Rumeurs de la ville et ses alentours.

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Dans les premières lueurs du jour, une nouvelle sinistre se répandit comme un feu dévorant à travers les ruelles de la capitale. C'était un murmure chargé de tragédie, porté par le souffle des vents nocturnes : la banque Taylor&Co, bastion financier du Quartier des Nains, avait été souillée par un acte de violence sans précédent.

Dans les artères pavées de la ville, dans les étals encore endormis des marchands et les boutiques sombres, les échos de cette nouvelle faisaient frissonner les âmes. Les récits s'entremêlaient, chacun plus terrible que le précédent : un Garde, puis deux Gardes, fauchés dans la fleur de leur bravoure. Des employés de la banque, des gardiens valeureux qui veillaient sur ses trésors, gisaient blessés, leurs vies suspendues à un fil ténu.

Et que dire du butin ? Les langues se déliaient, nourrissant les imaginations les plus fertiles. Certains évoquaient une rapine dérisoire, d'autres, un trésor d'une valeur inestimable, digne des légendes les plus fabuleuses.

Pourtant, dans cette cité où l'ordre et la sécurité semblaient inébranlables, l'impensable s'était produit. Les voûtes de la banque, réputées inviolables, avaient été violées par des mains avides et sans scrupules. Et tandis que les premiers rayons du soleil effleuraient les toits de la ville, les forces de l'Urbaine convergèrent vers le lieu du crime, leurs visages marqués par la détermination.

La zone fut bouclée, les rues désertes devinrent le théâtre silencieux d'une enquête qui s'annonçait longue et ardue. Car dans les ténèbres de cette nuit funeste, un défi avait été lancé à l'ordre établi, et tous les regards se tournaient désormais vers les ombres, à la recherche de réponses, de justice, et peut-être même d'une lueur d'espoir.

Dans les recoins sombres et retors des différentes barriques, là où même la lumière du jour hésite à pointer le bout de son nez et où les pavés semblent se faire la malle dans l'obscurité, un autre monde prend racine. Les rats, ces emboucaner des bas-fonds, y mènent le bal avec une maîtrise digne des pires renards. Ils se faufilent comme des serpents, prêts à squatter le moindre trou qui se présente à eux.

Les rats.

Les habitants, entre crainte et dédain, savent que ces p'tites teignes ne reculeront devant aucune croquée pour assouvir leur estomac. Ils sont les observateurs muets de tous les coups tordus, flairant chaque coup fourré avec une intelligence retorse.
Et le pompon, c'est qu'on les fréquente au quotidien, leur jetant même des rations alors qu'ils propagent peste et calamités. C'est ça, la vie dans les bas-fonds, où les rats sont rois et où chacun danse au son de leur symphonie de malheurs.

Rat de la ville

Dans les bas-fonds touffus d'Hurlevent, là où les pavés crachent leur venin et où les navires rejettent leur bile sur des quais fangeux, Jean trimballe sa carcasse épuisée. Docker depuis une éternité, ses paluches sont aussi rudes que son cœur est endurci. Chaque jour, c'est le même refrain : **charger, décharger, esquiver les coups, en placer quelques-uns pour montrer qui commande dans ce bouge.
Mais quand vient le soir, c'est une autre histoire, surtout avec les gardes qui rôdent.
Les castagnes clandestines s'organisent, et là, Jean le sait, il doit sortir victorieux. Il lui faut ramasser le pactole pour se tirer vers la baie. C'est écrit en gros sur cette foutue affiche : fini de suer sang et eau pour des manants qui le traitent comme de la vermine.

Alors quand la nuit étend son manteau sur le port. Jean se faufile dans les coins sombres, prêt à en découdre. Il sent l'adrénaline lui chatouiller les veines, son cœur tambouriner à l'idée du duel qui l'attend.

Dans un trou perdu loin des regards curieux mais proche des parieurs affamés, se dresse l'arène clandestine. Les murmures excités, les billets qui passent de main en main dans la pénombre, l'odeur suffocante du sang et de la sueur qui flotte dans l'air... C'est là que Jean sait qu'il doit briller, qu'il doit terrasser ses adversaires pour s'offrir son ticket vers la liberté.
Et quand le premier coup est lancé, quand les poings s'écrasent et que les cris résonnent dans la nuit, Jean devient une bête sauvage. Il danse avec la violence, il ignore la douleur, il ne pense plus qu'à une chose : gagner. Pour lui, pour sa maudite liberté, pour un avenir loin de cette ville qui l'a tant emmerdé.*

Enfin la poussière retombe sur le sol crasseux , les hurlements de victoire se mêlent aux lamentations des vaincus, Jean se redresse, le souffle court, le corps meurtri mais les yeux luisants de détermination. Il sait qu'il a triomphé. Il sait qu'il est plus près que jamais de cette foutue baie, de cette foutue liberté. Et rien ni personne, pas même les bleus, ne pourra l'empêcher.

Rats des champs

Dans le ventre tortueux de Boralus, là où les pavés sont imbibés de rhum renversé et de promesses rompues, une rumeur commence à se propager, aussi rapide et mordante qu'une lame de rasoir. Jules, le garde bougon aux allures de barrique, fouille les recoins de la cité, ses bottes épaisses battant le rythme de sa propre justice sur les chemins boueux.

C’est dans les entrailles enfumées du "Crâne d'Albatros", une taverne qui pue la bière aigre et les rêves noyés, que Jules tombe sur cette affiche insolente. Pendue à la vue de tous, elle hurle un appel à l'aventure, un truc bon pour les écervelés ou les désespérés, avec un dessin de coffre bourré d'or et un slogan qui claque comme un coup de canon  "Besoin d'aventure ? Pour l'or et la liberté! Joins toi à l'équipage."

Grinçant des dents, Jules arrache l'affiche du mur. "Pas dans mon quartier, bande de canailles," grogne-t-il en froissant le papier entre ses mains massives. Mais Boralus a ses propres lois, écrites par les ombres plus que par les gardes, et l'affiche est déjà vue, son message déjà en train de fermenter dans les esprits.

Le gros Jules se rend ensuite à "L'Écume Dorée", un bordel où les secrets sont aussi nus que les courtisanes. Léonie, avec ses yeux de braise et une silhouette qui promet mille péchés, l'accueille avec un sourire qui pourrait faire fondre le cœur d'un eaugure. 
"Encore en train de chasser les ombres, beau garde?" murmure-t-elle, sa voix un fil d'or dans l'air chargé.
"Les ombres et les rats," grogne Jules, acceptant le verre. Son regard suit les courbes de Léonie alors qu'elle l'invite à monter à l'étage, dans une chambre où les draps sont soyeux et les bougies chuchotent des secrets.
Dans cette alcôve de luxure, Léonie joue ses cartes avec une expertise qui ferait rougir les voleurs du port. Alors que Jules, sous l'effet de la boisson et des caresses, divague sur les maux de la ville, Léonie, avec la précision d'une artiste, commence par soulager Jules de son fardeau quotidien, et tandis que Jules s'enfonce dans un état de demi conscience sous l'effet de l'alcool et du toucher de Léonie, elle glisse ses doigts agiles dans ses poches, trouvant l'affiche froissée. Avec une dextérité discrète, elle extrait le document et le cache sous un coussin, sans que Jules, perdu dans une brume de plaisir, ne remarque rien.

Plus tard, alors que le garde ronfle doucement, repu et inconscient, Léonie récupère l'affiche et la transmet à une autre courtisane en bas. Celle-ci, sous prétexte d'aller chercher plus de vin, passe le précieux papier à une jeune serveuse, qui, en riant silencieusement, l'échange contre un baiser avec un gars dans l'arrière-cour. Le gars, un jeune homme rapide et futé, connaît le parfait récepteur suivant : un gamin des rues qui traîne toujours près de la cuisine pour les restes.
Avec une agilité d'un rat, le gamin emporte l'affiche à travers les ruelle, la glissant sous la porte d'une maison où se réunissent des marins en quête de fortune. D'ici le matin, l'affiche a changé de mains douze fois, chaque échange laissant derrière lui un sillage de murmures et d'anticipation.
Et ainsi, comme une peste douce et dangereuse, le message de liberté et d'aventure se propage.

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