations bien trop fréquentes en Hurlevent pour que les principes de Leizen ne s'en retrouvent pas malmenés.
Pourtant la Major conservait cette loyauté absolue. Toute aussi dévouée à son travail qu'en son premier jour d'enrôlement, mais bien moins aveugle qu'en ses premières heures. Sa ligne de conduite demeurait inchangée, mais les raisons de sa dévotion, elles, s'étaient muées. Et si aujourd'hui sa droiture n'avait souffert d'aucun courbement d'échine, ce qui lui maintenait la tête haute n'avait plus rien à voir avec ses considérations naïves de ses débuts. Lucidité et pragmatisme se tenaient en lieu et place d'utopie et d'espoir.
Elle avait vue, vécue et entendue trop de choses en trop peu de temps.
Protégée par une captivité paternelle dans une demeure agréable, Leizen ne connaissait pas l'Azeroth authentique et c'est seulement lorsqu'elle s'en était allée de ce cocon familial qu'elle avait prit conscience de l'ampleur de la supercherie de son existence confinée loin de la réalité.
Comme lorsqu'on pousse la porte d'une taverne et que les relents d'alcool, de sueur, de boiserie humide, vous prennent à la gorge jusqu'à vous arracher un hoquet de suffocation.
La jeune femme avait reçu ainsi la vérité, de plein fouet.
On lui avait prêté de la bêtise, ce n'était en fait que de l'ignorance. Avec acharnement, La Major s'était affairée à récupérer son "retard" sur la compréhension et la découverte de ce monde. En un an à peine, elle avait du assimiler ce que d'autres mettent toute une vie à construire. Et pour cause, en un an à peine elle avait du assimiler toutes ces autres vies. Ce qu'on nomme: L'Histoire.
Trop vite sûrement..bien trop vite assurément.
Comme le gavage d'une oie jusqu'à distorsion de son foie. Durant ses découvertes des haut le coeur l'avaient prise régulièrement.
La mort, l'amitié, la trahison, les croyances, les guerres, les dieux...
Savoir ne pouvait pas la laisser inchangée. Et il fallait le reconnaitre, malgré une plus grande connaissance de ce qui l'entoure elle ne s'était pas totalement adaptée, car elle n'avait pas tout accepté. Compris, oui. Adhérer, non.
Un décalage s'était alors installé. Entre elle et eux.
La Major releva la tête sur la ligne qui s'était formée devant elle. Elle s'était placée en amont pour lire la sentence. En réalité elle s'était surtout placée en retrait.
Ce même décalage.
Comme si cette courte distance pouvait l'empêcher d'être touchée, atteinte par ce qui se déroulait.
Elle avait compris la sentence, elle n'y avait pas adhéré.
Par ses quelques signes d'irritation certains devaient croire que Leizen eut préféré un gibet, d'autres encore devaient penser qu'elle aurait souhaité prolonger l'enfermement plutôt que de les libérer.
Ils auraient eu tort, tous.
Le motif exact à sa nervosité était emporté par cet énième soupir.
Ce soupir résigné.
Lorsque Cherrug l'interpella sur le "repentir", son agacement ne fut plus contenu. Ils savaient tout deux, que la question n'était pas là pour démontrer un quelconque intérêt d'expiation. Ce n'était qu'une moquerie, un mépris total de la repentance que le Royaume de Sa Majesté pouvait leur octroyer. Car Ilyas, comme les autres, n'attendait rien de ce Souverain. Cela avait agacé Leizen. Pas qu'elle espérait qu'ils se soumettent à la pénitence du Roi, mais que face à ce dédain et ce rejet clairement affiché du repentir, il frappait vicieusement sur les propres convictions de la jeune femme. La rémission comptait pour elle, pas pour lui.
Un moment, les paroles d'Hiltar s'étaient imposées à son esprit: Je n'ai aucun regret. Aubren n'en avait pas lui aussi et il venait de le lui dire tacitement. Ca ne pouvait que finir de la même manière. Ca ne pouvait que mal finir.
Soupir résigné, encore.
Ils s'étaient parlés et côtoyés que peu, malgré la promiscuité de la caserne. Il n'avait cherché à accrocher le regard de la Major qu'en de rares fois et elle n'avait rompu le silence avec lui qu'en d'aussi rares occasions. Parcequ'ils n'avaient pas besoin de fioritures. Quand d'autres s'étaient pris au jeu de qui sera le traqueur et qui sera le traqué, eux n'en avaient rien fait. Ce n'était pas par manque d'envie, c'était par exigence, car ils aspiraient à plus grande ambition, plus grande envergure afin de se mettre à jouer à leur tour. Les cellules étaient trop étroites, les protagonistes trop nombreux. Dehors, c'eut été mieux. Dehors, c'est ce qu'ils attendaient. Dehors, ils auraient plus de liberté. Dehors, ils iraient danser.
Car il la détestait et qu'elle le savait. Ce même regarde que Taelis, qui l'avait haït pour le tabard qu'elle portait. Qui l'avait haït de ne pas fléchir...
Dehors, ils se retrouveraient. Leizen se surprit même à espérer que Cherrug soit moins couard que Taelis et que leur prochain affrontement soit engagé comme il se doit. Sans armées, sans bannières, sans forteresse.
Tandis qu'elle poursuivait la lecture de la sentence d'une voix monocorde son regard glissa sur Aloyse. Cette femme lui rappelait Eldya et de ce fait, Leizen n'éprouvait aucune animosité envers elle. Eldya, contre toutes attentes, s'était révélée être une femme de principes. Chose que la Major ne pouvait qu'apprécier.
Bien sûr, ni l'une, ni l'autre ne partageait les mêmes idéaux. Ni l'une, ni l'autre n'aurait accepté de se rallier aux causes qu'elles défendaient. Plus que des opinions divergentes, c'était un choix consciencieux et réfléchit d'exclure toutes alternatives au chemin emprunté. Elles se devaient de marcher juste, de marcher droit, non pas qu'elles refusaient tous regards sur une autre horizon. Non pas qu'elles étaient obtues et fermées à toutes autres visions, mais leurs routes respectives ne pouvaient changées. Seule la façon d'y arriver, et avec qui y arriver avait droit d'être flexible, rien d'autre ne pouvait être influençable.
Diplomates l'une et l'autre, leur ressemblance aurait pu s'arrêter là. Mais il y avait également cette pugnacité similaire. Ce sacrifice volontaire à leur dogme. Pour l'une c'était du fanatisme, pour l'autre du zèle. Parfois, peut-être, était-ce le contraire...
L'une et l'autre connaissait le coût de leurs choix. Le poids d'une conduite unique. Parceque ce n'est pas chose facile, dans ce monde ci, d'être fidèle. Peu importe à qui, ou quoi. La difficulté reste la même et y faire face reste louable.
A leur égard, d'Eldya et d'Aloyse, aucune haine. En d'autres circonstances leurs rôles auraient pu être inversés, en d'autres circonstances elles auraient peut-être pu être du même côté. Mais leur éducation, leur vie, leur pensées, leur rencontres en avaient décidés autrement. C'était ainsi. Résignation. Et Leizen, pragmatique, n'était pas du genre à haïr la fatalité.
"Major, une gorgée ?"
Hors service on lui proposait de boire, hors service, pourtant, on continuait de l'appeler Major.
L'étrangeté et la contradiction dans cette phrase l'avait amusé ce soir là.
Pour toutes les autres circonstances où cela lui était arrivé, Leizen en plus d'en sourire s'était également interrogée sur l'emploi de son titre.
Il y a le "Major" d'apparat.
Parcequ'il est logique d'appeler un chat un chat. Un soldat reste donc un soldat.
La personne qui le prononce n'a que faire de votre véritable prénom. Elle s'en contre-fiche.
On ne vous porte d'intérêt qu'a travers le résultat de votre travail.
Ce Major là n'est donc utilisé que pour vous ramener à ce qui vous désigne concrètement: Un quota d'arrestation, une aide à vos ennuis de voisinage, un appui contre les tracas et délits quotidiens, une application de la justice, une défense de territoires, une protection pour civil, un chien-chien du Roi, un coupable à désigner quand les choses ne vont pas, une plume pour courriers et autorisations officiels... Vous êtes tout cela et au delà n'êtes rien. Un ustensile utile en temps voulu, voilà tout.
C'est une vision quelque peu sommaire, voire inhumaine, mais au moins ça a le mérite d'être honnête. Vous savez à quoi vous en tenir quand ce Major d'apparat est prononcé. Même hors service vous ne restez qu'un outil à la disposition du tout venant.
Ce n'est ni une offense, ni de la méchanceté. Impersonnel, certes, mais concret.
Viens ensuite le "Major" diplomate.
Celui-ci est à double tranchant. Tantôt poli, tantôt hypocrite.
Dans un premier temps, ne soyez pas étonné que vos alliés, les citoyens habitués à la caserne, les ex-détenus rancuniers, vous appellerons Major où que vous soyez. Pure politesse. Simple convenance. On apprécie cette utilisation du titre, car c'est une forme de courtoisie, voire même une sorte de récompense, de reconnaissance due à votre travail.
Dans un second temps..
Parcequ'un titre ça sonne bien ! Parcequ'un titre ça fait classe ! Alors on tente mielleusement de flatter votre égo' en continuant de vous le donner même dans les cas où vous n'êtes pas en train d'exercer quoi que ce soit qui ait un rapport avec un travail.
Vous êtes en train de négocier des pots de miel bien loin, très loin, de votre juridiction. Vous commencez à vous empiffrer, comme tout à chacun devant sa friandise favorite. Rien d'anormal il semblerait. Détrompez vous ! Vous êtes Major. Hors de votre Royaume ou non, en uniforme ou pas. Pris en flagrant délit d'action ô combien banale et cela figurez-vous que pour certains c'est inconcevable ! Inadmissible ! Alors on vous lâche ce petit Major diplomate, et pour le coup assassin, pour vous remettre les idées en place.
Puis encore, il y a le "Major" respectueux.
Souvent utilisé par vos gardes en dehors de la Caserne. D'abord on le prend comme une habitude tenace dont vos hommes n'arrivent pas à se défaire au-delà des murs de la garnison. Puis on se rend compte que certains de vos collègues arrivent très bien à se passer de cette appellation pour être tout de suite plus familier. Si d'autres ont plus de mal, c'est que ce Major constitue un détachement bienveillant. Quelque chose de précieux et respectueux qui n'oublie pas que certaines qualités d'un Major sont aussi celles de la femme. Ce Major est la métaphore d'une révérence à l'être entier, que l'on ne connait pas totalement mais qu'on se plait à deviner. Il peut être froid comme chaleureux dans les deux cas c'est un Major très généreux, qu'on ne peut qu'apprécier. Il est flatteur mais finalement, et c'est le plus important, très attentionné.
Pour finir il y a le "Major" amical.
Seul Khassim l'emploie ainsi, c'est ce qui lui donne tout son sens et sa valeur.
Le Porte-Flamme continue de dire Major des mois après sa démission. Vous n'êtes plus son officier, supérieur en rien. Il ne vous doit et n'est obligé à rien.
Un de ces rares amis sur qui l'on peut compter. Confiance parfaite. Malgré cela, même seul à seul, il ne prononce jamais votre prénom. Il le connait, il connait de vous plus de chose que d'autres, puisqu'il est votre ami. Et il continue de vous appelez Major. Taquinerie ? De temps en temps sûrement !
Mais c'est surtout -Leizen le croit en tout cas- un Major doux, un Major tendre. Comme lorsqu'on donne un surnom amical aux personnes qui nous sont proches. Quelque chose de bien plus personnel, bien plus intime que ce que laisse paraitre la fonction initiale de ce grade.
Major.
Celui là, c'était celui de Saig. Il accumule le Major d'apparat et le Major respectueux -du moins l'espérait-elle-. Un salut concis, poli, sans enrobage avant que le Caporal ne replonge la tête dans les dossiers.
Avant Leizen prenait soin de se faufiler jusqu'aux armoires des rapports avec une discrétion qu'on ne lui aurait jamais accordé de prime abord, car on à l'habitude de la voir se déplacer avec ses moeurs militaires: Stricte, droite, le pas ferme. De temps à autres une foulée très maniérée, attitude de bourgeoise disait-on. C'était moins futile que ça, quelque chose de plus contenu. Quand d'autre se modère avec discrétion, la Major tout au contraire le faisait avec volubilité ce qui se traduisait par ces gestes exagérément précieux.
A Tanaris, la jeune femme avait appris à marcher en silence et sans trace. Avec une légère inclinaison de la plante des pieds, un juste dosage de son poids et une bonne connaissance de son équilibre ainsi que du sol sur lequel on se glisse faisaient des merveilles. Leizen se mouvait sans bruits et aurait pu surprendre le plus méfiant des assassins.
Mais depuis que Saig était arrivé à la caserne, elle n'utilisait plus ce délicat talent. A quoi bon tenter de lui masquer sa présence ? Ils avaient la même habitude: Veiller tard et profiter que l'effervescence diurne de la garnison ne soit plus en cette heure tardive. Etudier, disséquer, inspecter les feuillets. Encore et encore. Satisfaire la curiosité, le besoin de comprendre, l'envie de réponse.
Le lendemain, malgré les précautions prises par les deux gardes pour être les plus discrets possible, les cernes les trahissaient.
Vous en faites trop. Reposez-vous.
Les coutumières remontrances qu'ils prenaient tout deux avec le sourire, car c'était avant tout de la sollicitude.
Saig savait dénouer les noeuds avec une déconcertante facilité. Elle savait appréhender et déduire avec une logique intransigeante.
Lui opiniâtre, elle zélée. Saig passionné, Leizen rationnelle. Ils ne pouvaient que se disputer. Le plus surprenant en définitive c'est que cela n'était guère arrivé souvent.
Ce dernier dossier, Rétribution, leur laisser un goût amer. Sûrement pas pour les mêmes raisons, mais leur démarche de poursuivre l'affaire devait bien s'accorder sur quelques intérêts commun. Si ce n'est, bien sûr, celui de faire leur devoir.
L'attaque sur la Commandante pour commencer. C'était une bonne raison.
Un félon dans la garde. Personne ou peut s'en faut n'avait été dupe sur les intentions de Larwik. Sa traîtrise larvée n'avait rien de subtile. Peu discret, il ne pouvait véritablement être utile aux détenus, car aucune information ne lui était accordé. Il n'en restait pas moins dangereux car tellement ridicule dans ses tentatives d'investigations et de corruption qu'il pouvait, à tout moment, s'énerver de n'obtenir aucun résultat.
Les gardes étaient sur les nerfs de ne pouvoir rien faire contre lui. Rien de concret en tout les cas. Pas assez de preuves, une foultitudes de présomptions qui ne donneraient rien devant la justice. Notre propre justice ne nous protégerait pas..Ironique.
La conclusion ne tarda pas à se confirmer. Impulsif, Larwik s'en était prit au Commandant dans l'enceinte même de la Caserne..Au beau milieu d'une dizaine de gardes ! Et à l'heure de pointe en plus ! Stupide, définitivement stupide. La bêtise aurait pu les prendre de cours, et l'envie des gardes d'en découdre avec ce scélérat aurait pu tourner au bain de sang. Même elle s'était retenue de se ruer sur Larwik, d'enfin prouver ses progrès à l'arme. La midinette d'il y a six mois avait troqué son sempiternel "Je ne frappe pas" par un "Je rends les coups" et ce sans le moindre remord. Elle aurait pu, mais l'heure n'était pas aux démonstrations. Trop risqué. Réfléchir posément, raisonner vite..pour le Commandant. Les Gardes au coude à coude prêt à bondir à son ordre, Saig plus en retrait, stoïque, visant de son arbalète la tête du félon. L'interstice. La fissure dans le casque. Segondell viserait juste, il fallait y croire. Le coup de Saig serait réussit, besoin d'aucune aide, on ne pouvait que faire en sorte que le coup de l'adversaire, lui, échoue. Elle le fît. La création d'un bouclier protecteur assez solide pour intercepter l'impact d'une balle à si courte distance lui coupa le souffle. Saig tira. Larwik s'écroula. Les gardes se précipitèrent pour extirper le Commandant de ce guêpier et lui porter les premiers soins. Les connaissances en médecine d'Edworn, quelques heures plus tard, lui sauveront la vie.
C'était fini.
Pour Larwik, car il y en avait d'autres comme lui en leur sein, là encore ils n'étaient pas dupes. Mais là encore ils se confrontaient aux mêmes difficultés. Pas de preuve.
Attendre.
Cela viendrait bien assez tôt.
Leizen- Officier supérieur de la Garde
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Re: [A faire vivre] Rétribution
Pas de place pour la crainte.
Pas de place pour le doute.
Pas de place pour la haine, la rancoeur, ou la colère.
Elle n'avait peur. Elle avançait, droite, le regard fier.
La Foi, et le Devoir.
Et rien d'autre.
Pas de place pour le doute.
Pas de place pour la haine, la rancoeur, ou la colère.
Elle n'avait peur. Elle avançait, droite, le regard fier.
La Foi, et le Devoir.
Et rien d'autre.
Gohrnor Mangeroc- Citoyen
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Re: [A faire vivre] Rétribution
"Celui là aussi....Il fait partie du lot"
Astroy le savait depuis longtemps, la Justice d'Hurlevent est trop laxiste. Il était sûr de ne pas être le seul de partager ce point de vue. D'ailleurs c'était dans l'optique de faire règner un ordre juste qu'il s'était allié à Rétribution. Se substituer à la justice du Royaume afin de punir correctement les fautifs, voilà qui était parti d'un but noble et utopique et qui rappellera sans trop de mal la confrérie défias. Comment la Justice d'un roi tel que Varian Wrynn peut être aussi faiblarde et sans importance ? Astroy se le demandait encore...
"Celui là aussi....Il fait partie du lot"
Astroy savait que la Justice était laxiste mais pourtant, cette fois, il pensait qu'elle ne l'épargnerait pas. Il suivait Saell mais il ne pouvait se résoudre à croire qu'après avoir tué une gamine de 8 ans afin d'en extirper son coeur pour l'avaler, son sort serait le même que celui des membres de Rétribution.
Ce fut le cas.
On pourrait donner tous les défauts d'Azeroth à Astroy. Cependant, ce dernier avait des principes, peut être stupides, fous ou incompréhensibles mais il en avait.
Il était hors de question qu'après avoir tenté de se subsituer à la Justice du Royaume pour faire appliquer la sienne et celle de Rétribution, il s'échappe de cette façon. "Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais"
Astroy avait fauté, il fallait le punir. Il ne devait compter que sur lui-même puisque la Justice du Roi était totalement impuissante.
Il voulait appliquer sa Justice mais il n'en avait pas eu le temps ni les moyens. Hurlevent se trouvait condamner à subir un Justice qui place les meurtriers une nuit en prison pour faire payer leurs crimes.
Tout ceci n'a plus d'importance maintenant. Astroy a fait ce qu'il fallait faire, qu'il parte en paix. Son corps est enterré sous le Sanctum de Stromgarde.
Astroy le savait depuis longtemps, la Justice d'Hurlevent est trop laxiste. Il était sûr de ne pas être le seul de partager ce point de vue. D'ailleurs c'était dans l'optique de faire règner un ordre juste qu'il s'était allié à Rétribution. Se substituer à la justice du Royaume afin de punir correctement les fautifs, voilà qui était parti d'un but noble et utopique et qui rappellera sans trop de mal la confrérie défias. Comment la Justice d'un roi tel que Varian Wrynn peut être aussi faiblarde et sans importance ? Astroy se le demandait encore...
"Celui là aussi....Il fait partie du lot"
Astroy savait que la Justice était laxiste mais pourtant, cette fois, il pensait qu'elle ne l'épargnerait pas. Il suivait Saell mais il ne pouvait se résoudre à croire qu'après avoir tué une gamine de 8 ans afin d'en extirper son coeur pour l'avaler, son sort serait le même que celui des membres de Rétribution.
Ce fut le cas.
On pourrait donner tous les défauts d'Azeroth à Astroy. Cependant, ce dernier avait des principes, peut être stupides, fous ou incompréhensibles mais il en avait.
Il était hors de question qu'après avoir tenté de se subsituer à la Justice du Royaume pour faire appliquer la sienne et celle de Rétribution, il s'échappe de cette façon. "Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais"
Astroy avait fauté, il fallait le punir. Il ne devait compter que sur lui-même puisque la Justice du Roi était totalement impuissante.
Il voulait appliquer sa Justice mais il n'en avait pas eu le temps ni les moyens. Hurlevent se trouvait condamner à subir un Justice qui place les meurtriers une nuit en prison pour faire payer leurs crimes.
Tout ceci n'a plus d'importance maintenant. Astroy a fait ce qu'il fallait faire, qu'il parte en paix. Son corps est enterré sous le Sanctum de Stromgarde.
Invité- Invité
Re: [A faire vivre] Rétribution
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A l'aube d'une nouvelle chasse
~ Qntal - Winter ~
A l'aube d'une nouvelle chasse
~ Qntal - Winter ~
Le tavernier, un nain légèrement bedonnant à la barbe grisonnante et mêlée de tresses, lança un regard torve, voire soupçonneux, à l'homme qui venait d'entrer. Celui-là s'ébroua sur le seuil, tout couvert de neige plus ou moins fondue, releva la tête et sourit. L'un de ces sourires toutes dents dehors, à la fois amplement satisfait, amusé et un peu cruel, démontrant une forme d'excitation que ne parvenaient pas à couvrir les tremblements de froid qui le parcouraient irrégulièrement. Ce sourire, combiné au regard perçant et à la mise de cuir bordé de fourrure, donnait au jeune homme l'aspect d'un chasseur de retour de traque, ou bien de l'un de ces trappeurs qui passent des heures dans les plaines gelées à courir les loups pour leur peau.
Le nain plissa les yeux. Aahh, ces Grandes Gens, toujours aussi prétentieux. Aucun humain ne saurait connaître les congères aussi bien qu'un citoyen de Forgefer ! Tout le monde savait ça. Et puis, il y avait quelque chose, dans son maintien et dans ses gestes, ou dans les yeux gris, peut-être, qui criait plus fort que tout le reste son statut d'étranger. Ce n'était pas un fils des montagnes. Clairement pas.
Prétentieux, vraiment. Mais un client restait un client.
- Viens par là, gamin ! lança le tenancier, calant sur le comptoir, d'un geste sec, le bock qu'il nettoyait jusque là. T'as l'air tout transi, dis-moi. Faut plus d'graisse que tu n'en as pour décourager l'vent d'Dun Morogh ! Qu'est-ce que j'te sers ?
- Ta meilleure bière, Maître, répondit l'autre d'une voix plus douce, moins rocailleuse, presque feutrée au final, tout en s'avançant. La plus forte et la plus âcre.
- Bon choix, p'tit gars. Un bon bock de Tonnebière, ça va t'réchauffer comme il faut ! "
Le jeune homme paya d'avance, ce qui eut pour effet d'atténuer en grande partie l'éclat de méfiance dans le regard rude que lui décochait le nain, puis s'installa. S'affala presque, sur l'une des épaisses chaises de bois. Grelottant encore, il débarrassa ses épaules des éclats de flocons encore accrochés, frotta ses cheveux, son bouc, puis ses joues, des deux mains. Agita les orteils au fond de ses bottes, autour desquelles une flaque de neige fondue s'élargissait à bonne vitesse. Cette sensation pesante d'engourdissement - celle-là, qui fait penser à du plomb glacé coulé dans les os - ainsi que la fatigue qui lui martelait les tempes, et les fourmillements brûlants du sang qui recommençait à circuler normalement dans ses membres ankylosés, toutes ces impressions désagréables n'étaient rien comparé à l'espèce de joie triomphante qui lui serrait encore le coeur.
La chasse avait finalement repris. Plus tôt que prévu. C'était de sa faute, aussi : il n'avait pas pu s'en empêcher. On ne pouvait lui faire miroiter une aussi bonne traque sans conséquence. Il avait tenté de se contenir, pourtant ; mais l'envie avait été trop forte, trop oppressante et, après tout, il n'avait jamais réussi à apprendre le goût de l'attente quand elle n'était pas - à ses yeux - nécessaire.
Il fit craquer ses cervicales, frissonna, s'étira. But deux longues lampées de bière et ferma les paupières, laissant l'alcool inonder ses veines comme un petit brasier liquide. Elle était bonne, oui. La Tonnebière ne volait pas sa renommée, suave lors de l'attaque puis tellement plus âpre, presque rude, tenant au corps. A cet instant, oui, c'était la meilleure bière qu'il eût jamais bue.
Il songeait aux deux dernières veilles. A ce que, l'une et l'autre, elles lui avaient apporté. Que ce soit au niveau purement informatif - il faisait son travail, après tout - ou à un autre niveau, clairement plus personnel, clairement plus instinctif, clairement plus profond. Le goût de la chasse contre des proies également habitués à chasser. Malines, rusées, retorses. Méfiantes aussi. Il devait déployer des trésors d'astuce et de prudence, et c'était ça, oui, c'était précisément cela qui lui plaisait. Plus le péril augmentait, plus il s'amusait. Plus la nasse de ses ennemis se resserrait, cherchant à le piéger, plus il persévérait. C'était passionnant. Passionnant et prodigieusement exaltant.
" N'en faites pas trop. "
La voix un peu inquiète du Major. Tout comme les mises en garde de Lann', cela l'aidait encore à se contenir. La gouaille de son ami, la sollicitude un peu pincée - et cependant sincère - de Leizen. Ni à l'un ni l'autre il ne voulait causer d'ennuis, ce qui lui permettait de conserver encore assez de détachement pour ne pas s'enhardir au-delà du raisonnable. N'en faites pas trop. Cela le fit doucement sourire toutefois. C'était précisément ce qu'il avait dit au Major lorsque la jeune femme s'était engagée, seule, en territoire ennemi. Il y avait quelque chose d'assez amusant, là-dedans. La même inquiétude, mais la même tendance à persévérer. Pas pour des raisons similaires, encore que... Leizen chassait, elle aussi. D'une manière plus froide et plus méthodique, plus stricte peut-être, bien que capable elle aussi d'une certaine forme de ruse et de malice. Très discrète quand elle le voulait, vraiment, c'en était parfois étonnant. Il y avait cependant une différence fondamentale entre eux, qui dépassait cette simple volonté commune de poursuivre l'adversaire au-delà des limites imposées. Leizen chassait pour protéger. Lui... Il chassait pour chasser.
Aloyse.
A l'évocation silencieuse de ce nom, il frissonna. C'était elle, sa priorité. Au-delà des regards aigus, digne d'un oiseau de proie, que décochait Nelthan, arbalète à l'épaule et prêt à tirer, lorsqu'il lui faisait la grâce de manifester doucement sa présence. Au-delà de la froideur de Cherrug, admirablement masquée sous certains sourires mais dont le regard et le maintien laissaient transpirer, qu'il le veuille ou non, une forme de prestance menaçante, froide, minérale. Au-delà même d'Aréllys qui semblait prendre la chasse à coeur elle aussi, presque autant que lui et qui, à l'aide de toute sa ruse, avait presque failli l'avoir, une fois. Même Servius et Thîcky, l'une avec sa folie et l'autre avec ses pièges de vétéran, étaient des bonnes proies. Mais il voulait Aloyse. Surtout Aloyse.
Parce qu'elle leur faisait déjà la guerre, à sa manière.
Parce qu'elle savait, bien sûr, que c'était après elle qu'il en avait.
Mais surtout, surtout, parce qu'il l'avait frôlée. Et parce qu'elle avait tremblé.
" Le marbre ne frissonne pas, Pérod. " Dieux, qu'elle lui plaisait. La violence avec laquelle il la voulait parvenait presque à l'effrayer. Pour d'autres, cela aurait pu ressembler à de l'obsession, mais pour lui, c'était simplement dans l'ordre des choses. On ne laisse pas fuir une proie qu'on a flairé d'aussi près. Certains prédateurs marins peuvent poursuivre leurs victimes sur des milles et des milles. Il ne s'arrêterait probablement pas avant de l'avoir attrapée. Ou bien d'être attrapé.
Mais cela ne risquait pas, se disait-il, confiant. Tant qu'il restait prudent, cela ne risquait pas. Il avait craint la neige, d'abord, car elle est traîtresse pour ceux qui souhaitent ne pas être vus ; puis il s'était rappelé que la neige n'était au fond que de l'eau. Il avait prié. Et Elle avait répondu. Un peu. Suffisamment. Suffisamment pour leur compliquer un peu la tâche. Non, tant qu'Elle serait à ses côtés, cela ne risquait pas.
Se redressant, il s'étira avec souplesse, secoua les poignets. Ramena au comptoir le bock de bière, vide. Demanda une chambre. La plus modeste possible. Il y a des dortoirs, lui répondit le nain, de son même ton bourru bien qu'affichant une cordialité toute commerçante. Les dortoirs, c'était parfait. "Lorsque tu cherches un abri, fuis les grands espaces, préfère les recoins. La modestie est le salut du sage". Il n'avait besoin que d'un toit, d'un peu de chaleur pour faire sécher ses affaires, et d'un lit.
La chasse reprendrait tôt, demain.
Le nain plissa les yeux. Aahh, ces Grandes Gens, toujours aussi prétentieux. Aucun humain ne saurait connaître les congères aussi bien qu'un citoyen de Forgefer ! Tout le monde savait ça. Et puis, il y avait quelque chose, dans son maintien et dans ses gestes, ou dans les yeux gris, peut-être, qui criait plus fort que tout le reste son statut d'étranger. Ce n'était pas un fils des montagnes. Clairement pas.
Prétentieux, vraiment. Mais un client restait un client.
- Viens par là, gamin ! lança le tenancier, calant sur le comptoir, d'un geste sec, le bock qu'il nettoyait jusque là. T'as l'air tout transi, dis-moi. Faut plus d'graisse que tu n'en as pour décourager l'vent d'Dun Morogh ! Qu'est-ce que j'te sers ?
- Ta meilleure bière, Maître, répondit l'autre d'une voix plus douce, moins rocailleuse, presque feutrée au final, tout en s'avançant. La plus forte et la plus âcre.
- Bon choix, p'tit gars. Un bon bock de Tonnebière, ça va t'réchauffer comme il faut ! "
Le jeune homme paya d'avance, ce qui eut pour effet d'atténuer en grande partie l'éclat de méfiance dans le regard rude que lui décochait le nain, puis s'installa. S'affala presque, sur l'une des épaisses chaises de bois. Grelottant encore, il débarrassa ses épaules des éclats de flocons encore accrochés, frotta ses cheveux, son bouc, puis ses joues, des deux mains. Agita les orteils au fond de ses bottes, autour desquelles une flaque de neige fondue s'élargissait à bonne vitesse. Cette sensation pesante d'engourdissement - celle-là, qui fait penser à du plomb glacé coulé dans les os - ainsi que la fatigue qui lui martelait les tempes, et les fourmillements brûlants du sang qui recommençait à circuler normalement dans ses membres ankylosés, toutes ces impressions désagréables n'étaient rien comparé à l'espèce de joie triomphante qui lui serrait encore le coeur.
La chasse avait finalement repris. Plus tôt que prévu. C'était de sa faute, aussi : il n'avait pas pu s'en empêcher. On ne pouvait lui faire miroiter une aussi bonne traque sans conséquence. Il avait tenté de se contenir, pourtant ; mais l'envie avait été trop forte, trop oppressante et, après tout, il n'avait jamais réussi à apprendre le goût de l'attente quand elle n'était pas - à ses yeux - nécessaire.
Il fit craquer ses cervicales, frissonna, s'étira. But deux longues lampées de bière et ferma les paupières, laissant l'alcool inonder ses veines comme un petit brasier liquide. Elle était bonne, oui. La Tonnebière ne volait pas sa renommée, suave lors de l'attaque puis tellement plus âpre, presque rude, tenant au corps. A cet instant, oui, c'était la meilleure bière qu'il eût jamais bue.
Il songeait aux deux dernières veilles. A ce que, l'une et l'autre, elles lui avaient apporté. Que ce soit au niveau purement informatif - il faisait son travail, après tout - ou à un autre niveau, clairement plus personnel, clairement plus instinctif, clairement plus profond. Le goût de la chasse contre des proies également habitués à chasser. Malines, rusées, retorses. Méfiantes aussi. Il devait déployer des trésors d'astuce et de prudence, et c'était ça, oui, c'était précisément cela qui lui plaisait. Plus le péril augmentait, plus il s'amusait. Plus la nasse de ses ennemis se resserrait, cherchant à le piéger, plus il persévérait. C'était passionnant. Passionnant et prodigieusement exaltant.
" N'en faites pas trop. "
La voix un peu inquiète du Major. Tout comme les mises en garde de Lann', cela l'aidait encore à se contenir. La gouaille de son ami, la sollicitude un peu pincée - et cependant sincère - de Leizen. Ni à l'un ni l'autre il ne voulait causer d'ennuis, ce qui lui permettait de conserver encore assez de détachement pour ne pas s'enhardir au-delà du raisonnable. N'en faites pas trop. Cela le fit doucement sourire toutefois. C'était précisément ce qu'il avait dit au Major lorsque la jeune femme s'était engagée, seule, en territoire ennemi. Il y avait quelque chose d'assez amusant, là-dedans. La même inquiétude, mais la même tendance à persévérer. Pas pour des raisons similaires, encore que... Leizen chassait, elle aussi. D'une manière plus froide et plus méthodique, plus stricte peut-être, bien que capable elle aussi d'une certaine forme de ruse et de malice. Très discrète quand elle le voulait, vraiment, c'en était parfois étonnant. Il y avait cependant une différence fondamentale entre eux, qui dépassait cette simple volonté commune de poursuivre l'adversaire au-delà des limites imposées. Leizen chassait pour protéger. Lui... Il chassait pour chasser.
Aloyse.
A l'évocation silencieuse de ce nom, il frissonna. C'était elle, sa priorité. Au-delà des regards aigus, digne d'un oiseau de proie, que décochait Nelthan, arbalète à l'épaule et prêt à tirer, lorsqu'il lui faisait la grâce de manifester doucement sa présence. Au-delà de la froideur de Cherrug, admirablement masquée sous certains sourires mais dont le regard et le maintien laissaient transpirer, qu'il le veuille ou non, une forme de prestance menaçante, froide, minérale. Au-delà même d'Aréllys qui semblait prendre la chasse à coeur elle aussi, presque autant que lui et qui, à l'aide de toute sa ruse, avait presque failli l'avoir, une fois. Même Servius et Thîcky, l'une avec sa folie et l'autre avec ses pièges de vétéran, étaient des bonnes proies. Mais il voulait Aloyse. Surtout Aloyse.
Parce qu'elle leur faisait déjà la guerre, à sa manière.
Parce qu'elle savait, bien sûr, que c'était après elle qu'il en avait.
Mais surtout, surtout, parce qu'il l'avait frôlée. Et parce qu'elle avait tremblé.
" Le marbre ne frissonne pas, Pérod. " Dieux, qu'elle lui plaisait. La violence avec laquelle il la voulait parvenait presque à l'effrayer. Pour d'autres, cela aurait pu ressembler à de l'obsession, mais pour lui, c'était simplement dans l'ordre des choses. On ne laisse pas fuir une proie qu'on a flairé d'aussi près. Certains prédateurs marins peuvent poursuivre leurs victimes sur des milles et des milles. Il ne s'arrêterait probablement pas avant de l'avoir attrapée. Ou bien d'être attrapé.
Mais cela ne risquait pas, se disait-il, confiant. Tant qu'il restait prudent, cela ne risquait pas. Il avait craint la neige, d'abord, car elle est traîtresse pour ceux qui souhaitent ne pas être vus ; puis il s'était rappelé que la neige n'était au fond que de l'eau. Il avait prié. Et Elle avait répondu. Un peu. Suffisamment. Suffisamment pour leur compliquer un peu la tâche. Non, tant qu'Elle serait à ses côtés, cela ne risquait pas.
Se redressant, il s'étira avec souplesse, secoua les poignets. Ramena au comptoir le bock de bière, vide. Demanda une chambre. La plus modeste possible. Il y a des dortoirs, lui répondit le nain, de son même ton bourru bien qu'affichant une cordialité toute commerçante. Les dortoirs, c'était parfait. "Lorsque tu cherches un abri, fuis les grands espaces, préfère les recoins. La modestie est le salut du sage". Il n'avait besoin que d'un toit, d'un peu de chaleur pour faire sécher ses affaires, et d'un lit.
La chasse reprendrait tôt, demain.
Saig Segondell- Citoyen
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